Novacyt, leader français dans les biotechnologies, s’introduit sur Alternext

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Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 6 octobre 2012 à 16h54

Economie Matin : Pourquoi s'introduire en Bourse alors qu'il existe d'autres moyens de trouver des investisseurs ?

Eric Peltier, Président directeur général de Novacyt, fondateur : Nous avons déjà effectué des placements privés mais nous voulions extérioriser une valorisation plus « objective » et crédible. De plus, nous devions être visibles à l'international pour nos partenaires distributeurs, notamment russe et chinois. En effet, la spécificité de notre développement à date est d’avoir réussi le tour de force d’obtenir les autorisations réglementaires pour vendre notre technologie médicale en Chine et en Russie, en plus du marquage CE. C'était important pour ces pays où nous allons être présents, et pour nous face à nos concurrents américains. La bourse permet cette visibilité et cette crédibilité pour une société française qui exporte à l’international, notamment dans le secteur des medtechs où la plupart des acteurs matures sont cotés. C’est notre cas, car nous avons passé avec succès l’ensemble des étapes de développement de la technologie et sommes entrés dans la phase de commercialisation d’un automate éprouvé qui a permis d’effectuer d’ores et déjà 1 000 000 de tests de dépistage du cancer du col de l’utérus en routines.

Economie Matin : Et pourquoi la France, pourquoi l'Europe, quand les Etats-Unis ou Israel par exemple sont l'eldorado des sociétés de biotech ?

Eric Peltier : Comme nous ne souhaitions pas nous intéresser au marché américain dans l'immédiat, qui reste un marché somme toute très protectionniste, surtout dans les technologies médicales, et que la croissance pour nos produits vise avant tout les puissances émergentes, il ne nous semble pas opportun de chercher des fonds dans un pays qui ne fait pas partie de nos cibles prioritaires à court ou moyen terme. De plus, les investisseurs sont plus sensibles au développement commercial des technologies qu'ils soutiennent dans leur propre pays. Nous avons vendu nos instruments principalement en Europe et en France, où nous avons les 3 derniers appels d’offres d’hôpitaux spécialisés dans la cytologie. Enfin, la France constitue désormais l’une des principales places financières de choix dans les medtechs biotechs depuis 3 ans avec les introductions en bourse de Carmat, Stentys, Mauna Kea….

Economie Matin : Est ce que vos actionnaires actuels, et futurs, sont plus que des investisseurs ? Financer une société de medtech qui vise à lutter contre une maladie grave, est-ce plus que faire un placement ?



Eric Peltier : La plupart de nos actionnaires actuels sont des scientifiques ou des médecins. Pour eux, investir dans Novacyt, c'est aussi s'investir dans un combat éthique et responsable. Notre société s’est attachée depuis le début à créer et offrir une technologie accessible aux pays les moins bien dotés en termes de technologie médicale, et où les systèmes de santé se mettent en place et vont prendre une place considérable demain. Rien qu’en Inde, une femme meure toutes les 7 minutes d’un cancer du col de l’utérus. On n’a pas les statistiques officielles en Chine, mais on peut imaginer que ce type de cancer n’y est pas anodin. Or, de nombreux pays, que nous appelons les puissances émergentes, veulent pouvoir s’offrir le meilleur de la technologie disponible dans le médical à date, et se tourneront vers les dernières medtechs tels que Novacyt. De plus, notre technologie médicale répond aux exigences d’une greentech. Au-delà de la sécurité des opérateurs qui développent les tests sur nos instruments entièrement automatisés à partir de flacons fermés contenant le prélèvement natif des cellules suspectes et évitant toute aérolisation du papillomavirus responsable de cancers de la gorge chez les opérateurs actuels, notre technologie emploie un maximum de ressources recyclables et non toxiques, notamment concernant les agents conservateurs des cellules prélevées. Au final, notre technologie peut sauver la vie de milliers de femmes dans le monde, compte tenu du prix abordable de nos instruments et surtout que pratiquement 100% des femmes dépistées du cancer du col de l’utérus peuvent être guéries de nos jours. Nous avons toujours user avec beaucoup de parcimonie des ressources financières que nous avons pu obtenir, à la différence de sociétés médicales riches habituées à la profusion, et la bourse ne changera ni notre approche médicale, ni notre discipline financière pour le plus grand respect des actionnaires et des principes business que nous nous sommes fixés depuis la création de Novacyt.

Economie Matin : Vos recherches sur le cancer de l'uterus sont elles extensibles à d'autres types de tumeurs ? et de pathologies ?



Eric Peltier : Nous avons développé une technologie innovante et transversale dite de cytologie de nouvelle génération. La transversalité de cette technologie permet d'analyser tout type de pathologies et d'organes. Le dépistage du cancer du col de l'utérus n’est pour nous qu’un premier axe de développement qui illustre parfaitement l’usage possible de notre technologie et qui répond à un besoin immédiat dans le monde entier. Les autres axes de développement concernent les organes, tels que le sein et la thyroïde qui pourront bénéficier de notre technologie pour l’analyse de maladies plus spécifiques. La cytologie de nouvelle génération permet d'ouvrir notre technologie à tous les domaines de la médecine personnalisée grâce à l'utilisation de biomarqueurs ciblant les thérapeutiques de demain. En effet, à partir du moment où grâce à notre automate, nous pouvons permettre la sanctuarisation d’un échantillon natif de cellules suspectes, à la différence de toutes les autres types de technologies, toutes les analyses sont possibles. Notre force est de pouvoir garantir le prélèvement le plus pertinent de cellules suspectes et la conservation la plus pérenne possible pour l’utilisation de marqueurs pour la recherche d'une maladie dans une population, mais également le diagnostic (caractérisation d'une maladie chez un individu), mais encore la réponse à un traitement médical, la toxicité d'une molécule... Le champ des possibles de la médecine dite numérique est infini pour Novacyt : les cellules prélevés sur nos instruments permettent toute sorte d’analyse avec l'utilisation d'un biomarqueur. On peut dès lors rechercher toutes les signatures biologiques liées à un impact actuel ou passé dans l'organisme, ou au moindre changement dans l’organisme. Ce peut être une pollution, la modification d’un état endocrinien, que sais je encore, et ce à partir d’un simple prélèvement de cellules. Cette médecine est l’avenir de la santé au niveau mondial, et les puissances émergentes telles que la Chine ou la Russie ne s’y sont pas trompées en faisant déjà appel à notre technologie.

Eric PELTIER, 46 ans, a suivi une formation médicale et scientifique. Il a été Lauréat de la Faculté de Médecine Saint Antoine. Il a obtenu une Maîtrise de biologie cellulaire et moléculaire (Paris VI Jussieu) en 1994 puis un DEA systèmes de soins hospitaliers et économie de santé (Paris VII St Louis-Lariboisière) en 1996. De 1998 à 2003 il a été Directeur d’un centre de médecins spécialistes en Anatomie et Cytologie Pathologique. Entre 2000 et 2006, il a occupé le poste de Directeur de recherche Application clinique à MAUNA KEA TECHNOLOGIES. En 2006, il co-fonde NOVACYT et dirige la Société.

Passionné de recherche et de développement en cytologie, il est l’inventeur de 20 familles de brevets (19 en cytologie et 1 en pneumologie) représentant plus de 50 brevets internationaux.

Il est aussi l’auteur de nombreuses publications scientifiques.

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Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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