Et si les réseaux sociaux étaient destructeurs de valeur ? 20 milliards par an, rien que pour la France, ça se regarde de près.
Depuis plusieurs années, l’utilisation généralisée d’Internet, des smartphones et des réseaux sociaux a tellement occupé l’espace que très peu d’études ont concerné l’impact sur le temps de travail. Cette propagation en « feu de broussailles », le buzz, nuit également à la confiance à long terme et à l’investissement par une déstabilisation incessante de l’opinion qui empêche d’ancrer durablement des convictions. Plusieurs phénomènes ont encore amplifié cette déstabilisation permanente, comme l’affaire DSK, les fuites sur de nombreuses affaires judiciaires, l’affaire Kerviel, l’épisode Hollande-Trierweiler, le mouvement Nuit debout, la loi Travail, etc…
La comparaison surgit immédiatement avec l’impact similaire qui a anéanti tout repère pour des années dans la société chinoise : celui des dazibaos. Les dazibaos sont les réseaux sociaux chinois depuis l’antiquité. Les citoyens mécontents ont toujours utilisé des affiches placardées en ville sur les administrations et même les tribunaux pour dénoncer les dysfonctionnements, la corruption, et en discuter en public. L’usage généralisé de ce procédé en 1966 a été l’instrument principal de la Révolution Culturelle. Il a permis à Mao Zedong de totalement déstabiliser et manipuler le pays pour maintenir son pouvoir, gravement menacé par Liu Shaoqi, au prix d’un désastre économique, et de plus d’un million de morts politiques.
Aujourd’hui nos dazibaos sont Twitter et Facebook.
La France et les USA sont actuellement touchés de plein fouet par ces phénomènes. La prolifération de rumeurs, de fuites, de scandales n’atteint pas tout le monde pour le moment, tant que ce phénomène reste encore maitrisé par quelques communicateurs habiles. Toutefois, l’affolement de la machine est proche, et peut aussi susciter des débordements incontrôlés par la révolte et l’indignation devant autant de désordres, tant à gauche qu’à droite, aussi bien aux USA qu’en France.
L’impact de la communication numérique est désormais supérieur à celui des 35 heures. Il joue sur la diminution du travail fourni en temps, mais surtout en déstabilisation. A la fois on travaille moins parce qu’on passe du temps à consulter les réseaux sociaux en recherche permanente de buzz, mais aussi on doute en permanence, et on est déstabilisé dans ses prises de décision, dans ses investissements. Une seule estimation sur les bases de consensus fournies par l'OCDE, environ 23 millions d'actifs sur 1500 heures annuelles : la seule distraction par ces phénomènes de 10 minutes quotidiennes par jour travaillé fait perdre 800 millions d’heures de travail au niveau français, près de 20 milliards € , de quoi illustrer largement le paradoxe de Solow !....et on ne parle pas des investissements différés…