Nous interrompons notre série sur ce qu’il faut faire si vous n’avez pas d’argent… pour vous donner des nouvelles de ceux qui en perdent.
Quel était le meilleur endroit pour votre argent à ce jour en 2015 ? Les liquidités ! Par rapport aux liquidités, tout a baissé ou presque.
Nous sommes en route pour le pire trimestre depuis 2011, disait un article en couverture du Financial Times hier. Au total, 10 000 milliards de dollars ont disparu de la richesse mondiale.
Quoi ? Où est allé cet argent ? Les vétérans disent qu’il est parti "au paradis de l’argent". Nous n’en sommes pas si certain. Mais nous faisons une pause. Nous regardons. Nous examinons la situation comme on observe un cadavre. Qu’est-il arrivé à sa force vitale ? Où est-elle allée ? Pourquoi n’est-elle plus là ?
Nous n’avons pas de réponse. Mais observer une baisse des marchés, c’est comme se tenir à côté d’un cercueil ouvert. Nous restons pétrifié devant la puissance des dieux, qui prennent aussi bien qu’ils donnent. Ils ne demandent la permission de personne. Ils suivent leur propre programme, qu’ils ne révèlent jamais aux mortels. Et comme les bureaux de l’administration française, ils n’obéissent qu’à leurs propres règles.
Mais qu’est-ce que 10 000 milliards de dollars ? Que sont 10 000 milliards qui, en outre, n’ont jamais existé ? Ca va, ça vient, n’est-ce pas ? Eh bien… oui et non. C’est généralement un plaisir que d’accueillir un nouveau-né, mais un enterrement peut être douloureux. Et chacun de ces dollars — désormais en route pour le paradis ou l’enfer — manquera à quelqu’un.
Les actions US ont connu un rebond cette semaine — qui a laissé les marchés surévalués de 8 000 points environ. C’est du moins l’estimation du milliardaire et légende de l’investissement Carl Icahn. Le PER est d’environ 22, dit-il, et la moitié de ce chiffre est "de la c***nerie". "L’argent parle, la c***erie se barre", dit une expression américaine. Parfois, la c***erie se barre… avec la caisse. C’est ce qui s’est passé ce trimestre.
Le Japon n’est pas à l’abri… au contraire ! ?
Les Etats-Unis ne sont pas les seuls concernés. Les plus grosses pertes ont été subies à l’étranger. Le Japon, par exemple, mérite une mention spéciale. Vous vous en rappelez peut-être : notre "Transaction de la Décennie" consistait à vendre les obligations et acheter les actions nippones. Après un quart de siècle de marché baissier, nous étions d’avis que les investisseurs actions avaient de bonnes chances de se remettre à flot. Quant aux obligations du Trésor japonais, elles étaient si surachetées depuis si longtemps qu’elles ne pouvaient échapper aux problèmes.
Cette transaction ne semblait pas trop mal partie jusqu’à il y a quelques semaines. Les actions japonaises avaient grimpé de près de 20% depuis le début de l’année. C’était en grande partie grâce aux "Trois flèches" de Shinzo Abe — le fameux plan conçu pour réduire la valeur du yen. Mais comme toute machination macroéconomique organisée par les autorités, le plan n’a pas tardé à se révéler n’être que des c***eries.
Au lieu de stimuler l’économie, les deux premières flèches d’Abe — les assouplissements monétaire et budgétaire — ont semblé frapper des organes vitaux, laissant échapper le peu de vie qui restait. Les résultats ont été si décevants qu’Abe en a oublié la troisième flèche — les réformes structurelles — et a préféré s’équiper d’un tout nouveau carquois contenant l’assortiment habituel de sottises politiques.
Mais les c***eries se sont barrées quand même, en fin de compte, les valeurs japonaises effaçant tous leurs gains annuels. L’économie japonaise est désormais en récession. Les exportations s’effondrent au taux annuel de 16%. La déflation est revenue à la vie le lendemain du jour où Abe a proclamé sa mort.
Passons à l’étape supérieure ?
Et voilà qu’arrive Etsuro Honda, décrit comme un "architecte" des Abenomics. Selon lui, il pourrait être prématuré de déclarer le Japon en récession. Non, l’économie est en réalité "statique". Dans l’entretien accordé cette semaine au Financial Times, il n’a pas reconnu sa responsabilité dans le ralentissement quand bien même il est, autant que tout autre être humain vivant, clairement à blâmer. Il propose à la place encore plus de politiques imbéciles.
Nous avons bien peur que ceci ne soit pas juste un à-côté effrayant. Plutôt une avant-première. Le Japon a mené le monde ces trois dernières décennies — d’abord avec une économie de bulle insoutenable dans les années 80… puis avec un effondrement, suivi d’une récession par intermittences. Le pays a tenté toutes les stratégies possibles pour ressusciter l’économie — sauf celle qui aurait fonctionné. Il a emprunté et dépensé (en pourcentage de l’économie) plus qu’aucune autre nation avant lui. Et il a inventé les taux zéro et le QE comme outils politiques.
A présent, déclare Honda, il est "urgent" de faire plus.
N’a-t-il pas déjà fait assez, demandez-vous peut-être ? Non… Il propose désormais le QQE — c’est-à-dire l’assouplissement quantitatif et qualitatif. Quelle est cette nouvelle grotesquerie ? Nous en restons bouche bée. Quelle bête brute traîne la patte vers l’Eccles Building (siège de la Fed)… pour naître enfin ?
Toute l’idée du QE était d’augmenter la quantité d’argent dans le système de manière à diminuer la qualité de chaque unité. L’assouplissement quantitatif, en d’autres termes, était expressément conçu pour réduire la valeur du yen afin que les gens veuillent se débarrasser plus vite de leur argent. Le QQE n’a aucun sens… même selon les termes pervers des magouilles des banques centrales modernes.
Attendez, il y a plus ! Honda déclare que ce sera accompagné d’"un budget additionnel, concentré sur le véritable manque de revenus des ménages à revenus moyens et bas". Ah ha ! Le voilà, le monstre qui approche des villages voisins. Appelez ça "le QE du peuple". Appelez ça "de l’argent par hélicoptère". Appelez ça "complètement insensé". En tout cas, ce ne sera pas impopulaire. Qui protestera quand les autorités commenceront à distribuer de l’argent aux "ménages à revenus moyens et bas" ?
Nous attendons. Nous observons. Nous nous demandons comment les Japonais tenteront de ramener à la vie l’économie qu’ils ont travaillé si dur à tuer. Et maintenant, partout dans le monde, les planificateurs, les banquiers et les politiciens observent aussi. "Là où ira la Banque du Japon, j’irai aussi", se disent-ils. Restez à l’écoute… Pour plus d’analyses et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit