La Banque publique d’investissement est inutile et ruineuse

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Par Simone Wapler Publié le 29 novembre 2016 à 5h00
Bpifrance Banque Publique Investissements France
@shutter - © Economie Matin
200 milliards ?Le capital de la BPI est de 200 milliards d'euros, d'ici à 2019.

Bpifrance est censée « servir l’avenir » en empruntant avec la garantie de l’Etat pour investir dans des entreprises française. Le dernier rapport de la Cour des comptes montre que ce sont plutôt ses dirigeants qui se servent…

Est-ce vraiment la fin des taux bas et du grand marché haussier obligataire ? L’inflation est-elle prête à sortir du bois et à nous lacérer ? Nous n’avons pas les réponses. Les obligations ont atteint un support critique. Les actions bancaires remontent. M. Le Marché hésite. Ce qui me permet de revenir à un de mes sujets de prédilection : la Parasitocratie, cette classe qui vit à nos dépens en forgeant les lois qui lui garantissent un système de rentes et de privilège.

Un très bel exemple de Parasitocratie nous est donné par la Banque publique d’investissement. La Cour des comptes s’est penchée sur cet établissement (né en 2012 de la fusion de plusieurs structures technocratiques) et trouve son modèle économique et financier « fragile ». Quel est le modèle économique de la Banque publique d’investissement ? Prendre l’argent des autres, 200 milliards d’euros d’ici à 2019 nous indique son site. Puis « l’investir » pour « servir l’avenir ». Si vous voulez renforcer votre trésorerie, créer votre société, développer votre activité, innover, exporter, renforcer votre capital, reprendre une entreprise, Bpifrance est là, à vos côtés, avec vous. Elle vous prend votre argent pour mieux vous le rendre (ou pas).

« Bpifrance accompagne les entreprises pour voir plus grand et plus loin et faire émerger les champions de demain. De l’amorçage jusqu’à la cotation en bourse, du crédit aux fonds propres, Bpifrance offre, dans votre région, des solutions de financement adaptées à chaque étape de la vie de votre entreprise »

La différence entre Bpifrance et n’importe quelle autre banque d’affaires c’est qu’elle n’utilise pas l’argent d’actionnaires ou de déposants volontaires. Elle ne rend de comptes à personne de ses investissements. Ce n’est pas non plus une banque. Elle emprunte avec la garantie de l’État et donc de nos impôts. Or l’Etat utilise la force publique pour lever des impôts.

Ses cadres dirigeants sont des fonctionnaires, dont la plupart n’ont jamais créé une entreprise ou même simplement vécu dans le secteur privé et concurrentiel. Pourquoi, dans ces conditions, seraient-ils plus aptes à faire « émerger les champions de demain » que des banquiers, des investisseurs privés, des business angels… bref les professionnels dont c’est le métier ? En cela le modèle économique de Bpifrance est effectivement bien faible.

Se servir sans servir l’avenir

Dans notre douce France, nous sommes habitués à ce capitalisme d’État et sa prétendue supériorité. Mais la Cour des comptes épingle aussi les généreux salaires que se versent les employés de Bpifrance. En langage châtié cela s’appelle « maîtrise rigoureuse des charges d’exploitation ». La masse salariale a augmenté de 7% et certains cadres dirigeants ont vu leur salaire augmenter de 40% entre 2012 et 2015, titille la Cour des comptes, avec 23% pour la seule année 2015. Dans le même temps, il y aurait un besoin de financement (= il faut remettre au pot) de 2,3 milliards d’euros !

Ce à quoi répond Bpifrance : « Les augmentations de salaires de 40% constatées par la Cour concernent des cadres qui ont été promus au comité exécutif de la banque et qui ont en conséquence bénéficié d’un rattrapage de salaire. (…) Le comité exécutif est en moyenne moins rémunéré que celui de la SNCF, La Poste et EDF ».

Ouf, nous voilà rassurés ! Les heureux dirigeants de Bpifrance sont moins bien rémunérés que ceux de nos plus beaux fleurons du capitalisme d’État. Mais ce n’est pas tout : la Cour des comptes déplore également « l’importance du recours à des prestataires externes, la politique immobilière «coûteuse», et le niveau «élevé» des frais de déplacement », selon Le Figaro.

Plutôt que de « servir l’avenir », il semble que Bpifrance serve surtout ses employés. Contrairement à ce que dit la Cour des comptes, ce business model là n’est pas si fragile tant que « l’argent des autres », celui de nos impôts, garantit cette gabegie. On en regretterait presque les « avions renifleurs » de Giscard d’Estaing. Notre ancien polytechnicien, président de la République, s’était alors fait fourguer un « investissement d’avenir » dans des avions capables de détecter en vol des champs pétrolifères souterrains. Les « avions renifleurs » se sont avérés être une escroquerie digne des Pieds Nickelés, payée très cher par un fleuron du capitalisme d’Etat de l’époque : Elf Aquitaine.

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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