Journée mondiale sans Facebook : est-ce encore possible ?

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Par Bernard Petitjean Modifié le 2 mars 2013 à 8h51
Après les journées sans tabac, sans voiture, sans viande, sans achat ou sans pantalon (si, si !), voici la première « Journée mondiale sans Facebook », qui a eu lieu dans le plus grand silence ce 28 février, destinée à nous faire « réfléchir à notre cyber dépendance ». Essayons …

Vaste programme que cette journée de pénitence et d’introspection bien dans l’air du temps, si l’on songe que Facebook compte actuellement 1,06 milliards d’utilisateurs (dont 26 millions en France) et que plus de 9 millions d’applications et sites sont intégrés à ce réseau social… Si cet appel à l’abstinence fonctionnait à 100 % sur la terre entière, pour cette seule journée du 28 février, ce sont 2,45 milliards de contenus qui ne seraient pas partagés, 2,7 milliards de « J’aime » qui ne seraient pas cliqués et 350 millions de photos qui ne seraient pas téléchargées.

Les obsédés de productivité sont vraisemblablement les inspirateurs masqués de cette journée sans Facebook. En effet, selon une étude Olféo, les connexions au travail des salariés français pour des raisons non professionnelles représentent 58 % des 89 minutes quotidiennement passées sur Internet au bureau. Les chiffres de cette enquête sont parlants : ce sont 26 jours de travail par an et par salarié qui seraient consacré au surf à titre personnel, soit 12,4 % de productivité perdue. Même si l’on ne prête qu’aux riches, il ne faut pas pour autant accabler Facebook qui, toujours selon Olféo, est durement concurrencé sur le terrain des loisirs numériques au travail par la consultation des médias, le commerce en ligne, le visionnage de vidéos, les courriels et la gestion des comptes personnels…

Ceux qui lèvent un peu plus le nez du guidon se poseront d’autres questions sur les conséquences que pourraient avoir sur leur activité la disparition soudaine, comme par magie, des réseaux sociaux. Comment veiller sur sa réputation et repérer les « signaux faibles » ? Comment développer sa notoriété auprès du plus grand nombre ou de publics ciblés ? Comment créer de la proximité, susciter de l’interactivité, transformer des clients en ambassadeurs, voire en promoteurs ? Comment réaliser ou accompagner des évènements ? Comment constituer des bases de données ?

Se poser toutes ces questions n’est pas inutile, même si elles sont évidemment sans objet.

Cela permet de mieux prendre conscience que ce qui semble encore anecdotique à certains ne l’est vraiment plus du tout : les réseaux sociaux sont désormais au cœur de toutes les activités humaines. C’est aussi un moyen de se souvenir « qu’avant », il existait des façons de faire qui fonctionnaient et que nous avons sans doute trop laissé de côté, car le monde réel n’a pas disparu au profit du virtuel.

Au fait, êtes-vous allé sur Facebook pour vérifier que vos amis sont bien au courant que c’est une journée sans Facebook ?

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Bernard Petitjean est Directeur de Seprem Etudes & Conseil.

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