A quand l’indication du salaire en parité de pouvoir d’achat sur les offres d’emploi ? (5/6)

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Par Alexandre Kolow Publié le 9 septembre 2017 à 5h38
Union Europeenne Langue Commune Etats
A quand l’indication du salaire en parité de pouvoir d’achat sur les offres d’emploi ? (5/6) - © Economie Matin
400 EUROSLe salaire moyen en Bulgarie avoisine les 400 euros par mois.

A l’heure d’ERASMUS, à l’heure de l’euro (que certains appellent de leurs vœux à disparaître), à l’heure du web 2.0 pour ne pas dire 3.0, il existe encore énormément de disparités économiques au sein même de l’U.E et la mobilité professionnelle reste encore très marginale.

Selon certaines statistiques, en 2013, seuls 3,2% des 500 millions d’Européens avaient déjà tenté une expérience d’expatriation au sein d’un état membre. Outre le fait que, comme je l’ai expliqué dans le second article de cette série, le manque d’une langue officielle commune soit un facteur déterminant dans la difficulté psychologique à se relocaliser, je pense que les distorsions salariales sont également un frein psychologique majeur à la mobilité. Dans le troisième article de cette série, j’expliquais que les disparités de pouvoir d’achat étaient un frein. Lorsqu’on voit le pouvoir d’achat que l’on peut avoir avec le salaire minium en Roumanie et qu’on le compare au pouvoir d’achat du SMIC en France, il est évident que se relocaliser en Roumanie pour un SMIC local n’est pas très attrayant.

Mais, au-delà de cela, ne serait-il pas temps de parler en une « monnaie » commune telle que la parité de pouvoir d’achat lorsque l’on compare les salaires dans des pays à niveaux de développement différents ? Cela permettrait indéniablement d’atténuer cet effet psychologique sur certains salaires plus que corrects. Nous le faisons déjà lorsque nous comparons des PIB de différents pays, alors pourquoi ne pas pousser la logique jusqu’au bout ? Pour illustrer mon propos, je prendrai l’exemple de deux pays que je connais très bien et qui sont très représentatifs de la situation.

D’un côté la France, deuxième puissance économique européenne derrière l’Allemagne, et de l’autre, la Bulgarie, pays que les statisticiens de Bruxelles aiment appeler le pays le plus pauvre de l’Union. Deux pays, deux histoires, deux situations économiques diamétralement opposées.

Le salaire moyen en Bulgarie avoisine les 400 euros par mois. Certes, cela parait extrêmement faible. Et ça l’est. Vivre aujourd’hui avec 400 euros par mois en Bulgarie, ce n’est pas la panacée. Pourtant, ce pays est en pleine croissance et propose également des postes (notamment dans l’informatique) qui peuvent payer jusqu’à 5 000 euros net par mois (et je parle ici de contrats locaux pour des sociétés locales et non pas de contrats d’expatriés qui se voient offrir des salaires parfois avoisinant les 10 000 euros, logement et voiture avec chauffeur). Bien que ces postes payés 5 000 euros par mois restent très limités à certaines fonctions et certains secteurs, il n’en reste pas moins que beaucoup de postes très intéressants et à véritables perspectives d’évolution tels que digital marketer, marketing manager, responsable des ressources humaines ou autres peuvent payer 800, 1000, voire parfois jusqu’à 3 000 euros net par mois en fonction de l’entreprise et du profil du candidat.

Pour connaître assez bien le marché de l’emploi en Bulgarie et en France, je peux dire sans aucune hésitation que la plupart des postes qui paient entre 800 et 1 000 euros net par mois, le sont en France à environ 1 600 - 1 900 euros net par mois. Et plus le poste s'élève sur l’échelle salariale, plus la disparité se réduit. Ainsi, un poste qui paie 2 000 euros net par mois en Bulgarie ne paierait guère plus que 2 500 euros net par mois en France.

Psychologiquement, il est donc souvent difficile pour un Français de se relocaliser et de diviser son salaire par deux même si la société bulgare qui pourrait l’embaucher serait prête à lui proposer des opportunités de carrière beaucoup plus intéressantes que son employeur actuel.

Et pourtant, le coût de la vie en Bulgarie étant en moyenne trois fois moins élevé qu’en France, le pouvoir d’achat avec un salaire de 800 euros là-bas est donc de 50% supérieur à celui d’un salaire français de 1 600 euros. En réfléchissant en euros et en valeur absolue, je reste donc persuadé que de nombreux européens de l’ouest se privent de nombreuses opportunités à l’est car je pense que le cas de la France et de la Bulgarie s’applique également à la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne et à la Roumanie, la Pologne ou la Slovaquie.

Je pense donc que si l’Europe souhaite réellement faciliter la mobilité professionnelle, il serait nécessaire de développer un outil de comparaison des salaires en terme de pouvoir d’achat, exactement comme nous le faisons déjà lorsque nous comparons des PIB de pays à niveau de développement très différents. Cela ne pourrait que contribuer à faire tomber des barrières psychologiques qui n’ont plus lieu d’être et de comparer ce qui est comparable.

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Alexandre Kolow est co-fondateur de la plateforme de recrutement koalajob.com. Un site de recrutement qui met l'accent sur l’évolution de carrière et sur la mobilité européenne des talents. Il donne également des cours d'économie internationale en France et en Europe.

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