La pensée de l’économie, comme plus largement de la vie sociale, abonde en idées imprécises, ou notions, dont parfois ont pu être extraites ou restent à extraire des idées précises, ou concepts. À des fins économiques aussi bien théoriques que pratiques, la distinction entre notion et concept n’a rien de superflu.
Une pensée articulée de l’économie a pour grand œuvre la politique économique qu’elle préconise. Si cette pensée n’a extrait de notions que trop peu de concepts expérimentalement vérifiables, la politique qu’elle inspire hérite des défauts de sa matrice, lesquels défauts sont d’autant plus pénalisants que la matrice est une modélisation arbitraire.
Des échecs conceptuels primordiaux
Le travail humain est d’abord une notion d’où les analyses les plus enseignées n’extraient pas encore couramment le concept de ce qui s’échange en réalité contre du salaire. Le capital est aussi d’abord une notion, encore plus protéiforme, d’où la théorie économique de base n’a pas encore tiré un concept univoque. Le profit est également d’abord une notion, au moins aussi protéiforme que celle de capital, au sein de laquelle se niche un concept lui aussi univoque, mais trop peu utilisé. Malgré l’impression contraire qu’on peut en avoir, la rentabilité reste aussi une notion d’où la théorie et la pratique des activités économiques n’exploitent pas encore couramment le concept avéré qu’elle recèle. Avec des conséquences elles aussi très dommageables, il en va de même de la productivité.
Une notion qui tient lieu de définition de l’économie laisse trop d’espace à de la construction imaginaire. En détournant l’attention de ce qui n’appartient qu’aux seules activités économiques, elle pousse aux gestions qui se révèlent calamiteuses parce qu’elles ne cernent pas d’assez près des faits objectifs. Nos contemporains qui se pensent progressistes en voulant que l’économie ait pour objet de rendre la société plus heureuse se méfient trop peu des bonnes intentions dont l’enfer est pavé. Dans la mesure où ce qui est propre à l’économie constitue une mécanique qui fonctionne plus ou moins bien selon des réglages techniques, c’est le repérage assez exhaustif de ces réglages et de leurs interactions qui contribue à procurer à la société un moyen de se rendre plus heureuse. Il y faut un jeu homogène de concepts avérés, au lieu du rabâchage de notions subjectives qui alimentent moult propagandes et entretiennent des débats impossibles à conclure parce que ces notions sont arbitraires.
Le premier enjeu du concept d’échange économique
Tant que la raison n’extrait pas de la notion d’échange social le concept d’échange économique, qui est empiriquement on ne peut plus éprouvé, plusieurs évidences fondamentales échappent. La première par ordre logique d’importance est qu’en réalité il n’y a que deux actes constitutifs de la vie économique : les échanges sociaux d'une sorte et les transferts de termes des échanges de cette seule sorte.