Inflation, taux négatifs : pourquoi les banques centrales vous veulent du mal

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Par Simone Wapler Modifié le 1 décembre 2015 à 7h26
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@shutter - © Economie Matin
5 %Seulement 5 % de l'argent qui circule l'est sous forme de monnaie

Officiellement, Mario Draghi, Janet Yellen, Shinzo Abe etc. ne veulent que notre bien économique. A la tête des banques centrales de leurs pays ou zones monétaires donnés, ces banquiers centraux sont chargés de fixer "le prix de l’argent" qui est aussi le prix du crédit.

Monnaie et crédit sont aujourd’hui devenus une seule et même chose. Moins de 5% de l’argent qui circule sont des pièces et billets, le reste n’est que crédit. Supposons que vous empruntiez pour faire des travaux. Votre compte en banque devient créditeur d’un certain montant. Ensuite, vous payez le plombier, l’électricien, le menuisier dont les comptes respectifs deviennent eux aussi créditeurs. Mais d’où vient l’argent initial ? Des dépôts des autres clients de la banque ? Si ce sont ceux du plombier, électricien ou menuisier d’un autre emprunteur, vous comprenez que le serpent se mord la queue.

En réalité, l’argent vient de nulle part. Nous sommes dans un système où "les crédits font les dépôts" et non l’inverse. La monnaie d’aujourd’hui est la masse de crédit avec laquelle fonctionne l’activité économique. Les banquiers centraux sont là pour en réguler la quantité. Si le taux directeur est relevé, la quantité de crédit croit moins vite. Si le taux directeur est abaissé la quantité de crédit croit plus vite. Vous remarquerez, cher lecteur sagace, que la quantité de crédit croit toujours… Il y a une bonne raison.

Si la quantité de crédit augmente plus vite que la production de choses à échanger, le prix de ces choses augmente. L’augmentation du crédit a ainsi conduit à renchérir de façon artificielle l’immobilier et beaucoup d’autres biens un peu partout dans le monde.

La bonne petite inflation des banquiers centraux n’est que du vol

?On lit et entend souvent qu’une inflation de 2% est un objectif de banquier central et que le problème d’aujourd’hui serait un manque d’inflation. Mais pourquoi une hausse générale des prix serait-elle souhaitable ? Chacun, dans sa vie de tous les jours ne s’efforce-t-il pas de faire mieux avec moins de moyens, ce qu’on appelle les gains de productivité ? Le capitalisme est naturellement déflationniste, on le voit très bien dans les prix des nouveautés dans tous les domaines. Ordinateurs, appareils photos numériques, imprimantes 3D, lasers, sont d’abord des produits couteux puis leurs prix baissent au fur et à mesure de leur diffusion, des gains de productivité et de l’émergence de la concurrence.

Pourquoi alors nous faudrait-il au contraire de l’inflation ? Ne cherchez pas, il n’y a aucune bonne raison pour nous, consommateur, entrepreneurs, salariés, contribuables. En revanche, il y a beaucoup de très bonnes raisons pour les banquiers et les gouvernements. Des prix en hausse poussent les gens à acquérir tout de suite quelque chose. C’est donc les pousser vers le crédit, ce qui fait bien les affaires des banques qui vendent… du crédit. Des prix qui montent permettent aussi aux gouvernements de collecter plus de taxes sur la valeur ajoutée et de rembourser leurs dettes à long terme en monnaie dévalorisée.

Avec l’inflation, les banquiers centraux vous volent vos gains de productivité et les redistribuent à leurs amis des banques commerciales et du gouvernement. C’est normal, on ne mord pas la main qui vous nourrit. 2% c’est le juste taux : suffisant pour que tout cela se produise mais pas trop élevé afin que le bon peuple ne s’aperçoive de rien.

A défaut de bonne petite inflation, des taux négatifs feront l’affaire?

Mais voilà que le vent tourne. Les taux sont au plus bas tandis que les emprunteurs solvables se font rares. L’inflation refuse de décoller. Elle est passée sous le seuil critique de 2% en 2012. Elle s’établit à 0,308% dans les pays développés.

Nos banquiers centraux ont donc trouvé un autre moyen de nous voler : les taux négatifs. Ce que l’inflation faisait, des taux négatifs peuvent très bien le faire. Chaque dépôt en banque serait ainsi doucement amputé d’un faible pourcentage. Nous subissons déjà une forme de taux négatifs sous la forme de frais de tenue de compte appliqués par de plus en plus de banques.

Evidemment, cette ponction est une somme fixe, pas un pourcentage, qui ne profite qu’aux banques commerciales et pas aux caisses du Trésor public. Mais l’habitude est déjà prise et il n’y a que le premier pas qui compte. Avoir un compte en banque est obligatoire, il ne reste plus qu’à supprimer le cash pour pouvoir imposer les taux négatifs. Cela vous paraît ahurissant ? Réfléchissez à la TVA, ce merveilleux impôt collecté par les entreprises et mis en place en 1966. Des taux négatifs seraient un autre merveilleux impôt collecté par les banques. Tous les banquiers centraux du monde en rêvent… ainsi que la plupart de leurs économistes conseilleurs.

Si vous en avez assez d’être les cobayes des banquiers centraux, signez notre pétition et faites-la circuler.

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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