La bombe du bilan de la Fed

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Par Simone Wapler Publié le 20 avril 2017 à 5h00
Fed Bilan Economie Etats Unis
@shutter - © Economie Matin
0,25 %La Fed a augmenté ses taux d'intérêt de 0,25 %.

La Federal Reserve régit la finance mondiale et – que vous le vouliez ou non – une bonne part de l’économie mondiale. Les marchés financiers du monde entier, supposés refléter des prix formés librement, sont totalement sous la coupe de la Fed.

« Nous assistons à la fusion progressive de la puissance publique et privée en une entité unique, saturée de règles et de règlements dont l’objectif ultime est d’extraire de la richesse sous forme de profits » ?David Graeber, Bureaucratie

Tiens, tiens…Voici un autre dénonciateur de la Parasitocratie. David Graeber est un sociologue américain, auteur de Dette, 5 000 ans d’histoire et leader du mouvement Occupy Wall Street. Tout au sommet de cette pyramide de règlements se trouve la façon dont la Fed régit l’accès au dollar.

La monnaie n’est plus que du crédit, le cash ne représentant plus qu’une part de plus en plus dérisoire de l’argent en circulation. Le cash est garanti par un gouvernement mais le crédit est garanti par les banques. La Fed régit le prix du crédit en réglant le taux directeur. Les banques, Wall Street et les marchés financiers du monde entier dépendent des actions de la Fed. Plus le taux est bas plus il y a de crédit disponible, plus le taux est élevé moins il y a de crédit disponible. Ce crédit est donné d’abord aux amis de la Fed (gouvernement et méga-banques américaines) qui ensuite le redistribuent à des prix plus ou moins élevés à leurs propres amis (multinationales avec une bonne note de crédit, autres banques, autres gouvernements souhaitant emprunter, pays producteurs de pétrole…).

C’est ainsi, que les plus riches – à qui on prête facilement -s’enrichissent tandis que les plus pauvres – qui n’ont pas accès au crédit et n’ont que leur temps à vendre – s’appauvrissent. Avec la crise de 2008, la Fed a joué un jeu dangereux. Non seulement elle a rendu le crédit presque gratuit (pour ses amis) mais elle a racheté des mauvais crédits (à ses amis). Ces mauvais crédits qui auraient dû se détruire et se traduire par des pertes (pour les amis de la Fed) ont été remplacés par de l’argent frais.

Ces mauvaises créances sont ce qu’on appelle « le bilan » de la Fed. Et les minutes de la Fed indiquent qu’elle songe à les remettre sur le marché. Ceci a une implication énorme. La masse de crédit jusque-là grossissait toujours – plus ou moins vite, mais elle grossissait. Si la Fed remet sur le marché des créances, elle reprend en contrepartie de l’argent. Par conséquent, la masse de crédit ou monnaie diminue au lieu de grossir toujours. C’est une chose que le monde n’a jamais connue depuis 1971.

En faisant cela, la Fed risque de faire éclater la bulle obligataire. Il y aura moins d’acheteurs pour les obligations donc les taux vont monter. Votre propre assurance-vie – si elle repose sur des contrats dits en euros – sera alors en danger et votre épargne de précaution risque de se retrouver engloutie ou gelée par activation de la loi Sapin. Puis la bulle des marchés actions risque d’éclater…

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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