L’industrie française, un secteur indispensable à préserver

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Par Jacques Martineau Publié le 16 octobre 2017 à 5h00
France Industrie Secteur Emploi Croissance
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13,9 %L'industrie française représentait 13,9 % des emplois actifs fin 2016.

La réalité économique française est multi facette. Pour mieux la comprendre, il est préférable de l’apprécier en fonction des secteurs d’activités, de la taille et de la nature des entreprises.

Fin 2016, l’ensemble de l’activité économique dans le domaine privé se décline de la façon suivante : agriculture et industries agro-alimentaires (2%) ; industries, énergie (6%) ; bâtiment et travaux publics (14%) ; transports (3%) ; commerce (23%) ; services (37%) et enfin éducation, santé, action sociale (15%). Mais qui sont les véritables acteurs de cette économie ?

L’industrie française, souvent laissée pour compte dans son évolution

Voilà un secteur dont on n’ose pas parler, si ce n’est en termes de fermetures, de ventes, de achats spéculatifs, de restructuration ou d’expatriation. Il n’est pas inutile de rappeler qu’en 10 ans, plus de 750.000 emplois industriels ont été détruits en France. Fin 2016, avec 13,9% des emplois actifs dans ce secteur, selon l’Insee, concerne environ 3.580.000 salariés. Pour information, le domaine de la construction mobilise 6,6 % des actifs, tandis que le secteur de l’agriculture en occupe 2,8 %. A noter que plus de 75% des Français travaillent désormais dans le secteur tertiaire, privé et public inclus. Au total, aujourd’hui, c’est plus de 29 millions de personnes qui sont considérés comme actifs.

Sur la même période, l’Allemagne a elle aussi perdu plus de 500.000 emplois industriels ! Mais, pays en priorité producteur et exportateur, elle préserve un tissu économique bien mieux structuré et plus important avec près de 7.500.000 emplois industriels qui représentent près de 25% des actifs. Nul ne peut oublier que l’Allemagne bénéficie de circonstances très particulières pour satisfaire ses cahiers des charges. En effet, au delà du marché, si le savoir–faire existe, une partie importante de son activité et de sa production est sous-traitée à moindre coût chez « elle » ou dans les anciens pays de l’Est dans des conditions sociales tout à fait discutables.

Face à leur impuissance et à leur manque d’idées, les acteurs sociaux français, syndicats et patronat, comme les pouvoirs publics, ont assisté avec plus ou moins de passivité à cette lente mais progressive décomposition de cette part importante de notre économie. Faut-il rappeler que chaque emploi « direct », détruit dans le milieu industriel, entraîne à échéance, la disparition au minimum de 1,5 à 2,5 emplois « indirects » dans le secteur privé de la sous-traitance. Cette appréciation peut varier suivant l’environnement et la localisation des emplois détruits. Ce qui signifie qu’environ 1.500.000 emplois ont réellement été touchés dans le milieu des services et prestations annexes. Faute de débouchés, de reconversions ou de formation adaptées, tous ces emplois ont définitivement disparus. Le secteur industriel français a trop souvent été laissé pour compte dans son évolution.

Une profonde mutation permanente à entretenir

Et pourtant l’emploi industriel doit être préservé. La main-d’œuvre spécialisée fait défaut et l’industrie en France a toujours besoin d’usines. Cet environnement doit être transformé pour devenir plus attractif, mieux à même de supporter de profondes mutations. L’offre d’emploi est aujourd’hui plus importante que la demande. Le personnel présent doit être adapté et formé pour évoluer en permanence avec le numérique, l’informatique et les progrès liés aux nouvelles techniques. L’enseignement dans les lycées professionnels et leurs stages d’apprentissage doivent se multiplier en les valorisant pour aider à conserver les « savoir-faire » indispensables.

Les grands secteurs « porteurs » ne manquent pas. Il faut les rappeler principalement dans la métallurgie et l’automobile. L’électronique et l’aéronautique, l’énergie et le nucléaire tiennent aussi le « haut du pavé ». De leurs côtés, les nouvelles technologies « high tech », comme l’intelligence artificielle, ont besoin d’experts et de forts investissements. Paradoxalement cela va aussi bien des domaines de la mer, de l’agriculture et de l’alimentation, comme de celui de la préservation de l’environnement à ceux de la sécurité. Ne pas oublier le secteur de la santé et les recherches associées…

Toutes ces mutations et ces changements ont lieu dans un contexte imposé par la « mondialisation », dans un espace-temps réduit. Les échanges se font désormais contraints par ce modèle non maîtrisable. A charge pour nos actionnaires, dirigeants privés et publics, d’assumer leurs responsabilités en montrant qu’ils sont aussi capables de préserver notre capital de « savoir-faire », nos outils et nos compétences pour favoriser un devenir pour la France.

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Après un long parcours scientifique, en France et outre-Atlantique, Jacques Martineau occupe de multiples responsabilités opérationnelles au CEA/DAM. Il devient DRH dans un grand groupe informatique pendant 3 ans, avant de prendre ensuite la tête d'un organisme important de rapprochement recherche-entreprise en liaison avec le CNRS, le CEA et des grands groupes du secteur privé. Fondateur du Club Espace 21, il s'est intéressé aux problèmes de l'emploi avec différents entrepreneurs, industriels, syndicalistes et hommes politiques au plus haut niveau sur la libération de l'accès à l'activité pour tous. Il reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre National du Mérite et pour l'ensemble de sa carrière, le ministère de la recherche le fera chevalier de la Légion d'Honneur.

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