L’expatriation a été un phénomène largement commenté ces dernières années, qui a donné lieu à beaucoup de débats et de controverses : « Fuite des cerveaux », « Exil des forces vives », « Explosion du nombre d’expatriés Français »…
Beaucoup de bruit et de nouvelles alarmantes mais peu de réactions positives vis-à-vis de ces hommes et femmes qui ont opté pour un choix de vie si enrichissant.
Lorsque j’ai eu l’idée de créer Expat.com, j’étais moi-même expatrié à Londres. Quelques années plus tard, me voici à l’île Maurice, responsable d’une société de vingt personnes et fier de pouvoir aider les Français – mais également tant d’autres nationalités – à vivre une expérience à l’étranger.
Les raisons menant à l’expatriation sont multiples. Certains décident de partir pour des raisons professionnelles. C’est d’ailleurs l’emploi qui motive la plupart d’entre nous à quitter le pays qui nous a vu grandir. Nous sommes bien plus mobiles qu’on ne le pense. Et surtout bien plus créatifs : parmi nos membres Français inscrits depuis janvier 2015, 13% ont créé leur entreprise à l’étranger et 13% déclarent être indépendants ! Certains croient y voir une défaillance de notre société, incapable de retenir ses talents. J’y vois, au contraire, des hommes et des femmes épanouis, motivés, ambitieux, qui retourneront certainement un jour en France, et dont l’expérience acquise sera utile pour notre société.
D’autres expatriés sont animés par un désir – voire un besoin - de nouveauté. L’expatriation est une aventure des temps modernes. Nous quittons notre confort et nos habitudes pour plonger dans un tourbillon d’événements inattendus. Ce fut mon cas. Je n’avais pas l’intention, en partant, de me lancer dans l’entrepreneuriat. Les chocs culturels successifs, les rencontres que j’ai faites, l’expérience acquise à l’étranger m’ont donné des idées et ouvert l’esprit. La France m’a formé. Londres m’a montré la voie. Madrid a confirmé mes choix. Port-Louis a affiné mon projet. Aujourd’hui, au travers de mon activité, je suis fier de contribuer à la promotion et au rayonnement de la France à l’île Maurice et dans le monde.
L’expatriation a ceci d’étonnant que nous en apprenons souvent plus sur nous-même que sur les autres. Nous développons notre capacité d’adaptation, affirmons notre tempérament et redéfinissons notre relation avec notre environnement. Livrés à nous-mêmes, sortis de notre zone de confort, nous pouvons enfin nous regarder tels que nous sommes. Les conséquences, imprévisibles, peuvent être brutales ou positives. L’expatriation ne laissera personne indifférent.
L’expatriation est aussi un moyen d’en apprendre plus sur son pays d’origine. Les Français ne réalisent pas suffisamment à quel point l’hexagone est apprécié à travers le monde : notre pays est admiré pour sa culture, sa langue, le dynamisme de son économie, la richesse de son histoire et de ses paysages, le talent de ses forces vives. Bien sûr, tout n’est pas parfait, mais nous pouvons être fiers de ce que nous sommes.
Enfin, s’expatrier permet de mieux appréhender notre monde et notre époque, marqués par la mondialisation, les phénomènes migratoires et la tentation du repli national. Selon les Nations Unies, 244 millions de personnes vivaient en 2015 en dehors de leur pays d’origine. Contrairement à une idée reçue, la majeure partie de ces migrants ne sont pas réfugiés, mais vivent dans des pays à haut revenus. Cette tendance concerne tous les pays, sans distinction. 8 millions de migrants vivaient sur le sol Français en 2015, contre 6 millions en 2000. Elle se place devant l’Australie, l’Allemagne ou l’Italie, mais loin derrière l’Arabie Saoudite (10 millions), l’Allemagne, (12 millions) et, bien sûr, les Etats-Unis (47 millions). Plutôt que d’y voir une menace, il faut avant tout y voir une chance incroyable pour notre pays en termes économique et culturel.
Vivre à l’étranger, c’est faire rayonner son pays aux quatre coins du monde ; c’est faire l’expérience de l’émigration et mieux comprendre les sentiments qui animent les migrants que nous rencontrons en France ; c’est, enfin, accepter le changement, être transporté par lui et en devenir acteur.