JCDecaux voulait fliquer votre téléphone, l’État dit « Niet ! »

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 13 février 2017 à 7h19
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3,8%JCDecaux a vu une hausse de 3,8 % de son chiffre d'affaires au troisième trimestre 2016, à 792,7 millions d'euros.

L’idée était aussi intéressante qu’inquiétante : l’entreprise spécialisée dans la publicité JCDecaux, qui gère la grande majorité des panneaux publicitaires de Paris et de France, voulait réaliser une étude concernant la dalle de La Défense à Paris. Elle voulait identifier les téléphones portables et analyser les déplacements des personnes présentes. Ça n’a pas plus aux autorités.

Des bornes wifi capables de vous identifier et vous suivre à la trace

JCDecaux a eu cette idée dès 2015 lorsqu’elle a demandé l’autorisation à la CNIL pour réaliser une phase de test d’un nouveau système d’analyse comportementale des piétons. Sur ses panneaux, l’entreprise voulait installer des bornes wifi capables d’identifier un téléphone portable dans un rayon de 25 mètres grâce à son adresse MAC unique. Une fois identifié, le passant était alors suivi et géolocalisé sur la dalle de La Défense afin d’en étudier le comportement et dresser une image des habitudes.

La CNIL, Commission Nationale Informatique et Liberté, n’avait guère apprécié l’idée. Jugeant, non sans raison, qu’un tel dispositif était une atteinte à la vie privée des personnes présentes sur la dalle de La Défense, elle avait mis dè juillet 2015 son véto sur ce projet. Mais JCDecaux y tenait et l’entreprise a porté la chose devant le Conseil d’État.

Un manque d’information et d’anonymisation

Pour la CNIL, JCDecaux ne garantissait pas une collecte anonyme des informations puisque l’entreprise avait déclaré que sa technique permettait de savoir si une personne revenait à plusieurs reprises sur la dalle de La Défense. Une volonté qui détruisait, de fait, l’anonymisation des personnes puisque ces dernières pouvaient, selon la CNIL, être repérées dans un flux de données.

Le Conseil d’État a tranché, mercredi 8 février 2017 : la CNIL a raison, JCDecaux tort : « La société JCDecaux France n’est pas fondée à demander l’annulation de la délibération qu’elle attaque. Par voie de conséquence, elle n’est pas fondée à demander qu’il soit enjoint à la CNIL de lui délivrer l’autorisation sollicitée. »

Le projet de JCDecaux ne verra donc pas le jour : les passants ne seront pas fliqués à La Défense.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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