Depuis le début de la crise, les incidents de paiement inter-entreprises se multiplient. La semaine du 30 mars 2020, ceux-ci ont triplé par rapport à la même période en 2019, fait savoir le Comité de crise sur les délais de paiement.
270 millions d’euros de règlements en retard sur une semaine
La discipline en matière de tenue des délais de paiement était déjà très dégradée en France avant la crise du coronavirus. Ces dernières semaines la situation a encore empiré, au point que sur la semaine du 30 mars 2020, environ 270 millions d’euros manquaient à l’appel sur les comptes en banque des fournisseurs et prestataires, annonce le Comité de crise sur les délais de paiement.
Selon ce comité, créé le 23 mars 2020 par une décision de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, et François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, cette accumulation d’incidents à l’échéance de fin mars 2020 s’explique tout d’abord par des raisons spécifiques à la crise Covid-19 : les fermetures d’entreprises ou encore les défauts d’acheminement du courrier ne permettant pas de valider les ordres de paiement domiciliés. Mais la volonté de certaines entreprises de retenir de la trésorerie en ne payant pas leurs fournisseurs est également présente.
Un règlement en retard, c'est 25% de probabilité de défaillance en plus
Face à cette recrudescence d’incidents, le comité a rappelé à l’ordre une dizaine d’entreprises ne respectant pas les délais de paiement et dont les achats représentent plusieurs centaines de millions d’euros. « Ces actions ont permis d'obtenir un engagement concret, suivi d’un comportement de paiement normalisé de leur part et d’éviter jusqu’à présent de recourir à des mesures plus coercitives », fait savoir le comité.
Le sujet est d’une grande importance puisque selon une étude de la Banque de France, les retards de paiement augmentent la probabilité de défaillance d’une entreprise de 25%, et même de 40% si les retards excèdent un mois. 8% des entreprises défaillantes auraient d’ailleurs déposé le bilan pour cause de non-règlement par leurs clients. Toujours d’après les estimations de la Banque de France, le « crédit inter-entreprises » (c’est-à-dire les sommes dues aux fournisseurs et non encore réglées) représenterait 700 milliards d'euros.