L'arrivée de l'imprimante 3D de table à un prix accessible à tous a surpris tout le monde. Et pourtant cette technologie n'est pas une nouveauté, puisqu'on parlait déjà dans les années 60 d'une machine à répliquer et, en 1972, elle était présentée dans la bande dessinée "Tintin et le lac aux requins" comme une photocopieuse tridimensionnelle pour fabriquer des faux en dupliquant des œuvres d'art volées dans les musées. Le premier brevet a été déposé par un Français, Jean-Claude André, en 1984. Mais c'est un Américain, Chuck Hull, qui a commercialisé cette technologie en créant l'entreprise 3D Systems.
Aujourd'hui elle a fait une percée remarquée chez les roboticiens, maquettistes, hobbyistes. Pourquoi une telle révolution alors ? Parce que des machines fiables sont devenues abordables et parce que la multitude d'applications et les perspectives fabuleuses qu'elles laissent entrevoir commencent à être perçues. L'imprimante 3D sort du domaine professionnel, investit le domaine privé et va bouleverser l'industrie mondiale et nos modes de vie.
Pour comprendre l'impression en 3D, il faut remonter au principe de la «fabrication additive» : le dépôt de couches successives de matériau formant peu à peu un objet en relief. L'imprimante 3D peut ainsi reproduire des objets en plastique, en céramique ou en métal, une fois que ceux-ci ont été analysés par un logiciel. Le procédé permet de créer des objets personnalisés en quelques heures ou quelques minutes et à la demande. Universités et bureaux d'études ont été les premiers utilisateurs de cette invention grâce à laquelle ils fabriquent notamment des prototypes avant de lancer une production en série.
L'impression 3D permet tout simplement de fabriquer pratiquement tout objet, couche par couche, grâce à des machines aussi faciles à utiliser qu'une imprimante standard. Vaisselle, bijoux, maquettes, objets techniques, jouets, mais aussi produits alimentaires, vêtements,organes humains. Aujourd'hui, on vient juste de prendre conscience des immenses perspectives qu'offrent l'imprimante 3D. On n'en perçoit pas encore les limites si ce n'estcelle de notre propre imagination.
Au moment où en France nous devons sauver notre industrie et la repenser, l'impression 3D a toute sa place et va bouleverser les modes de production, ouvrir de nouvelles perspectives d'emploi. Le monde professionnel l'a déjà adoptée mais chez le particulier, le hobbyiste ou la PME, l'imprimante 3D "de table", accessible à tous, a encore un côté gadget et n'est l'apanage que de passionnés qui peuvent fabriquer des pièces détachées pour leur propre usage ou bien des tasses de thé personnalisées et des coques de smartphones. Les industriels l'intègrent déjà dans leurs projets de développement pour le prototypage rapide et aujourd'hui aussi pour la production en petites séries. Dans l'éducation, l'enseignement technologique, qui en perçoit l'importance et les potentiels, commence à se doter d'imprimantes 3D. Ces machines vont révolutionner les pratiques pédagogiques : d'un enseignement frontal où l'élève devait d'abord apprendre puis reproduire à l'identique, on peut aujourd'hui plus facilement le laisser agir, se tromper, recommencer et finir par en tirer lui-même des conclusions : c'est ce que l'on appelle la démarche d'investigation.
Aucun secteur industriel ne sera épargné par ce changement. Dans les pays industrialisés, et la France en tête, un produit cassé est vite remplacé et sa durée de vie limitée par disparition rapide des pièces détachées. L'imprimante 3D permet déjà de fabriquer la pièce détachée défaillante (même après des années). Un bouleversement de notre modèle économique.
L'imprimante 3D accessible à tous va permettre l'éclosion de nouveaux métiers comme les e-artisans qui ouvriront sur internet des boutiques en ligne proposant la fabrication à la pièce ou en sous-traitance d'autres entreprises.