Les retraites dites « par répartition » procurent à leurs bénéficiaires des pensions viagères, assimilables à des revenus. Mais assimilables seulement. Elles sont en réalité des retraites par transfert.
La mécanique de base de ce régime de retraite est bien connue. Les transferts opérés proviennent des cotisants, les versements de ces derniers allant par virements pluriannuels et après retenues pour frais de gestion aux pensionnés. Cela ne gomme pas la réalité fondamentale de la coexistence d’échanges marchands et de transferts de termes de ces échanges. C’est au point qu’en économie définie et en pratique, il n’y a que deux catégories d’actes à proprement parler économiques, les échanges qui viennent d’être dits et les transferts de termes de ces mêmes échanges – et il n’y a qu’une catégorie générique de transfert économique, celle de termes d’échange marchand. En tout état de cause, c’est de manière incontournable que les dispositifs de transfert économique sont alimentés par des échanges marchands, dont ceux qui procurent aux ménages leurs revenus proprement dits (y compris pour les anticapitalistes qui ne veulent pas voir que cette réalité est indépassable).
La distinction entre échanges marchands et transferts économiques s’applique en matière de retraites
Les retraites dites « par répartition » se distinguent des retraites dites « par capitalisation ». La mécanique de base de cette dernière est telle qu’elle aussi peut être plus exactement désignée : retraite par échange, étant entendu que l’échange dont il s’agit est celui du service de placements contre la rémunération de ce service.
La seule sorte de retraite qui procure à ses bénéficiaires des revenus proprement dits est celle par échange, les retraites par transfert fournissant à leurs bénéficiaires des pensions qui font fonction de revenu, comme toute administration fiscale est conduite à le considérer dans ses définitions d’assiettes d’imposition. En fait, les transferts mis en place afin de fournir des pensions de retraite sont de la redistribution.
Les retraites par transfert court-circuitent le système des échanges
Les retraites par échange sont de nature à participer à l’application du schéma complet des échanges économiques, ce qui n’est pas le cas des retraites par transfert. Mais il faut s’empresser de mettre sur la table le grand échec de la viabilisation pour tous des retraites par échange. D’où vient-il ?
Malgré les moyens publics qui lui ont été alloués, voire à cause des tutelles qui en ont résulté, l’analyse économique a travaillé dans des directions qui la détournent des conditions à rassembler pour faire basculer l’économie de marché en régime de plein échange marchand. Restent de nos jours hors champ de l’enseignement et de la recherche économiques ainsi que de la pensée politique le plein échange actionnarial, le plein échange salarial et le plein échange final, l’échange final étant entre chaque entreprise et chacun de ses clients à raison de chacun des achats de ces derniers – dans la science économique de base en douze chapitres, les conditions du plein échange actionnarial sont situées au chapitre 6, celles du plein échange salarial au chapitre 9 et celles du plein échange final au chapitre 11, voir Economie Matin du 29 décembre.
La meilleure solution du problème des retraites s’annonce lourde à préparer
Qu’au plein échange actionnarial l’addition du plein échange salarial et du plein échange final ouvre la voie à la meilleure solution du problème des retraites, et, plus largement de ce qu’on appelait couramment « la question sociale » au XIXe siècle, est une piste que le XXIe siècle se doit d’explorer (sur le plein échange actionnarial Economie Matin du 4 mai et du 11 mai ; sur le plein échange salarial article à venir en septembre ; sur le plein échange final plusieurs articles à venir en octobre et novembre). Mais ne nous attendons pas à que cette exploration vire bientôt à la promenade de santé.
Ce n’est ni fortuitement ni impunément que cette voie a été obstruée par de l’appareillage qui tient lieu de science économique. Rien que renoncer, en cette discipline, à user du postulat propre à l’individualisme méthodologique est hors de portée de ceux qui accréditent cet usage. Sur l’économie, sur le capital et sur le travail en premier lieu, le passage de notions (acceptions non définissables en logique des ensembles finis) à des concepts (acceptions définissables en logique des ensembles finis) se heurte à des refus d’abandon de facilité. En théorie et politiques économiques, les réfutations, même quand elles sont irréfutables, continueront à être aussi peu efficaces qu’elles l’ont été tout au long du XXe siècle, ne parvenant au mieux qu’à dévier un peu le cours des idées reçues. Pour enclencher le remplacement d’un schéma qui se révèle trop entaché de vices de construction, il faut l’offre d’un schéma construit très différemment. L’approche de l’économie objective par l’économie définie conduit à dégager un schéma nouveau. Certains l’adopteront, d’autres le négligeront tant qu’ils le pourront.