La dette croît de plus en plus et fausse l’économie en conséquence. Hélas, les avantages de l’inflation n’incitent pas à la vertu budgétaire et monétaire...
On vient d’apprendre que la tour penchée de la dette croît et s’incline de plus en plus. Selon le Global Debt Monitor :
“Aiguillonnée par la chute des taux d’intérêt, la dette mondiale a grimpé de 3 000 Mds$, un chiffre considérable, au T1 2019. Dépassant les 246 000 Mds$, la dette mondiale n’est plus qu’à 2 000 Mds$ de son sommet historique du T1 2018.”
Pendant ce temps, les marchés hésitent. Les investisseurs doivent se demander : “Et maintenant ?”
La réponse, c’est du déjà vu : des baisses de taux. Plus de dettes. (Mais en ce qui concerne les prix des actions, c’est difficile à dire).
Des bobards toujours plus gros
Nous avons vu que toutes les formes de “relances” sont des variétés de fraude mutantes. Que l’on parle de baisses d’impôts non-financées, de déficits plus profonds, de chèques d’allocations, d’assouplissement quantitatif (QE), de taux zéro ou de baisse des taux – tout cela fonctionne de la même manière.
C’est-à-dire qu’ils mentent tous. Ils nous disent qu’il y a plus de demande (d’argent) qu’il n’y en a vraiment. Et toutes ces solutions “fonctionnent” en trompant les gens, les poussant à faire des choses qu’ils ne devraient pas faire. Les consommateurs dépensent trop. Les entreprises produisent trop. Et les investisseurs achètent des actions trop chères.
Selon la manière dont elle est administrée, cette inflation de la masse monétaire cause des réactions excessives et opposées que l’on peut facilement confondre avec de la croissance réelle. Encore plus de dépenses de consommation. Encore plus d’expansion des entreprises. Une hausse des cours boursiers.
Tout cela n’est que mensonges. Et à mesure qu’ils se prolongent, l’économie est de plus en plus déséquilibrée… de plus en plus dépendante à l’inflation… tandis que les autorités doivent raconter des bobards de plus en plus gros pour empêcher qu’elle s’effondre.
Un virage clé
Telle est la grande histoire financière de notre époque : l’inflation ou la mort. Soit les autorités continuent à mentir de façon convaincante en gonflant les prix…soit la vérité apparaît au grand jour et la bulle éclate.
C’est pour cette raison que Jay Powell, président de la Fed, a commencé par mettre en pause son programme de normalisation. Après sept années de taux zéro, la banque centrale augmentait prudemment les taux pour les remettre à des niveaux traditionnels.
En pratique, en décembre dernier, à la simple vue d’une baisse des cours boursiers, Powell est passé de la prudence à une interruption.
Puis, il y a deux mois, il a purement et simplement annoncé l’arrêt du programme de normalisation d’ici octobre, et fait savoir qu’il irait même peut-être dans la direction opposée d’ici là.
C’était un virage clé, marquant le début de l’ère “l’inflation ou la mort”. Jusque-là, il restait quelque espoir de voir la Réserve fédérale conserver un peu d’intégrité et réellement “normaliser” les taux d’intérêt comme promis.
Nous n’y avons jamais cru. En mai, la vérité était visible de tous. Les actions ont touché de nouveaux records peu après.
“Taux neutre” et sottises
Le soi-disant “taux neutre”, affirme M. Powell, “est bien plus bas que ce que nous pensions”.
Ce sont des sottises. Il n’existe pas de taux neutre…et même s’il y en avait un, M. Powell ne le reconnaîtrait pas s’il lui mordait l’arrière-train. Il pense désormais qu’un taux directeur tout juste supérieur (environ 20 points de base, ou 0,2%) au niveau d’augmentation des prix à la consommation n’est pas assez bas. Les observateurs s’attendent à deux baisses de taux cette année.
L’occupant de la Maison Blanche est pour l’inflation lui aussi. Il bourre le conseil de la Fed de laquais qui maintiendront les taux au plus bas, et menace Jay Powell de le virer s’il ne suit pas le mouvement.
M. Trump :
“Nous venons d’atteindre plus de 27 000 sur le Dow. Le marché boursier n’a jamais été plus haut […] Et je suis vraiment doué pour ces trucs. Je sais de quoi je parle.”
Sur le site internet de la Maison Blanche :
“L’économie a retrouvé une forme éblouissante sous le président Trump.”
L’économie n’est pas au rendez-vous
Sauf que l’économie n’a pas du tout retrouvé une forme éblouissante. Les indicateurs clé – salaires, croissance du PIB, ventes finales – se traînent à peu près au même rythme que sous Barack Obama. De nouvelles estimations pour le deuxième trimestre mettent la croissance US à 1,4% seulement.
Les actions sont en hausse. Mais des cours boursiers gonflés ne sont pas la même chose que de la richesse réelle. Pour commencer, le marché boursier pourrait être divisé par deux demain…et pouf ! 15 000 Mds$ de cette richesse factice disparaîtraient.
Plus important, cette richesse factice supplante la vraie. Comme faussé par un niveau à bulle défectueux, l’édifice du capitalisme tout entier est de travers. L’argent bon marché et de court terme de la Fed est dépensé en ruses bon marché et de court terme ; la construction de richesse à long terme est négligée.
IBM, par exemple, se débat avec des dettes et de mauvaises acquisitions… mais l’entreprise dépend jusqu’au dernier sou de ses bénéfices en rachats de ses propres actions. Sur les 10 dernières années, la dette des entreprises a augmenté de 50%. L’investissement net des entreprises, en revanche – dans des produits réels, produisant de la richesse – a stagné.
Le problème avec l’inflation, comme nous l’avons déjà dit, c’est qu’elle livre ses bienfaits comme un colis Amazon – presque immédiatement.
Et lorsque la facture arrive, les gens qui ont passé la commande ne sont plus là pour s’en occuper. Ils ont été remplacés par de nouveaux politiciens, de nouveaux électeurs et de nouveaux consommateurs.
Que vont-ils faire ? Sortir le portefeuille avec grâce et bonne humeur ? Ou tenter de trouver un nouveau moyen d’éviter la douleur ?
Les cinq prochaines années seront probablement dominées par de nouvelles façons toujours plus audacieuses d’augmenter l’inflation.
Annulation de la dette étudiante… dépenses d’infrastructure… baisse des taux d’intérêt… nouvelles devises… plus de dettes…
Ce sera comme regarder combien de canettes de bière un ivrogne peut empiler avant qu’elles s’effondrent toutes.
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