Selon le critère de Warren Buffett, les actions sont trop chères. Mais personne ne s’en soucie… pour le moment car le crédit est encore très bon marché.
En 2001, Warren Buffett avait confié au magazine Fortune que la meilleure et unique façon d’estimer les valorisations des actions à un moment donné était de comparer la capitalisation des entreprises à la taille de l’économie. Si la capitalisation est supérieure au PIB, les actions sont chères et inversement.
L’indice Wilshire 5 000 rassemble les 3 500 plus grandes entreprises cotées américaines. C’est donc un indice très large, sept fois plus large que le S&P 500. Mes collègues analystes de Bonner & Partners ont tracé ce graphique historique qui rapporte cet indice au PIB américain depuis 1970, date à laquelle le dollar a été décroché de l’or et la Fed a piloté le crédit facile et sans contrepartie. Voici ce que cela donne.
Vous noterez aussi que le système de crédit toujours plus facile (du fait de la baisse continue des taux directeurs depuis 1980) n’a pas cessé de gonfler ce ratio. Malgré les accidents de 2000 et 2008, la pente générale est ascendante. Le crédit facile et les aides prodiguées par des gouvernement endettés favorisent les entreprises zombies par rapport à celles qui sont réellement dynamiques, ce qui ralentit la croissance économique. Le prix des actions, de presque toutes les actions, n’a jamais été aussi élevé depuis 48 ans.
Comparer les marchés actions aux taux d’intérêt et aux rendements obligataires, comme le fait la Fed – qui estime que les actions sont normalement valorisées au regard du rendement du bon du Trésor à 10 ans – n’a aucun sens. Comme dirait un vieux prof’ d’algèbre, c’est comparer des choux et des carottes. La Fed manipule le prix des carottes à la hausse. Les amateurs de cinq légumes par jour se rabattent alors sur les choux dont les prix montent à leur tour. Mais le prix des choux n’en est pas pour autant « normal ». Il est simplement lui aussi indirectement manipulé à la hausse. Depuis que les obligations ont commencé à baisser, faisant augmenter le rendement du bon du Trésor à 10 ans, l’indice S&P 500 semble hésiter.
Ce marché haussier – qui dure depuis 2009 – est le second plus long de l’histoire boursière après celui de 1987-2000. En principe, avec une telle figure, la sortie peut se faire à la hausse comme à la baisse. Le suspense est donc total. Nous devrions bientôt savoir si l’indicateur de Warren Buffett est vraiment pertinent. Car Buffett a aussi dit un jour « qu’on ne gagne pas d’argent en pariant contre les entreprises américaines ». C’est le problème des oracles, ils sont toujours difficiles à interpréter…
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