Ne vous laissez pas ruiner par les charlatans !

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Par Simone Wapler Publié le 11 juin 2018 à 5h00
Italie Gouvernement Charlatans Elections
@shutter - © Economie Matin
132 %La dette italienne représentait en 2016 132 % du PIB.

L’Italie est en proie à un gouvernement de charlatans qui pourrait ruiner l’Europe, selon Le Point. Mais les charlatans ne sont pas qu’italiens, loin de là.

Titre du Point de la semaine dernière : « Pourquoi la crise historique en Italie peut faire couler l’Europe… Les charlatans vont-ils nous ruiner ? » La réponse à la deuxième question est évidemment oui. Les Italiens ont voté pour moins d’impôts et plus d’Etat-providence. C’est la magie du charlatanisme, des boniments, le triomphe de l’émotion sur la raison. Mais les charlatans ne sont pas exclusivement italiens ; ils sont partout et ils ruinent tous ceux qui succombent à leurs boniments. Le mot charlatan nous vient de l’Italien du seizième siècle (*) mais comme la fourchette et le macaron, le charlatan s’est très bien exporté.

Ils sont surtout dans les banques centrales, les instances politiques de la plupart des pays, ils sont « stratégistes » dans les banques, économistes dans les universités. Ces gens sont bien des charlatans, des « imposteurs qui exploitent la crédulité publique » selon le dictionnaire Robert. Des parasitocrates qui n’auront jamais à souffrir des conséquences de leurs erreurs et se nourrissent grassement d’argent public.

Ils nous expliquent qu’on peut obtenir honnêtement quelque chose en l’échange de rien, qu’on peut être plus riche en travaillant moins, qu’il suffit de consommer pour devenir prospère, que le revenu universel nous dispensera de tout effort. Ils ont raffiné les tricheries monétaires, ils ont créé la Théorie monétaire moderne. Voici ce qu’en dit mon collègue Jim Rickards :

« La Théorie monétaire moderne prétend aborder de façon nouvelle, au XXIe siècle, les problèmes de finances et de croissance économique des Etats. En fait, cela revient à ‘mettre du vin nouveau dans de vieilles outres’ (Matthieu 9:14). La Théorie monétaire moderne existe depuis plus de 120 ans sous un autre nom : le ‘chartalisme’. En fait, certains de ses adeptes l’appellent même le ‘néochartalisme’. Quelle que soit sa dénomination, cette théorie est simple. Elle a pour point de départ la proposition suivante : le gouvernement détient le monopole de la monnaie et des armes. Le monopole de la monnaie est fondé sur l’idée qu’une banque centrale peut émettre de l’argent et en faire la seule forme de monnaie ayant cours légal. L’Etat exploite ensuite ce monopole via le système fiscal, en demandant que la monnaie approuvée par l’Etat lui soit remise en règlement des impôts. Comme les citoyens ont besoin d’une monnaie fiduciaire approuvée par l’Etat pour régler leurs impôts, ils doivent l’obtenir en travaillant et en investissant, ce qui crée une demande artificielle et non élastique en faveur de cette monnaie fiduciaire. Les citoyens qui refusent de payer leurs impôts s’exposent à l’intervention des forces de l’ordre. Ces forces militaires et policières incarcèrent le particulier qui n’a pas payé et saisissent ses biens qu’ils vendent aux enchères pour couvrir le montant des impôts. – Précisons au passage que les partisans de la Théorie monétaire moderne s’opposent traditionnellement aux cryptomonnaies et au Deuxième amendement concernant la détention et le port d’armes. Les cryptomonnaies menacent le monopole de l’Etat sur la monnaie fiduciaire. Et le fait que tous les citoyens aient le droit de détenir une arme donne à réfléchir à ceux qui envisagent la saisie des biens par l’Etat. Les cryptomonnaies et le droit aux armes font donc partiellement obstacle aux conditions requises pour imposer une version dure de la Théorie monétaire moderne.

Les partisans les plus célèbres de la Théorie monétaire moderne, notamment Stephanie Kelton, Warren Mosler et Paul McCulley, ne mettent pas en avant ces aspects coercitifs de la théorie. Ils préfèrent se concentrer sur le fait que la Réserve fédérale dispose de la capacité illimitée d’acheter des obligations l’Etat avec de l’argent fraichement imprimé. » Les charlatans modernes exploitent à fond le chartalisme. Ils ne vendent pas de la drogue mais de la fausse monnaie sous forme de crédit. Cette fausse monnaie n’est pas diffusée à tout le monde mais d’abord aux banques et – sous forme de prestations sociales, subventions, aides… – à ceux que les élus en place ont choisis. Cette fausse monnaie noie l’argent honnêtement gagné et l’épargne.

Grâce aux charlatans modernes, l’effort n’est plus récompensé, l’épargne n’est plus rémunérée et le risque de tout perdre dans l’effondrement d’une pyramide de dettes (car l’envers du crédit reste de la dette malgré les boniments) n’a jamais été aussi grand. Grâce aux charlatans modernes, les prix sont soufflés, ceux de l’immobilier, ceux des obligations, ceux des actions… Voici un graphique tout frais du Wall Street Journal à méditer. Il répond à une question importante : « combien de temps mettez-vous à récupérer votre argent lorsque vous investissez en sommet de cycle ».

Au sommet de cycle, après 10 ans de création monétaire, nos charlatans nationaux souhaitent que l’épargne retraite des Français soit dirigée vers la bourse plutôt que vers l’immobilier pour favoriser la croissance. Ils nous promettent monts et merveille pour notre future retraite grâce à la vigueur économique ressuscitée par leurs idées de génie. En réalité, la croissance n’a pas besoin de ces charlatans, au contraire… La croissance a besoin d’une monnaie non trafiquée.

La croissance a besoin qu’on laisse les gens nouer des contrats sans contrainte, honnêtes et profitables. Des contrats dans lesquels ni l’acheteur ni le vendeur ne sont influencés par les taxes, les subventions, les prébendes, les manipulations monétaires promues par lesdits charlatans.

Pour plus d’informations et de conseils, c’est ici et c’est gratuit

(*) Le carliatino est un croisement entre le cerretano, bonimenteur et marchand de drogue du village de Cerreto près de Spolète et de carliare (bavarder).

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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