Thales utilise l'intelligence artificielle dans ses nombreux domaines de compétence, mais alerte quant aux dérives possibles de ces technologies en matière de défense et notamment dans l'armement.
Thales alerte quant à l'utilisation de l'intelligence artificielle dans l'armement
Patrice Caine, le PDG de Thales, s'inquiète de l'utilisation de l'intelligence artificielle à mauvais escient. L'entreprise utilise l'intelligence artificielle dans les transports et semble donc bien placée pour en parler. Il alerte notamment quant à la possibilité de créer des robots tueurs. En effet, aujourd'hui beaucoup d'entreprises investissent dans ces nouvelles technologies et pourraient bien, à terme, développer des armes très dangereuses puisque sans aucune intervention de l'homme et donc sans libre-arbitre ni conscience.
Ainsi, devant la presse, le Français a expliqué, le 24 janvier, que son groupe « n’appliquera pas l’intelligence artificielle dans tout ce qui est létal » et, ce, même « si les clients le demandent ». Et Thales d'expliquer sa position : « L'automatisation d'une riposte à une attaque par missile est déjà une réalité, mais l'automatisation au service d'un tir létal sur des humains n'est pas en vigueur, il faut toujours une autorisation du commandement pour tirer ».
Un encadrement législatif dans le domaine de la défense
Thales n'est pas la première entreprise à alerter quant aux dangers de ces robots. En novembre 2018, un groupe d'experts de l'ONU s'étaient réunis à Genève avec pour but de définir un cadre réglementaire. Des organisations non gouvernementales membres de la « campagne contre les robots tueurs » avaient publié une tribune dans Libération. Elles appelaient alors la France à soutenir un traité pour l'interdiction des armes autonomes.
Pour rappel, l'armée française utilise déjà des drones américains qu'elle a armés au Sahel, mais elle n'a pas encore eu recours à des robots tueurs. Elle étudie la possibilité. Et jusqu'à aujourd'hui, la doctrine française impose que « l'homme reste dans la boucle » au moment de prendre ou non la décision de tirer.
Au final, Patrice Caine appelle à un encadrement législatif. Et il a été suivi par Yoshua Bengio : « Il ne faut pas attendre que la catastrophe intervienne pour réguler ». Le chercheur canadien de préciser : « Ce n’est pas une question d’être optimiste ou pessimiste, mais le danger qui nous guette nous oblige à trouver des solutions. »