Certains territoires ne sont guère attirants pour des médecins ayant fait près de dix ans d'étude. S'installer dans le Larzac pour un gastro-entérologue ? En Lozère quand on est radiologue ? Pas gagné. Résultat : certains patients de province doivent parfois attendre plus de deux fois plus longtemps pour décrocher un rendez-vous médical qu'à Paris. Une véritable inégalité territoriale face à la santé !
Et le désert (médical) avance
Selon une étude publiée sur le site Mutuelle.com, les délais d'attente pour un rendez-vous chez un médecin spécialiste sont très variables selon les catégories et les départements.
Sans surprise, c'est à Paris que les délais d’attente sont les plus réduits. Un habitant de la Loire doit ainsi patienter, en moyenne, un nombre de 327 jours pour voir un ophtalmologiste, soit près de 11 mois ! Alors qu'à Paris intra-muros, cela prend moins d'un mois dans de nombreux arrondissements. Même chose en Corse du Sud, où il ne faut patienter que 12 jours avant de pouvoir consulter un docteur des yeux.
Toutes spécialités confondues, les régions les plus frappées par la désertification médicale sont le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire ou encore la Saône-et-Loire.
"A la campagne, il vaut mieux être une vache qu’un homme" !
Quant aux spécialités, ce sont les ophtalmologistes qui ont les délais d’attente les plus longs. En moyenne, il faut attendre 109 jours, soit près de 4 mois, pour en consulter un.
En revanche, les spécialistes les plus rapidement disponibles sont les radiologues : 6 jours d’attente seulement en moyenne.
La désertification médicale touche de plus en plus de régions, de départements et d'agglomérations. Les banlieues difficiles comptent trois fois moins de médecins que la France urbaine. Et seuls 8% des médecins exercent en zone rurale. Si rien n’est fait, la fracture sanitaire entre le nord et le sud du pays, mais aussi entre la ville et la campagne, risque de s’aggraver. Déjà en mars 2009, lors de la discussion sur la loi HPST à l’Assemblée nationale, un député UMP s’était écrié : "A la campagne, il vaut mieux être une vache qu’un homme" !