A l'heure où le gouvernement envisage d'augmenter en 2014 le taux supérieur de la TVA de 19,6 % à 20 %, le taux intermédiaire de 7 % à 10 % et de baisser le taux sur les produits de première nécessité de 5,5 % à 5 %, pour permettre une baisse des cotisations sur les salaires, 53 % des Français se déclarent opposés à la hausse de la TVA. C'est l'information principale du sondage Tilder/LCI/OpinionWay en date de ce jeudi 8 novembre.
Néammoins, sur un sujet aussi sensible pour l’opinion que la hausse de la TVA, récolter 47 % d’opinions favorables, c’est effectivement une bonne nouvelle. Le gouvernement s’en sort bien car ce résultat vient après une longue séquence de brouhaha et de cafouillage autour du rapport Gallois. Or, cette agitation médiatique et politique n’a visiblement pas de conséquence amplifiée dans l’opinion.
L’autre bonne nouvelle, à contre courant, c’est le soutien très fort des électeurs de François Hollande à cette mesure ou, plus exactement, leur solidarité à l’égard du gouvernement. Pendant la campagne, ils étaient contre une hausse de la TVA, critiquant la "TVA sociale" voulue par Nicolas Sarkozy et dont la finalité était la même. Maintenant, ils sont pour. Au mieux, c’est un soutien sans condition ; au pire, c’est un soutien sans adhésion.
Mais c’est en tout cas un chiffre qui boucle bien la séquence pour Jean-Marc Ayrault : il est monté au créneau en affichant une posture de courage face à la défiance de l’opinion à son égard, quitte à renier une promesse de campagne du candidat Hollande. Sur ce sujet, le Premier Ministre vient peut-être de trouver son positionnement, autonome et complémentaire par rapport au Président de la République.
En communication, il s’est créé une aspérité. Attention néanmoins : le reniement des promesses pour des raisons de réalisme économique est risqué quand il n’y a pas de communication pédagogique assumée et revendiquée… C’est le syndrome Alain Juppé en 1995.
Autre information révélée par ce sondage, c'est le sentiment des Français sur la victoire de Barack Obama en ce qui concerne la croissance économique mondiale. Et ils sont majoritaires (93 %) à voir en le président américain un allié de poids pour traverser la crise économique.
Sans surprise, l’empathie française pour le Président démocrate réélu se confirme comme elle s’était déjà exprimée dans de nombreuses enquêtes. C’est une adhésion à une forme de modernité. Ce qui est intéressant, c’est que les Français voient dans sa réélection une bonne chose pour la croissance mondiale. Il y a donc une nouvelle dimension du symbole Obama en France : quatre ans après avoir été l’homme du "Yes, we can" politique, il est maintenant aussi celui du « Yes, we can » économique pour les Français, alors que les Américains sont encore dans l’attente qu’il fasse ses preuves face à la crise.
Ces 93 % montrent enfin la survivance du concept d’homme providentiel et le besoin de leadership mondial. En creux, c’est un résultat un peu rude pour l’Europe et ses leaders, d’hier et d’aujourd’hui : pour la France, l’argument sarkozyste de la crise qui balaye les gouvernants ne tient plus et pour François Hollande, cette confiance en Obama est à front renversée avec ses propres difficultés du moment.
Fiche Technique :
Etude réalisée auprès d’un échantillon de 1003 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus pour Tilder et LCI. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. Mode d’interrogation: L’échantillon a été interrogé en ligne sur système Cawi (Computer Assisted Web Interview). Dates de terrain : les interviews ont été réalisées du 7 au 8 novembre 2012.