La France doit miser sur les Fablabs

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Par Guillaume Cairou Modifié le 31 mars 2014 à 2h44

La « Nouvelle France industrielle » annoncée jeudi 12 septembre 2013 par M. Arnaud Montebourg , Ministre du redressement productif, marque un tournant. Si elle constitue une prise de conscience, elle ne met toutefois pas suffisamment l'accent sur les moyens d'accélérer l'entrée de la France dans la révolution industrielle.

Le socle industriel de la France souffre. Et croire que l'on sortira de cette situation avec les mêmes solutions que celles utilisées hier est un leurre. Entre 1999 et 2013, nous avons perdu plus de 40 % de nos parts de marché à l'exportation au plan mondial. Il convient de donner à notre territoire un nouvel élan qui peut être trouvé dans les Fabrication Laboratories, les Fablabs, ces lieux de fabrication ouverts à tous où chacun peut moyennant une cotisation venir y travailler sur un projet qui lui tient à coeur avec d'autres participants qui sont invités à créer ou à tester des projets innovants sous un format participatif autour de machines mises à disposition avec un principe structurant : l'innovation ouverte à tous.

Ils permettent à chaque français, quel que soit son niveau d'étude ou son profil, de produire rapidement l'objet dont il a envie, dont il rêve ou qu'il souhaite tout simplement commercialiser.

Fabriquer presque tout avec presque rien, voilà la philosophie initiale du physicien Neil Gershenfeld du MIT près de Boston, considérée comme le précurseur des « Fablabs ».

Les « Fablabs » représentent l'avenir industriel de la France. Cette conviction me conduit à refuser le discours fataliste ambiant sur le déclin de l'industrie française. D'abord parce qu'ils incarnent l'entrepreneuriat accessible à chacun ; rappelons que le désir d'entreprendre n'a jamais été aussi fort, l’entrepreneuriat attirant désormais plus que le salariat. Ensuite, parce que les « Fablabs » sont liés à un entrepreneuriat de proximité, ce qui répond aux exigences du développement durable.

Les « Fablabs », source d’innovation et d’attractivité

La France est devenue trop frileuse face à une nouvelle révolution qui représente à la fois une chance et un défi. Le marché industriel français peut en effet renouer avec la croissance. Encore faut-il avoir le courage de miser sur ces « Fablabs », une illustration parfaite des circuits courts et de l'économie circulaire. Les mutations technologiques comme l'impression 3D, en passant par les nouveaux comportements des consommateurs à la récupération des déchets, renforcent ma conviction.

De plus, comme les Fabrication Laboratories inciteront toujours plus d'entreprises à réimplanter des usines et de la R&D sur notre territoire, l’attractivité de la France s’en trouvera renforcée. En permettant l'accélération du prototypage et en favorisant un passage plus rapide du concept à la réalité des innovations, ils permettront à la France de multiplier l'émergence d'idées d'innovation en cascade.

Les « Fablabs » rendent aussi désuet le consensus des économistes conduisant à penser que l'industrie allait se localiser dans les pays émergents alors que ceux plus riches se spécialiseraient dans les nouvelles technologies et les services.

La nostalgie n’a pas lieu d’être

La France dispose d'un terreau unique pour le développement de ces technologies. Quand on leur en donne les moyens, les Français sont créatifs, proposent des idées et n’'hésitent pas à les exprimer quand on leur fait confiance. Faire confiance à nos créateurs, les soutenir et vouloir porter les « Fablabs », voilà l'ambition d'avenir que je souhaite pour la France.

C’est une voie pour retrouver le chemin de la croissance dont nous manquons cruellement. Ce ne sont ni l'euro ni la mondialisation qui pénalisent la France mais l'insuffisance d'innovation. La France ne doit pas renoncer à un avenir industriel solide. Pas de raison d’être nostalgique, les entrepreneurs peuvent réinventer son industrie.

Reste aux Pouvoirs Publics à développer une véritable filière des « Fablabs » qui irriguera l'ensemble de nos secteurs industriels.

Nous avons été les inventeurs de la première révolution industrielle. Soyons les inventeurs de la prochaine !

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Fils d’ouvrière d’origine serbe, autodidacte, éducateur puis enseignant en banlieue, c’est au chômage à 30 ans que Guillaume Cairou crée Didaxis, pionnier du portage salarial. Aujourd’hui 15e recruteur français, classé dans le Fast 500 européen des entreprises par Deloitte, il a permis à plus de 10 000 personnes de créer durablement leur emploi.

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