La politique socialiste contribue-t-elle à l’insécurité ?

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Par Aziz Senni Modifié le 9 décembre 2012 à 15h47

OPINION

En matière de sécurité, le parti socialiste souffre depuis trop longtemps d’une schizophrénie aggravée. D’un côté Manuel Valls et son discours sécuritaire, de l’autre, le reste du gouvernement, Christiane Taubira en tête, et sa politique naïve et contreproductive.

Alors que le candidat Hollande promettait aux Français une lutte implacable contre la délinquance des mineurs, notre ministre de la Justice choisit de supprimer les tribunaux correctionnels pour mineurs récidivistes et refuse la création de nouveaux centres éducatifs fermés, allant ainsi à l’encontre des promesses du Président de la République.

Autre exemple : la suppression des peines planchers sanctionnant les récidivistes les plus dangereux, qui constitue, lui aussi, un bien mauvais signal. A ce jour, en effet, la politique de Mme. Taubira revient à adapter les peines en fonction du nombre de places dans les prisons. Pour un même acte commis, en fonction du nombre de places disponibles, un délinquant sera incarcéré… ou pas. Quand on connaît la surpopulation de nos établissements pénitentiaires, on imagine sans peine qu’avec une telle politique permissive, nombre de délinquants seront relâchés dans la nature comme si de rien n’était.

Ce qui est donc plaisant au PS, c’est cette pluralité des idées… Après le laxisme de Mme Taubira, la politique sécuritaire de Manuel Valls ! Aujourd’hui, nous savons qu’environ 10 % des déferrements devant la justice parisienne concernent des ressortissants roumains. Quelle politique le gouvernement mettra-t-il en œuvre pour diminuer ce chiffre ? Quelle politique de sécurité européenne entend défendre notre ministre de l’Intérieur ?

Sur le sujet des sans-papiers, M. Valls nous promet 30 000 régularisations par an… Rien de nouveau sous le soleil depuis Brice Hortefeux et Claude Guéant. Ah si, une promesse ! Déployer les moyens pour leur procurer emplois et logements. Mais alors que nous ne cessons de voir plonger nos concitoyens dans la précarité, quelles actions seront mises réellement en œuvre pour y arriver ?

Ajoutons à cela que pour être régularisés, les sans-papiers devront prouver qu’ils travaillent. Assurera-t-on alors l’immunité aux dirigeants d’entreprises qui confesseront avoir embauché de manière non-légale un sans papier ? Car quel employeur accepterait de témoigner en faveur d’un salarié contrevenant ?

Au delà de ces beaux discours, quels sont les moyens juridiques, techniques et méthodologiques qui seront réellement mis en œuvre afin d’assurer la sécurité des biens et des personnes ? Une fois de plus, les socialistes n’ont aucun projet concret permettant aux forces de l’ordre et à la justice de travailler main dans la main. Concevoir la sécurité comme élément détachable de la justice est une faute grave. Sécurité et justice appartiennent à un tout que les politiques doivent pour plus d’efficacité. Or aujourd’hui, la « justice » de Mme Taubira et la « sécurité » de Manuel Valls ne peuvent s’unir tant tout les oppose.

La conséquence de ce simulacre d’action publique : une actualité trop riche d’exemples aberrants. Lorsqu’un élève frappe son professeur, la prison est-elle la meilleure réponse à son acte ? Ne devrait-il pas plutôt, sans complaisance, être envoyé comme bénévole en TIG durant 6 mois, un an, dans un centre de femmes battues pour comprendre les dégâts que son geste a pu entrainer ? Le délinquant sexuel, récidiviste, aura, lui, de grandes chances de ne pas purger sa peine, grâce à de « bienveillants » psychiatres dont les rapports diront qu’il ne constitue pas une menace pour la société ! On croit rêver…

Nous assistons, de fait, au découragement des forces de police qui n’en peuvent plus d’arrêter des personnes pour la centième fois et de les voir relâchés à la première occasion. A quoi sert leur travail si derrière, la justice ne suit pas ? Mais les magistrats ne sont pas les premiers responsables. Ils ne font qu’appliquer la loi votée par un législateur déconnecté des problèmes de terrain. Ce même législateur qui aujourd’hui exige de la justice d’alléger les peines faute de moyens matériels, humains, et financiers.

Nous le savons bien, la majorité des élus de gauche sont réfractaires aux moyens de prévention et d’investigation tels que la mise en place de fichiers, la police scientifique, la vidéo-protection et les peines telles les travaux d’intérêts généraux. Et pourtant des solutions existent ! La prévention par l’éducation, l’emploi, le logement, la proximité des services de l’état avec les citoyens en sont de bons exemples ! Mais là encore nous sommes toujours en attente…

Le gouvernement actuel est malheureusement loin du compte. La justice doit être la même pour tous. N’adaptons pas les peines en fonction de je-ne-sais quel quota de cellules disponibles ! Il faut remettre à plat notre système judiciaire dans le respect de ses principes fondamentaux. Loin de l’angélisme ou du tout répressif, une politique juste consisterait à une prévention aussi forte que la sanction. Mais une sanction pédagogique, car ne perdons jamais de vue qu’elle a d’abord pour but l’apprentissage et la réflexion du condamné. C’est de cette manière que nous stopperons cette vague de récidives et que nous favoriserons la réinsertion de nos détenus.

Les socialistes nous ont promis la fin de « la politique du chiffre ». Soit. Nous attendons désormais « une politique de la réussite ». Car sans mesures concrètes et courageuses, M. Valls et Mme. Taubira pourraient bien troquer leurs titres pour celui de « ministres de l’Insécurité »…

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        Président du conseil de surveillance et fondateur (en 2000) d’ATA (Alliance transport et accompagnement), société de transport à la demande. Fondateur et président du conseil de surveillance du fond d’investissement BAC (Business Angel des Cités), société de capital risque dédiée à la création et au développement d’entreprises en banlieue (depuis 2007). Elu en 2009 « Entrepreneur Social de l’année » - INSEAD Membre fondateur de l’UDI (Union des Démocrates indépendants) en charge des questions de sécurité, d’immigration et des cultes.        

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