Il va falloir apprendre à vivre avec une dette publique qui dépasse les 100% du produit intérieur brut, a plaidé Pierre Moscovici. Un niveau qui devrait perdurer pendant « dix ans au moins ».
Les perspectives économiques tracées par Pierre Moscovici ne sont guère enthousiasmantes. Selon le nouveau premier président de la Cour des comptes, l'endettement public de la France sera au-delà des 100% pendant au moins dix ans. Au micro de Radio J, l'ancien commissaire européen l'a affirmé sans ambages : « Nous allons vivre pendant dix ans au moins avec une dette publique supérieure à 100% du PIB. Nous allons vivre pendant au moins 5 ans, 4 à 5 ans, avec des déficits budgétaires supérieurs à 3% du PIB ». On est loin de l'ancien discours rigoriste de la Commission européenne et de ses sacro-saints 3% de déficit. Néanmoins, Pierre Moscovici comprend et valide la politique du gouvernement.
Une dette soutenable
Selon lui, le regard sur l'endettement public « doit changer ». La question n'est pas selon lui de savoir s'il y a trop de déficit, mais plutôt de se demander si la dette est soutenable, « pour que nos enfants ne soient pas écrasés par le poids de la dette dans quelques années ». Le premier président veut que l'État, et la Cour des comptes, se pose ces questions : « à quoi sert la dépense publique ? Est-ce que l’argent public est bien dépensé ? Est-ce qu’il va au bon endroit ? ». Un discours qui tranche singulièrement, mais la situation est telle que les règles du jeu ont changé. « La dépense publique ne peut plus être considérée comme un ennemi. À crise exceptionnelle, il faut des mesures exceptionnelles », ajoute-t-il.
Soutien massif à l'économie
Depuis le printemps dernier, le gouvernement a dépensé « quoi qu'il en coûte », pour reprendre le mot d'Emmanuel Macron. Chômage partiel, fonds de solidarité, prêts garantis, aides ponctuelles et massives pour certaines entreprises (Air France, Renault…). Ce soutien à l'économie a représenté plus de 86 milliards d'euros, et c'est sans compter le plan de relance à 100 milliards. En 2020, la dette du pays devrait être de 120% de son PIB, et durant l'année 2021, elle devrait encore se creuser à 122,4%, selon les estimations. L'État a encore des pans entiers de l'économie à soutenir, comme l'hôtellerie-restauration.