Japon : le yen devrait poursuivre sa chute

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Par Alexandre Baradez Publié le 3 février 2015 à 5h00
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@shutter - © Economie Matin
24 milliards ?Pour contrer le ralentissement de l'économie japonaise, Shinzo Abe, le Premier ministre, a lancé en décembre un plan de relance de 24 milliards d'euros.

Avec le renforcement du yen ces dernières semaines face à l’euro et au dollar notamment, lié en partie au retour de la volatilité sur plusieurs marchés et à l’aversion au risque, la question de la fin de la baisse du yen, observée depuis l’arrivée au pouvoir de Shinzo Abe, se pose.

Et la réponse devrait être...négative.

La Banque du Kapon poursuit son rachat d'actifs

En cause: la poursuite de la politique monétaire menée par la Banque du Japon (BoJ) qui a accru fin octobre ses achats d’actifs de 30 000 milliards de yens, soit un rythme annuel de 80 000 milliards de yens (près de 550 milliards d’euros). Cette composante monétaire est une des trois flèches des Abenomics, complétant la relance budgétaire et une autre plus timide à venir : celle des réformes structurelles.

Les derniers chiffres macroéconomiques du Japon en 2014 semblent témoigner d’un effet relativement limité des mesures de relances prises par le Premier ministre, peu aidé par le contexte économique mondial. L’inflation (hors produits frais et augmentation de la taxe sur la consommation en avril) ne parvient toujours pas à se hisser au-dessus de 1 %...soit encore loin de l’objectif de stabilité annoncé à 2 %. Les dépenses de consommation des ménages japonais se sont également inscrites en recul sur les derniers mois de l’année 2014. Sans oublier que le Japon est retombé en récession au second semestre 2014 avec un recul du PIB de 0.4 % au Q3 qui faisait suite à une contraction de 1.9 % au Q2...

Un plan de relance de 24 milliards d'euros

Pour contrer ce nouveau ralentissement de l’économie japonaise, Shinzo Abe a annoncé fin décembre un plan de relance de 24 milliards d’euros visant les particuliers, les entreprises et les régions. Il accroit ainsi le volet budgétaire pour inciter notamment les entreprises à augmenter les salaires et à mieux payer les sous-traitants. Objectif: stimuler la demande intérieure atone depuis la hausse de la taxe sur la consommation et tirer les prix à la hausse. En contrepartie des largesses monétaires de la BoJ, le gouverneur Haruhiko Kuroda appelle les entreprises, qui ont fortement bénéficié de la dépréciation du yen, à changer d’attitude et à "partager le gâteau" en réinvestissant notamment leurs profits afin de mettre en place un "cercle vertueux".

Japon : vers une sortie de récession

Avant d’enclencher ce "cercle vertueux", les chefs d’entreprises attendent la mise en place de réformes structurelles qui concernent notamment le marché du travail accompagnées d’une baisse de l’impôt sur les sociétés... Même si le déficit commercial 2014 du Japon s’est inscrit en forte hausse par rapport à 2013, les derniers chiffres du commerce extérieur japonais, avec un accroissement des exportations plus fort que prévu, devraient se traduire par une sortie progressive de la phase de récession. La baisse du prix des hydrocarbures, qui pèsent dans la balance commerciale depuis l’arrêt des centrales nucléaires lié à l’accident de Fukushima (doublé d’un alourdissement mécanique lié à la faiblesse du yen), devrait permettre de conserver la tendance d’amélioration de décembre.

Le Japon améliore sa balance commerciale

Face à ce constat d’amélioration de la balance commerciale en fin d’année (4ème mois consécutif de hausse des exportations en décembre), il semble peu probable que la Banque du Japon change brutalement ses orientations monétaires. Elle devrait conserver un biais expansionniste dans les mois qui viennent. Les minutes de la dernière réunion de la BoJ suggèrent qu’il n’y a pas d’empressement à accroître la taille du programme d’achat d’actifs mais plusieurs membres se sont montrés inquiets de l’évolution des indicateurs de confiance des consommateurs et du climat des affaires, laissant la porte ouverte à de nouvelles mesures de stimulation dans les mois qui viennent. D’autres membres ont également souligné le fait que le nouvel assouplissement d’octobre n’était pas une réponse directe à la baisse des prix de l’énergie mais plutôt au ralentissement de la hausse des prix qui impacte les anticipations d’inflation.

Le yen va continuer de chuter

La récente hausse du yen en janvier face au dollar et à l’euro notamment semble être un mix entre : arbitrages après la forte baisse du second semestre 2014 (qui fait elle-même écho aux baisses successives depuis fin 2012 et l’arrivée au pouvoir de Shinzo Abe), sentiment d’aversion au risque en raison de la nouvelle donne politique en Grèce, accroissement des tensions en Ukraine avec risque de nouvelles sanctions contre la Russie. Mais elle traduit également (en ce qui concerne l’euro vs yen) l’action de la BCE avec l’annonce du QE qui a propulsé l’euro à la baisse.

Cette tendance haussière ne devrait pas durer en raison de la "normalisation" progressive de la politique monétaire américaine qui devrait aider à voir le dollar se renforcer face au yen pour revenir sur les niveaux touchés mi-2007 proche de 125.00 yens pour un dollar, avant la phase aigüe de la crise des subprimes. Même constat face à l’euro qui, après la phase de baisse actuelle face au yen, devrait se redresser pour revenir sur les plus haut de fin 2014 à proximité de 150.00 yens pour un euro, au bénéfice d’une reprise économique progressive en zone euro et à une diminution de l’aversion au risque après la stabilisation très probable du risque court terme lié à la situation grecque.

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Diplômé de l’ESCE (Ecole Supérieure de Commerce Extérieur), Alexandre Baradez débute sa carrière chez EBG FINANCES en 2003 en tant que consultant spécialisé en défiscalisation immobilière. Il intègre le département Gestion Privée de BNP PARIBAS en 2005 où il assure la gestion et le suivi d’un portefeuille de 400 clients. En 2008, il rejoint Banque Robeco Gestion Privée où il a en charge la gestion d’un portefeuille de 650 clients. Il délivre un conseil sur OPCVM, la constitution et la gestion d’un patrimoine en exploitant l’actualité macro et micro-économique. En octobre 2009, il rejoint Saxo Bank en tant que Sales Trader et devient en 2011 Analyste Marchés de la banque dont il est l’interlocuteur privilégié auprès des medias français. Aujourd'hui, Alexandre Baradez est Responsable Analyses Marchés chez IG France.

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