Chaque année, la sentence tombe. Malgré certains efforts de baisse des dépenses publiques ou du moins de rationnalisation, trop d'argent public est mal dépensé, à fonds perdus. La Cour des Comptes livre son nouveau rapport, sur lequel 400 magistrats ont travaillé. Un cru édifiant !
Une baisse du déficit "incertaine"
Pour commencer, la Cour (et elle n'est pas la seule) ne croit pas aux prévisions du gouvernement en matière de réduction du déficit. Ainsi d’après elle, la baisse du déficit public français de 4,4% du PIB en 2014 à 4,1% en 2015 est "un objectif dont la réalisation est incertaine". Sans blague !
Parmi les dérives dénoncées par la Cour, "l'inextricable maquis" des sur-rémunérations des fonctionnaires de l'Etat en poste outre-mer. Coût de la bagatelle : un milliard d'euros par an ! Par exemple, environ 91 000 fonctionnaires civils de l'Etat, qui travaillent essentiellement pour l'Education nationale, bénéficient de ce régime privilégié, à savoir une majoration de traitement de 25%, ainsi qu'un complément dit "temporaire".
Un bon point pour la réforme des tribunaux
La Cour pointe aussi du doigt des dérives dans la gestion du nouveau Mucem (Musée des civilisations de l'Europe et de Méditerranée) de Marseille. A cause d’"atermoiements politiques et administratifs", le musée a été livré avec 60 mois de retard et le coût des travaux a augmenté de près de 82%.
Un peu dans le même esprit, la Cour s’en prend à la rénovation du campus de Jussieu, à Paris. Un chantier qualifié d’"interminable" qui a déjà couté plus de 2 milliards d'euros.
Mais la Cour des Comptes est aussi capable de souligner ce qui fonctionne : ainsi elle estime que la réforme de la carte judiciaire, opérée à l’époque par Rachida Dati, garde des Sceaux, sous l’ère Sarkozy, s'est avérée efficace et source d'économies. En supprimant 23 des 186 tribunaux de grande instance et première instance que comptait la France, près de 500 millions d'euros ont pu être économisés.