Voilà qui n'est pas courant mais qui a une explication tout à fait rationnelle : selon le journal Le Figaro le cigarettier Lucky Strike a demandé à la ministre de la Santé d'interdire au plus vite les cigarettes mentholées dites "convertibles". Mais ce n'est pas la santé des Français qui inquiète le groupe... plutôt le fait que ses concurrents pourraient gagner gros.
La Loi Santé et l'interdiction des mentholées convertibles
Les cigarettes mentholées convertibles sont très en vogue, surtout chez les femmes et les jeunes : grâce à une bille présente dans le filtre la cigarette passe d'un goût normal à un goût mentholé via une simple pression. Face à l'engouement des jeunes pour ces cigarettes, la Loi Santé de Marisol Touraine prévoit leur interdiction dès le 20 mai 2016, date d'entrée en vigueur du paquet neutre en France.
Jusque-là, rien d'étonnant ; mais il y a un problème. Le Figaro remarque en effet que les décrets d'application de cette mesure ne sont pas publiés alors qu'il manque deux mois avant la date fatidique. Sans décrets, pas d'application : la loi ne peut pas être respectée. Et Marisol Touraine penserait déjà à donner un délai de quelques mois aux cigarettiers.
Pourquoi Lucky Strike, leader du marché des convertibles, réclame leur interdiction ?
Cette situation pose problème à Lucky Strike et, surtout, à sa maison-mère, le géant BAT (British American Tobacco). Or Lucky Strike détient 50 % du marché des cigarettes convertibles : le délai que pourrait donner Marisol Touraine ne devrait que lui faire plaisir.
Ce n'est pas le cas : Le Figaro rapporte jeudi 17 mars 2016 les propos d'Antal Bekefi, président de British American Tobacco pour la France. Et ce dernier est clair : "Si un délai de 6 mois peut être compréhensible pour la mise en place du paquet neutre, il n'y a aucune raison d'autoriser la vente de cigarettes à capsules mentholés au-delà du 20 mai."
La raison ? Elle est simple : Lucky Strike a anticipé l'interdiction et ne vendra donc plus de cigarettes mentholées en France dès le 20 mai, mais ce n'est pas le cas de ses concurrents selon Le Figaro. Ces derniers pourraient donc profiter de ce délai pour empocher de grosses sommes... et forcément ça ne plaît guère à BAT.