On parle d’union de transfert lorsque les pays/états/provinces/régions excédentaires paient la « facture » des états déficitaires. C’est notamment ce que l’Allemagne et d’autres pays « riches » de l’Union refusent de faire.
L’un des problèmes majeurs de l’euro tient au fait qu’il a été créé avant même l’existence d’une union de transfert. Or, pour qu’une monnaie unique puisse délivrer tout son potentiel et ne pas être nuisible à certains états, il faut que les états qui bénéficient le plus de cette monnaie unique paient en partie la « facture » des pays qui perdent en compétitivité à cause de cette même monnaie. Je n’entrerai pas ici dans un débat pour ou contre l’euro car cela n’est pas le but de cet article mais ce que je sais, et je ne suis pas le seul à le penser, c’est que sans véritable union de transfert, la zone euro dans sa forme actuelle sera difficilement maintenable.
Depuis sa naissance, je suis un fervent partisan de l’euro pour ce qu’il représente mais soyons honnêtes, économiquement, soit nous ne sommes pas allés assez loin pour parfaire ce beau projet qu’est l’euro (c’est ce que je pense), soit nous sommes allés trop loin et dans ce cas, l’Europe devra faire marche arrière est redevenir une simple zone de libre-échange.
Si les Etats-Unis peuvent utiliser une seule et même monnaie sur l’ensemble de leur territoire, c’est bien parce que justement ils sont une union de transfert. Les états les plus riches paient pour les états les plus pauvres.
Beaucoup oublient que la puissance économique des Etats-Unis ne tient qu’à quelques états : la Californie, New York, le Texas, la Floride et le Wisconsin. Sans ces 5 états (sur les 50 dont se composent les Etats-Unis), je ne suis même pas certain que ce pays figurerait dans le top 10 des économies mondiales. Autant dire que les 10% d’états les plus riches paient en grande partie la note des 90% autres états qui composent l’union.
Pas besoin d’aller si loin, en France, en Italie, en Espagne, en Belgique, n’est-ce pas déjà le cas ? Les régions et les départements les plus riches ne contribuent-ils pas indirectement à financer l’état central et donc indirectement, les régions et départements plus pauvres par effet de redistribution ? Comment pourrait-on donc imaginer un instant que l’Union Européenne ne serait pas soumise aux mêmes contraintes ? Or, c’est bien de cela qu’il s’agit. Contrairement aux Etats-Unis, à la France, la Belgique ou autres, l’Europe n’est pas une nation et s’il semble « presque » normal à un Flamant de payer un plus lourd tribu qu’un Wallon par exemple, il n’en n’est pas de même lorsqu’il s’agit de payer pour un Grec, un Italien ou un Portugais. L’Europe n’est pas une nation et il n’existe pas de sentiment d’appartenance réel.
Et c’est bien là que réside tout le problème. Une langue commune ne pourrait-elle pas contribuer à poser les jalons d’un certain sentiment d’appartenance ? Pourquoi l’amour pour sa patrie devrait-il prendre le pas sur l’intérêt commun ? Ne partageons-nous pas une histoire commune ? Parfois triste, certes, mais commune. Pour que les erreurs du passé ne soient pas à nouveau commises, la mixité et le brassage des populations au sein de l’Union ne serait-il pas l’un des meilleurs moyens d’européaniser un peu les populations ?
L’union de transfert ne peut être que le seul moyen pour permettre à chaque zone géographique de se développer et donc d’homogénéiser économiquement le territoire. C’est déjà le but des fonds européens mais on est encore bien loin de l’union de transfert optimale. Un territoire homogène me parait essentiel pour favoriser la mobilité des citoyens et la libération de la croissance. Beaucoup de métiers sont en sous effectifs dans certains pays de l’Union alors que d’autres pays croulent littéralement sous le nombre de chômeurs dans ces même secteurs économiques. Mais sans une langue commune et un pouvoir d’achat identique, pourquoi les citoyens quitteraient-t-ils leur pays d’origine pour s’installer dans un autre état membre ?