L’accès des jeunes à l’emploi : l’impossible montage actuel

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Par Jacques Martineau Publié le 4 mars 2017 à 5h00
France Chomage Jeunes Emploi Politique
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10,5 milliards ?Les dispositifs pour l'emploi des jeunes coûtent chaque année environ 10,5 milliards d'euros.

Au delà du rapport annuel de la Cour des comptes et de ses remarques sur la formation professionnelle, le dernier rapport rendu public à la fin de l’an dernier par les « sages » de la Cour des comptes est accablant pour les résultats de la politique menée pour l’accès à l’emploi en ce qui concerne les jeunes de 16-25 ans non qualifiés ou peu qualifiés.

Plus de trente dispositifs mêlant plus ou moins aide directe à l'embauche, accompagnement personnel ou formation, coûtent aux alentours de 10,5 milliards d'euros par an, seuls « ceux qui sont ramassés dans le temps et qui mettent le paquet sur les relations entre conseiller et jeune affichent un taux d'accès à l'emploi de plus de 50 % ». La Cour des comptes dénoncent un empilement des mesures, un manque de coordination et la dispersion des crédits. C’est un signal d’alarme !

Avec la crise, surtout depuis 2008 et sans progrès, l'offre d’embauche a fortement reculé. L'entreprise s'est coupée de la jeunesse et du monde de l'éducation. La chasse aux élites reste la règle. En référence au passé et à ses habitudes, elle a continué à privilégier le diplôme et rarement le jeune diplômé. Pendant des années aucun dialogue sérieux entre les entreprises et les responsables de notre système éducatif n'a d'ailleurs eu lieu sur le fond. Les salons spécialisés par définition ignorent une partie importante de la jeunesse sans expérience. Associé à la rigidité socioculturelle de notre système éducatif, notre mode de sélection, élitiste et prématuré, a trop longtemps favorisé l'échec et engendré le rejet. Le résultat est clair : le taux de chômage des jeunes en France n’a cessé de croître. Il dépasse le cas des non diplômés et touche de plus en plus les diplômés de l'enseignement supérieur. Il est désormais supérieur aux 23% de la moyenne européenne !

La première période de notre vie correspond au temps consacré à notre éducation et à notre formation de base, la seconde est liée à notre parcours professionnel, et la troisième suit notre retrait du monde du travail. Cette première période est de loin la plus déterminante. C’est elle qui va influer sur la suite de notre vie active. L'évolution des techniques et des métiers a conduit inévitablement à plus de formation, à plus de diplômes et à des études plus longues pour l’élite. Le délai reconnu pour les diplômés, les plus qualifiés, pour qu’ils obtiennent un contrat à durée indéterminée (CDI) dépasse les 24 mois pour les plus chanceux, va quelquefois au-delà des 36 à 48 mois pour les autres. Pour les non diplômés et non qualifiés, c’est un problème souvent sans solution. Les responsabilités de cette insuffisance sont partagées. Le marché de l’emploi est une épreuve à laquelle nos jeunes ne sont pas préparés. C’est à ce niveau que doivent porter les efforts. L’insertion dans la vie professionnelle par l’activité en entreprise est indispensable « formation, alternance ou apprentissage ».

Alors que l’emploi demeure l’un des enjeux prioritaires de la prochaine échéance électorale, surtout en ce qui concerne les jeunes, il est facile de constater la carence actuelle sur ce point particulier est flagrant. D’aucuns proposent de payer les jeunes « à ne rien faire » en cas d’impossibilité, tout en fumant un « joint » à leur gré ! D’autres oublient d’en parler en demandant à tous de se serrer la ceinture pour remonter la « pente », sachant qu’ils ne sont pas concernés par ces efforts ! Quant aux derniers candidats, ils n’en font pas toujours mention. Peut-être ont-ils oubliés qu’il y a des centaines de milliers de jeunes sans emploi, qualifiés ou non qui se retrouvent en situation de « recherche d’emploi » chaque année ?

C’est pourquoi, à Club Espace 21, nous avons jugé utile de rappeler les propositions qui avaient été faites, concernant les jeunes, l’activité et l’emploi. Cela avait l’objet d’un article, « Jeunes » : privilégier l’accès à l’activité marchande, paru en mai 2015. Nous vous invitons à le consulter, il interpelle et reste entièrement d’actualité. Il est vrai que dans le contexte actuel de la campagne présidentielle en parlant d’emploi, on peut avoir l’impression d’être « hors sujet »…

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Après un long parcours scientifique, en France et outre-Atlantique, Jacques Martineau occupe de multiples responsabilités opérationnelles au CEA/DAM. Il devient DRH dans un grand groupe informatique pendant 3 ans, avant de prendre ensuite la tête d'un organisme important de rapprochement recherche-entreprise en liaison avec le CNRS, le CEA et des grands groupes du secteur privé. Fondateur du Club Espace 21, il s'est intéressé aux problèmes de l'emploi avec différents entrepreneurs, industriels, syndicalistes et hommes politiques au plus haut niveau sur la libération de l'accès à l'activité pour tous. Il reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre National du Mérite et pour l'ensemble de sa carrière, le ministère de la recherche le fera chevalier de la Légion d'Honneur.

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