Les entreprises se coupent l’herbe sous le pied, chaque fois qu’elles licencient des seniors

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Par Daniel Moinier Publié le 20 mai 2014 à 2h30

La SNCF en est le tout dernier exemple, elle vient d’annoncer un plan de réduction de 700 millions sur trois ans de ses frais de structures, qui passe par des suppressions de postes dans les services support, comme les ressources humaines. Au total, plusieurs milliers d’agents de la SNCF pourraient potentiellement être concernés par ce dispositif. Elle veut encourager les départs à la retraite anticipés dans les services en sureffectif. Son comité central d’entreprise doit examiner un projet de  "cessation des activités des agents du cadre permanent-départ volontaire" qui devrait s’étaler sur les trente mois à venir.

Depuis que nos entreprises, cela remonte à des décennies, ont commencé à avoir des problèmes de marge, de commandes, elles se sont mises à lancer des plans de licenciements massifs. Mais en bon gestionnaire, elles se sont attaquées aux plus âgés, ceux qui coûtent le plus cher tant en salaire qu’en charges, ceux qui soit disant ont plus de mal à intégrer le changement, les nouvelles technologies. Mais aussi pour minimiser aux yeux de l’état, l’opinion l’impact social du nombre de licenciés. Lorsque vous savez qu’un seul senior licencié à un coût de 2,5 jeunes salariés, cela permet d’annoncer un nombre de personnes beaucoup moins important. C’est moins impressionnant sur les titres des journaux, et également vis-à-vis des négociations avec les syndicats.

Autre facilité pour l’entreprise, et l’état en a presque toujours été caution, la systématisation des préretraites. Personne n’y trouvait à redire. Les salariés étaient généralement heureux de partir plus tôt, surtout qu’ils bénéficiaient souvent de primes supplémentaires. Les syndicats ne contestaient pas ou peu. Nos concitoyens en prenaient de plus en plus l’habitude puisque cela était devenu très courant. Presque toutes les familles en ont eu, comme des chômeurs. Les dates de départ sont aussi devenues de plus en plus précoces, jusqu’à des départs à 50 ans et même moins.

Peu de politiques, économistes… ne se sont pas rendus compte que nous allions vers un désastre économique et social. Même aujourd’hui, la plupart n’en sont toujours pas conscients. POURQUOI ?

Une maxime a fortement toujours influencé négativement les analyses et jugements. Qui n’a pas entendu, son père, son copain, son collègue annoncer : Quand je partirai cela fera de la place pour un autre, pour un jeune. Cette annonce était effectivement de mise lorsque nous étions pendant les trente glorieuses. C’était même mieux, puisque souvent, ce n’était pas une seule personne qui était embauchée mais souvent deux. Cause de la forte expansion de cette époque.

Depuis que l’allongement de la durée de vie a croisé la diminution du temps de travail et d’activité,la balance s’est inversée.

Plus les licenciements ou préretraites de seniors se sont accentués, plus les charges ont augmenté, plus l’emploi s’est amenuisé et plus le chômage a augmenté. Depuis 1975, les charges salariées ont été multipliées par plus de trois, celles d’employeurs par deux. Malgré une productivité horaire qui a progressivement fortement augmenté, les marges des entreprises ont pris le chemin contraire. Aujourd’hui la France a des entreprises qui ont le plus bas taux de marge en Europe, dix points de moins que nos voisins allemands.

Les entreprises, contraintes pour survivre de licencier les seniors ou les mettre en préretraite, ont fait diminuer la consommation, le PIB. Elles ont fait par répercussion, augmenté tous les prélèvements et impôts ce qui a diminué leur compétitivité et en répercussion des commandes qui se sont amenuisées. Avec moins de marché, la bagarre sur les prix s’est accentuée et encore plus avec l’arrivée des produits low cost.

L’entreprise en licenciant les seniors, se coupe donc l’herbe sous le pied, puisqu’à chaque senior licencié, passant en retraite top tôt ou en préretraite, fait perdre la valeur financière de quatre jeunes embauchés. Ce qui a terme la privera de commandes ou de commandes rentables. (Cause également, du fort taux de chômage des jeunes)

Aujourd’hui, avec un état qui n’a plus aucune marge de manœuvre, coincé entre un PIB trop faible, des dépenses trop élevées, un déficit annuel encore important, une dette devenue exorbitante, bientôt du niveau du PIB, des salariés qui arrêtent bien trop tôt leur activité, nous ne pouvons que régresser.

La seule solution non encore prise en compte, ce n’est pas de suite de diminuer les dépenses, c’est d’augmenter le niveau du PIB, donc celui de la richesse nationale et surtout par le "bas".

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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