Malgré les sommes considérables qui sont en jeu, le trading n’est pas épargné par des mauvais jugements aussi appelés biais cognitifs. Ce que les traders considèrent comme des jugements valables peuvent en réalité n’être que le fruit de mécanisme de la pensée causant une déviation du jugement et peuvent avoir un impact significatif sur les résultats des traders.
Parmi les dizaines de biais courants, l'effet de disposition est le plus répandu notamment chez les traders débutants. Ils ont en effet tendance à vendre à profit des actions ayant connu une augmentation sur un temps donné, tout en conservant des actions qui sont en déclin constant, dans l’attente qu'elles remontent. D’un point de vue statistique et financier, cela n'a pas de sens : les actions en hausse ont plus de chance de continuer à augmenter au cours des six mois suivants que celles en chute libre d’effectuer la reprise espérée. Ce phénomène a été démontré par des chercheurs qui ont constaté que lorsque les traders subissent des pertes au cours de la matinée, leur désir de récupérer leurs pertes avant la clôture des marchés les pousse à trader de manière plus agressive dans l’après-midi.
Pour autant, cela n’est pas une fin en soi. Si les traders professionnels tentent d’apprendre à reconnaitre ces biais, les débutants sont souvent plus exposés aux conséquences des biais cognitifs que les équipes de trading professionnelles. En effet, si les premiers ont statistiquement le même nombre de transactions rentables et perdantes que des équipes professionnelles, les montants perdus sont en général bien plus importants dans le cas des investisseurs en compte propre. Ils ont donc besoin de soutien pour réaliser des bénéfices – et surtout ne pas perdre des sommes trop importantes. D’ailleurs, des chercheurs italiens ont constaté que le fait de rappeler aux traders l’existence des biais comportementaux permettait d’améliorer leur performance.
L’intelligence artificielle au service des investisseurs
Cela fait un certain temps que les traders professionnels ont commencé à se servir des ordinateurs pour les seconder ou même les remplacer sur des marchés financiers mondiaux de plus en plus complexes puisque le trading algorithmique représente aujourd’hui près de 90% des opérations du marché, selon une étude de Morton Glantz et Robert Kissell. Alors que les outils de trading haute fréquence sont conçus pour acheter et vendre des instruments financiers en quelques fractions de seconde, les modèles basés sur l’intelligence artificielle (IA), eux, recherchent les meilleures opérations de trading dans les heures, jours, semaines ou même les mois à venir.
De nombreux fonds s’orientent désormais vers le machine learning. Parmi les pionniers de cette discipline, le fonds Medallion de Renaissance Technologies a réalisé une performance annualisée d’environ 35% pendant plus de 20 ans – l’une des meilleures performances dans l’histoire des fonds d’investissement. Mais les fonds d’investissements ne sont pas les seuls à pouvoir bénéficier de l’intelligence artificielle.
Peut-on faire confiance à l’IA ?
L’intelligence artificielle se révèle efficace dès lors qu’elle a accès à de larges volumes de données bien structurées. La finance, et en particulier le domaine du trading, disposent de telles données, contrairement à d’autres secteurs où l’on a tendance à surestimer les bénéfices de l’intelligence artificielle.
Cependant, les événements récents qui ont affectés les réseaux sociaux, les médias et la politique nous ont également appris que l'IA elle-même peut être biaisée. Une étude menée en 2016 met en garde contre l'application aveugle du machine learning, et alerte sur le risque d'amplifier les biais présents dans les données. Sans parler des cas imprévisibles où les logiciels de trading deviennent soudainement incontrôlables, entraînant d’énormes pertes en bourse, comme cela s’est produit à plusieurs reprises sur les plus grandes bourses mondiales.
Même si la technologie évolue à une rapidité impressionnante, nous n'en sommes évidemment pas encore au stade où l'IA serait en mesure de remplacer les cerveaux humains de sorte que les traders pourraient gagner de l'argent les yeux fermés. Mais il existe bel et bien des algorithmes capables de trader de manière autonome et plus efficacement que les humains. En résumé, le plus judicieux reste de laisser l’IA nous aider à prendre des décisions plus conscientes et plus éclairées, sans pour autant laisser les ordinateurs se substituer totalement à notre cerveau. Avec cette combinaison, nous tenons peut-être la véritable définition de l’intelligence.