Jouer avec l’idée de sortir de l’Euro peut coûter cher

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
Par Stéphane Déo Modifié le 29 août 2018 à 9h17
Euro Crise Monnaie Europe
@shutter - © Economie Matin
169Les CDS italiens ont gagné 169 points de base depuis le 23 avril, dont 68 liés au risque de redénomination

L'indice européen de surprises économiques est repassé dans le vert pour la première fois depuis mars 2018. Une bonne nouvelle qui signifie que le marché s’est probablement ajusté de manière suffisante.

Point de marché : PO-SI-TIF !

Ca y est, l’indice européen de surprises économiques est repassé en positif pour la première fois depuis le 1er mars 2018. Après une descente aux enfers avec un -100 enregistré à la fin du deuxième trimestre, le retour à la stabilité a été rapide.

C’est une fois de plus une donnée qui semble montrer que, si le consensus était clairement trop optimiste en début d’année, l’ajustement violent a porté les attentes à des niveaux qui semblent maintenant raisonnables. Au risque de radoter, rappelons que cela signifie probablement un arrêt de ces mêmes révisons à la baisse, et que donc le marché s’est probablement ajusté de manière suffisante.

cid:image004.png@01D43F6E.58346C10

A noter, l'indice américain, qui, lui, était euphorique, se tasse progressivement. Il est passé légèrement négatif. La période de révisions à la hausse est finie.

Italie et risque de sortie de l’Euro

Intéressant papier du très excellent Daniel Gros sur la décomposition du risque italien : risque de défaut ou risque de redénomination (pour préciser, « redénomination » est une manière polie de dire « sortie de l’Euro » ou « Italexit » pour les intimes) ?

L’auteur utilise d’abord les CDS, les Credit Default Swaps qui permettent de s’assurer contre un risque de défaut. Leur règle a changé, il en existe donc de deux types, la différence principale (mais pas la seule) entre les deux est le risque de redénomination. La différence de prix entre les deux CDS est donc une mesure du risque de redénomination tel qu’il est perçu par le marché.

Nos lecteurs assidus connaissent l’approche que nous avions utilisé dans le passé, voici le graphique à jour :

cid:image005.png@01D43F6E.58346C10

Résultat : les CDS italiens ont gagné 169 points de base depuis le 23 avril, dont 68 liés au risque de redénomination, soit les 2/5 du mouvement.

Daniel Gros utilise également le prix des obligations que l’Etat italien a émis en dollar, et donc sans risque de redénomination. Il trouve qu’à peu près la moitié de l’augmentation du spread est effectivement due à un risque de redénomination.

A noter : pendant l’épisode de 2011-2012 ce risque de sortie de l’Euro semble avoir été absent, en tout cas il n’était quasiment pas pricé par le marché.

D’où la conclusion que « Jouer avec l’idée de sortir de l’Euro peut coûter cher, même avec des finances publiques sous contrôle ».

Article disponible sur : https://voxeu.org/article/italian-risk-spreads-fiscal-versus-redenomination-risk

Courbe plate mais pas de récession d’après la Fed de San Francisco

Autre intéressant papier de la Fed de San Francisco sur le thème du moment : l’aplatissement de la courbe aux Etats-Unis. Si le papier valide l’idée qu’un aplatissement de la courbe est bel et bien un excellent indicateur de récession, il y a deux conclusions principales :

Laissez un commentaire
  • La meilleure façon de mesurer la pente de la courbe est de regarder la différence entre le 3-mois et le 10-ans. C’est l’indicateur qui donne le meilleur signal pour prévoir une récession.
  • Cet indicateur est à 76 points de bases, or il faut qu’il soit négatif pour signaler un risque de récession. On en est loin et la Fed de San Francisco finit donc sur une note rassurante : même avec la courbe actuelle, pas de récession en vue.
Cropped Favicon Economi Matin.jpg

Stéphane Déo est stratégiste chez La Banque Postale Asset Management. Il est diplômé d'HEC, a un DEA en économie à l'Ehess (Ecole des hautes études en sciences sociales) et un doctorat en finances à HEC. Il a effectué des études post-doctorales à l'université de Berkeley (Californie). Après l’OCDE et Goldman Sachs, il travaille chez UBS en 2001 comme économiste puis stratégiste jusqu’en 2015. Il poursuit son expérience chez Empirical Research Partners comme stratégiste actions globales.

Aucun commentaire à «Jouer avec l’idée de sortir de l’Euro peut coûter cher»

Laisser un commentaire

* Champs requis