Il est important de placer l’Intelligence Artificielle au service de l’Humain

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Par Axel Méry Modifié le 10 juillet 2018 à 6h47
Intelligence Artificielle Secteur Finance
@shutter - © Economie Matin
85%Selon Gartner, en 2020, 85% des interactions avec les clients dans un contexte commercial seront réalisées par des machines.

« L’Intelligence Artificielle est la nouvelle électricité », déclarait Andrew Ng, fondateur du Google Brain Deep Learning project . Et son potentiel n’échappe à personne !

La France a notamment l’ambition de se positionner à la pointe de la recherche et de l’innovation mais également des réflexions économiques, juridiques et éthiques liées à l’Intelligence Artificielle (IA). Dans ce cadre, le premier ministre Édouard Philippe a remis, en septembre 2017, une lettre de mission au mathématicien Cédric Villani, en présentant l’IA comme « un défi absolument considérable pour notre pays et notre époque ».

Quel avenir pour l’Humain et l’Intelligence Artificielle ?

Cette question qui paraît simple, soulève en réalité des points essentiels. Quand nous parlons d’IA, nous sommes très rapidement face à nos propres contradictions, celle de la condition humaine. Le philosophe Nick Bostrom, professeur au ‘Future of Humanity Institute’ à l’Université d’Oxford alertait en indiquant qu’en matière d’Intelligence Artificielle, « nous sommes des enfants qui jouent avec une bombe ».

Comme le soulignent Andrew Ng et Nick Bostrom, nous sommes à une étape de l’évolution technologique où nous programmons des machines pour reproduire le fonctionnement et les comportements humains. Nous devons dès lors nous poser des questions propres à notre humanité d’une manière complètement nouvelle.

La voiture autonome en est une bonne illustration : comment devons-nous programmer le véhicule pour faire face en cas d’accident imminent ? Que doit-il prioriser ? Quel sont les critères de décision les plus éthiques, les meilleurs, les plus justes ? Devons-nous sauver le plus grand nombre de personnes ou privilégier deux enfants plutôt que trois retraités ?

Ce cas fait appel à des concepts d’ordre philosophique. Il est très difficile de répondre à ces questions d’ordre morale ou éthique car nous ne sommes pas habitués à le faire et à prendre une telle hauteur. Ainsi, est-ce qu’il existe un choix juste ou un choix moral ? Et même si nous estimons avoir identifié/formulé le bon choix, est-il identique en fonction de la géographie, de la culture ou des mœurs d’une société ? Les initiatives en ce sens sont encore trop rares, à l’image de l’excellent projet ‘Time Well Spent’ de Tristan Harris, ex-Design Ethicist de Google, qui nous alerte sur notre dépendance au smartphone.

Les premières problématiques auxquelles nous devons répondre sont d’ordre éthique, moral et sociétal. À l’image de nos engagements pour réduire notre empreinte carbone , nous devons prendre ces problématiques au sérieux et agir avec responsabilité dans ce domaine naissant.

Quant à savoir si l’Intelligence Artificielle représente une forme de menace pour l’Homme, nous sommes face à ce même questionnement à chaque révolution industrielle. Pour reprendre Muhammad Yunus, économiste bangladais et prix Nobel de la paix en 2006, « si la technologie est importante, c’est ce que l’on fait avec qui compte le plus » . Je me plais à appeler ce phénomène ‘l’épée de Damoclès de la technologie’, puisqu’en soi la technologie n’est ni bonne ni mauvaise, c’est son usage par le facteur humain qui importe.

En tant que société, quel choix allons-nous faire ?

L’avancée technologique est implacable : acceptons-la et préparons-nous au mieux pour l’accompagner. Travaillons pour que les conséquences soient bénéfiques pour l’humanité. Pensons aux millions de personnes que nous pourrons sauver dans le domaine de la santé et à toutes celles dont nous pourrons faciliter le quotidien. Pensons aux bénéfices, y compris dans les secteurs professionnels, dans lesquels l’Intelligence Artificielle pourra aider à la prise de décisions importantes.

L’avenir de l’Intelligence Artificielle et celui de l’Homme sont donc liés. Bien entendu, il est fort probable qu’à terme, l’IA puisse avoir des finalités négatives notamment sur l’emploi. Mais notre rôle en tant que société et partie prenante, est de s’y préparer et de faire en sorte que nous ayons suffisamment anticipé et accompagné ce changement pour en tirer le meilleur.

Le Rapport Villani, présenté le 29 mars 2018, est une première pierre à l’édifice. Il traduit la volonté de notre Gouvernement à affirmer une stratégie nationale et à proposer une première réponse sur les actions que nous [pouvoirs publics et parties prenantes] devons mener à court et moyen termes, notamment en matière de talents, de recherche, de politiques et d’éthique.

Je suis convaincu que les initiatives nationales en la matière, à l’image des centres de recherche et d’expérimentation, vont se multiplier pour révolutionner le quotidien de l’Humain et favoriser la compétitivité de la France sur la scène internationale en matière d’IA.

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Axel Méry est directeur de la technologie de Fujitsu France et directeur du Centre d’Excellence en Intelligence Artificielle de Fujitsu au sein de l’École Polytechnique.

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