Pas besoin de jouer les Cassandre pour constater l'état des lieux. Il se suffit à lui même. Jamais un Président ou un Premier ministre de la France depuis l'avènement de la V° République n'ont été confrontés à une telle impopularité. Finalement, si cela n'était que cela , ce ne serait pas trop grave. La politique de la France ne se fait ni à l'IFOP ni chez BVA, pour paraphraser le Général.(Soit dit en passant , on aimerait un peu plus de transparence sur les méthodes sondagiéres, oracles des temps nouveaux....).
Bien sur, De Gaulle , Giscard, Chirac, Mitterrand ou Sarkozy ont traversé des zones de tempêtes. A quelques balles près, le 1° cité a même manqué y laisser sa peau...Ne jamais oublier le contexte...
Et c'est bien là, ou je veux en venir.
Le contexte, notre contexte, est détestable. Nous sommes confrontés pour la 1° fois depuis longtemps à une politique, et à une politique économique hors -sol. Cette impression traduite par les ukases de Berlin et de Francfort et de Bruxelles réunis, que notre gouvernement n'a plus de maitrise. Ni politique, ni économique , ni sociétale. La Gauche Keynesienne a disparu, et la Droite monétariste, elle-même, ne se sent plus très bien...
Ce qui est impressionnant dans cette histoire que nous vivons, c'est la vacance.
Vacance du pouvoir, vacance des idées, vacance du débat, inutilité des interventions de porte-parole des partis de gouvernement. Impressionnant.
Il y a des symboles qui tuent. Du moins , virtuellement, Dieu soit loué... Au moment ou j'écris ces lignes, Manuel Valls va rencontrer Angela Merkel à Berlin. Tres bien, l'amitié entre nos 2 peuples devrait en ressortir confortée, me dis-je benoitement. Et bien, cela ne semble pas être l'ambiance autour de ce voyage ou le1° ministre donné à la France semble aller rendre des comptes à notre amie la chancelière. A qui je ne veux aucun mal. On peut avoir été dirigeante du « Front der Jugend » de la radieuse RDA de Walter Ulbricht et etre revenue à de meilleurs sentiments libéraux.... Dussé je passer pour un odieux nationaliste, j'avoue avoir un peu de mal à considérer que la politique économique de la France, même dans un marché mondialisé, se décide à Berlin et par ricochet à Bruxelles ? Meme pas peur..., Manuel ira dire ses 4 vérités à la patronne de la CDU, adoubée dans les précédentes élections régionales, reviendra pour dire qu'il aura fait respecter les intérêts de la France, que d'un coup de menton, il aura fait respecter les volontés de la 2° puissance économique de l'Union Européenne, et que....Et que, et que... tout le monde aura compris qu'il n'en est rien. Car l'impuissance économique de la France est institutionnalisée par un traité qu'elle a refusé et qui lui est imposé.
Je n'en veux pas pour autant, par ailleurs, à mon ancien condisciple du très catholique Pensionnat Jean Baptiste de la Salle à Rouen dans cette fin des années soixante. Il hérite d'une situation grave , forgée par les renoncements de ses prédécesseurs, et à laquelle il n'a participé qu'indirectement dans sa longue déliquescence. Chacun a compris, et sans doute lui aussi, qu'il n'avait pas le niveau mais que cela ne constituerait pas au Tribunal des causes perdues, une circonstance atténuante. Encore pourrait il faire semblant, ne serait ce que pour calmer le jeu ? Même pas. Il n'est sans doute , pour paraphraser Marie France Garaud que du marbre dont on fait des bidets et se rapproche benoitement de notre serrurier de 1788, tant moqué injustement, mais à qui on va finir par retrouver quelque ressemblance si tout cela continue...
Et il ne suffira pas de quelques mouvements de menton de son acolyte Duciste, pour calmer la colère.
Car c'est bien à cela qu'il convient d'en venir désormais. Ce qui est impressionnant dans cette séquence, pour reprendre un mot de communicants, c'est la multiforméité des coléres. Agriculteurs, pilotes de lignes, notaires, pharmaciens, huissiers, chomeurs, parents, ouvriers en proie aux délocalisations, techniciens de St Nazaire, fonctionnaires, militaires, ...et on en passe, sans oublier les actes désespérés souvent masqués par des qualificatifs de déséquilibrés ou de désespérés qui rendent compte en creux de la Pravda médiatique qui s'est emparée de nos medias mainstream.
Viennent donc les contre feux, car si nos gouvernants ont du mal à gouverner, ils se défendent, ou croient se défendre bien, pour paraphraser , là aussi un auteur prolifique qui avait peu d'appétence pour la République. Dans ces moments ou l'équilibre vacille, on aura eu le droit à une succession de prises de parole édifiantes. Un 1° Ministre devant l'Assemblée, un Président en exercice devant la presse, et un ancien président devant.... France 2, la chaine publique dont on se demande d'ailleurs pourquoi elle avait été réquisitionnée pour la présidence d'un parti. Enfin, bon.. Tout ça en l'espace de 5 jours. Impressionnant.
A la fin de cette sacro sainte, donc, séquence républicaine, qui pourra dire quelle idée force il aura retenue de chacune de ces interventions en terme de mobilisation concrète du pays ?Ou même des trois cumulées pour ne pas être trop exigeant ? Pour ce qui me concerne, rien. C'est effrayant. 3 des principaux leader de ce pays, actuels ou passés, n'ont collectivement ou séparément induit une seule idée force, en terme politique, économique, sociétale, ou d'affaires étrangères dignes d'être retenue hormis l'excommunication des Uns par l'Autre et de l'Autre par les Uns...
Et on se plaint que le climat soit délétère, que les députés de retour de leurs circonscriptions soient effrayés par les messages qu'ils entendent ?
Chacun sent bien, quelle que soit son appartenance politique , son profil culturel, chacun sent bien la déstabilisation inter-classiste du Pays, dans ces heures inédites que nous traversons, pour beaucoup d'entre nous, médusés.
Dans un quotidien économique, il conviendrait sans doute de parler plus d'Economie. Mais il convient de ne jamais oublier que l'Economie n'est qu'un moyen au service du Politique. Et que parfois, rudoyé, désarçonné provisoirement, le Politique se venge des maltraitances qu'il subit, quand il a pris conscience que son valet économique n'est plus maitre de rien. L'histoire de notre pays fourmille de ces dichotomies. Car le Politique c'est la gestion de la Cité.
Et à un moment la Cité peut décider qu'il convient d'en finir avec certaines amours passées. Car les histoires d'amour finissent mal, en général....