Italie : Un entrepreneur désespéré tue deux fonctionnaires avant de se suicider

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Par Charles Sannat Publié le 8 mars 2013 à 8h54

Pour tout vous dire j’étais parti pour vous faire un spécial Espagne suite de la série « bienvenue à l’asile ». J’avais affuté mon espagnol le plus brillant, je m’étais entraîné intensivement, et là, j’ai eu le malheur de faire une digression sur quelques autres sites internet qui finalement m’a mené à faire un voyage en Italie… Voilà donc comment se retrouver avec un spécial Italie à la place d’un spécial Espagne que je ne manquerai pas de vous faire dans les prochains jours. Alors vous le savez, l’Italie ne se porte pas fondamentalement bien. Avec une dette de 2035 milliards d’euros représentant 127 % du PIB l’Italie se rapproche à grand pas d’une situation budgétaire à la grecque.

D’ailleurs, les choses sont assez simples à calculer. 2000 milliards d’euros (en gros) à 5 % d’intérêt par an (en gros) cela nous fait 100 milliards d’euros par an rien qu’à payer en intérêts pour l’Italie. C’est d’ailleurs ce calcul simple qu’a fait ce « comique populiste » Beppe Grillo quasi vainqueur des élections italiennes, ce qui l’avait amené à conclure auprès d’un journaliste allemand, que l’Italie était morte et qu’elle ne rembourserait jamais sa dette…

Un peu expéditif peut-être comme raisonnement, mais parfaitement juste, quoi qu’en disent les bien-pensants pas populistes et d’ailleurs certainement pas populaires, vu les claques électorales que toutes nos « zélites » se prennent. Il y a quelques semaines, à l’occasion de la première immolation d’un chômeur français devant son agence Paul-emploi (il y en a eu une autre hier, mais les conseillers Paul-emploi très courageux au demeurant ont évité le pire en secourant à temps le pauvre type désespéré), je vous indiquais que je m’étonnais que la violence des gens soit dirigée uniquement contre eux-mêmes et pas contre ceux qu’ils pourraient penser responsables de leur misère. Attention et entendons-nous bien, en disant cela je parle d’un risque qui ne se matérialisait pas et auquel je pensais. Il ne s’agit pas de justifier quelques violences que ce soit à l’égard des gens.

Il y avait eu dans notre pays il y a quelques années ce paysan qui avait tiré sur des fonctionnaires de je ne sais plus quelle administration et les avait tués sur le coup. C’est donc d’Italie que nous vient les premiers dérapages dramatiques de la misère puisque là il ne s’agit plus de suicides (ce qui reste un drame) mais d’assassinat de tierces personnes.

Un entrepreneur italien désespéré tue deux personnes et se suicide. Bilan 3 morts.

Cette information qui n’a pas vraiment été relayée mais on le comprend aisément puisque cela pourrait avoir une fâcheuse tendance à donner de mauvaises idées aux plus fragiles psychologiquement. C’est l’Agence de Presse Romandie qui nous apprend donc qu’un entrepreneur italien de 43 ans a tué mercredi après-midi deux employées de l’administration publique à Pérouse, dans le centre du pays, avant de se suicider. La dépêche rajoute que je cite : « ce drame semble lié à la crise économique qui frappe le pays ». On peut effectivement le penser, mais Mario Monti ancien de Goldman Sachs et « démocratiquement » désigné d’office a bien sûr sauvé l’Italie et reste encensé par les marchés. Or la dette a augmenté. Mais vu son niveau, elle est désormais hors de contrôle et ne pourra plus jamais baisser.

Bref, Andrea Zampi (c’est le nom de l’assassin qui s’est suicidé ensuite) reprochait à la « bureaucratie » locale de l’avoir empêché d’obtenir un crédit de 100 000 euros, entraînant ainsi la fermeture de son entreprise, Progetto Moda, qui avait une activité de formation professionnelle. Selon les médias italiens, l’homme est monté au quatrième étage où se trouvaient les deux femmes qu’il tenait pour responsables de ses problèmes. Après leur avoir tiré dessus, il s’est donné la mort dans un autre bureau avec son arme.

Pour le Maire de Pérouse où s’est déroulé le drame, « c’est une terrible tragédie, fruit d’un climat horrible lié à l’actuelle crise économique ». Voilà qui est dit, voilà qui est posé. Il est certains métiers qu’il va être de plus en plus difficiles d’exercer dans des conditions de sécurité convenable. Les banques sont devenues tellement réticentes pour donner des crédits que les PME-PMI transalpines vivent un véritable « credit crunch » c’est-à-dire une réduction massive de l’accès au crédit bancaire.

Scandale de la banque Monte dei Paschi le Directeur de la communication saute par la fenêtre sans parachute doré. Bilan un mort.

Comme on vous l’a dit et répété, les banques vont bien, les banques sont solides d’ailleurs elles ont même passé avec brio et panache des « stress tests » concoctés par la Commission Européenne. Bankia avait passé les stress tests mais Bankia est au tapis. La Monte Paschi la plus vieille banque du monde aussi mais elle est au tapis et n’oubliez pas la blague sur Dexia, « Dexia la banque qui a tout raté sauf… les stress tests ». On en rigole encore des stress tests, jaune vous l’aurez compris. Donc c’est la presse allemande qui parle du suicide du chef de la communication de cette banque italienne qui a mis fin à ses jours, comme le faisaient ses prédécesseurs pendant la crise de 1929… en sautant par la fenêtre.

Encore une fois, c’est très triste. Très triste certes mais révélateur d’une époque, de dérives financières, de l’appât du gain, de la compromission, et disons-le aussi des magouilles de toutes sortes et des petits ou grands arrangements entre amis. Pas vu pas pris. Pris pendu et avec un peu de chance personne n’y verra rien, et l’on se gavera de bonus et de stock option. Mais tout cela a un prix. Celui de « l’âme ».

Il faut dire que les enquêteurs fouillaient son bureau depuis plusieurs semaines à la recherche d’éléments concernant la « disparition » de plusieurs centaines de millions d’euros… une paille dans un pays qui s’effondre. Bon, cela dit comme on est en Italie (ne hurlez pas tout de suite à la discrimination, en France aussi les anciens premiers ministres peuvent se suicider de plusieurs balles dans la tête), rien n’indique que ce soit vraiment un suicide et l’enquête est toujours en cours. Cela dit je doute fort qu’un témoin vienne expliquer devant micros et caméras que feu le directeur de la communication a été poussé par la fenêtre. Omerta quand tu nous tiens.

Enfin pour conclure ce petit tour déprimant d’Italie, pourtant un si beau pays et avec une gastronomie et un art de vivre extraordinaire, la consommation s’effondre et vient de retrouver son niveau de 2004.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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