Nos jeunes et nos seniors représentent plus de 55% de la population française, soit 38 millions de personnes.
Selon l'observatoire de la Vie étudiante, 33% des étudiants ont rencontré des difficultés financières pendant le confinement, dont 19% ont dû restreindre leurs achats de première nécessité.
Plus d'un jeune sur dix se trouve sans logement ou dans une situation précaire : Avec le coût du logement, représentant en moyenne 55% du budget des étudiants et des jeunes actifs, il n'est pas étonnant de constater que 26% d'entre eux sont dans l'incapacité de louer un logement.
Ces chiffres font froid dans le dos tant ils révèlent l'abandon d'une jeunesse livrée à elle- même dans une période de gestion de crise dont personne ne sortira indemne. Surtout pas elle.
Faire exister les interactions, les échanges entre les individus toutes générations confondues et notamment entre étudiants et seniors est une condition sine qua none d'évolution, voire de survie des sociétés qui ne peuvent cohabiter que si la transmission des savoirs est assurée.
Il s'agit de prendre la mesure de la précarité des jeunes tout en redonnant une utilité sociale aux personnes âgées souvent considérées comme inaptes.
Mais comment lutter contre l'isolement croissant des seniors tout en répondant à la précarité de la jeunesse ?
Habiter ensemble : un pacte gagnant/gagnant
D'abord, et j'y crois fermement : le logement intergénérationnel. Il doit être renforcé, promu, revendiqué.
Une politique innovante du logement s'impose donc en France favorisant notamment la cohabitation intergénérationnelle.
Il s'agit de pallier l'insuffisance de logements accessibles aux étudiants en permettant de renouer un dialogue entre deux générations en souffrance et particulièrement vulnérables en ces temps troubles.
La solution du logement intergénérationnel permettrait au senior de ne plus être seul et de garder son autonomie et à l'étudiant de se sortir d'une situation économique fragile et instable.
Ainsi, si le jeune est présent au domicile du senior tous les jours de la semaine, notamment en soirée et les weekends, il est exonéré du loyer.
En revanche, s'il ne s'engage pas à être présent tous les jours, il doit verser une indemnité financière modeste entre 100 et 200 euros par mois.
Les résidences intergénérationnelles, une solution d'avenir
La France doit s'inspirer et développer davantage les modèles allemands et québécois.
Ces établissements fonctionnent principalement grâce au bénévolat et à la participation financière d'entreprises partenaires qui se retrouvent dans les enjeux de l'intergénérationnel et qui s'y engagent.
En France, il faudra attendre 2018 pour que la loi ELAN pose enfin les nouvelles bases de l'habitat inclusif en permettant la création de logements intergénérationnels.
Ainsi, les Maisons Mariannes ont créé 31 résidences intergénérationnelles en France en partenariat avec différents bailleurs sociaux.
Il s'agit de lieux de rencontre et d'échange qui promeuvent le vivre-ensemble, libèrent les énergies solidaires et dynamisent le tissu local.
Ce sont des immeubles collectifs de 80 à 130 logements proposant des appartements de type 1 à 5 aménagés aux normes handicap.
Une salle commune de 80m2 est aménagée pour favoriser les échanges, elle inclut un coin cuisine et repas pour pousser au partage.
Les espaces extérieurs sont également prévus pour permettre une utilisation partagée, avec l'installation d'un potager commun par exemple qui va là aussi favoriser la transmission.
310 euros/mois.
Chaque ville devrait permettre de favoriser ce mode de cohabitation : un senior, un étudiant.
Pourquoi ne pourrait-on pas imposer dans les municipalités du logement intergénérationnel comme on impose du logement social ?
Le coût de l'immobilier devient exorbitant dans certaines grandes villes et devenir propriétaire peut relever du parcours du combattant pour les jeunes actifs avec des critères d'obtention de crédit toujours plus difficiles.
Parmi les autres réflexions susceptibles d'être menées : faciliter la transmission des biens en allégeant les droits de donation.
En France, les droits de donation entre parents et enfants sont exonérés à hauteur de 100.000 euros pour chaque parent et chaque enfant tous les quinze ans.
Ma préconisation serait de prendre exemple sur l'Allemagne en réduisant ce délai à dix ans (au lieu de quinze aujourd'hui) et prévoir une exonération plus importante, à hauteur de 400.000 euros par parent et à 200.000 euros pour les grands parents.
Pour les familles qui peuvent avoir cette option, c'est une avancée considérable notamment pour les classes moyennes.
Nos aînés ont payé un lourd tribu lors de cette crise sanitaire et notre jeunesse étouffe mais nous devons garder leur voix audibles car à travers elles, c'est tout le pays qui est touché et l'avenir de chaque famille.
Le constat ne peut pas être celui de l'échec mais doit nous imposer de penser une société plus solidaire et plus forte ensemble avec un rôle donné à chacun.
C'est le sens de mon engagement humain et républicain.