L’immobilier, outil d’esclavage !…

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Par Charles Sannat Publié le 9 septembre 2014 à 12h37

Lorsque l'on regarde les événements avec un peu de détachement, d'objectivité et de recul, un tableau d'ensemble assez saisissant pour ne pas dire effrayant se dégage.

Vous pourrez regarder une vidéo assez courte d'Étienne Chouard qui était l'invité de l'émission « Ce soir ou jamais ». Je vous passe l'hypocrisie et l'agressivité de Jacques Attali qui fera tout ce qu'il pourra pour tuer dans l'œuf les idées portées par Étienne Chouard. Ces idées peuvent évidemment être discutées, en aucun cas le débat ne peut être tué comme il l'a été dans cette émission par des procédés assez surprenants mais finalement particulièrement logiques dans le contexte.

Monsieur Chouard a eu un grand tort, et pour cela il sera vraisemblablement honni par le système pour les siècles des siècles. Il a osé dire que la crise n'existait pas pour ceux à qui le système bénéficie, et l'on ne parle pas ici des « riches », non on parle de ceux qui tiennent le système, qui tiennent les systèmes dits démocratiques dans le monde entier, on parle de l'ex-ennemie de François Hollande, nous parlons de la finance. Et Chouard dénonce cela avec une infinie véracité.

Cela nous amène justement à ce tableau d'ensemble. Si pour nous les sans-dents c'est la crise, pour eux, pour la finance les affaires n'ont jamais été aussi extraordinaires, plus encore, grâce à la crise, partout les intérêts de la finance avancent, partout dans le monde ; avec de l'argent imprimé gratuitement, certaines immenses entités rachètent à des prix bradés avec de l'argent gratuit qu'ils n'ont pas des actifs qui demain vaudront de l'or.

Il y a donc une véritable guerre qui se joue dans l'acquisition de biens ou de services qui sont indispensables et parmi eux se trouve évidemment l'immobilier car se loger est un besoin évident, un besoin primaire. Alors la crise immobilière, sachez-le, n'est pas une crise pour tout le monde, je dirais même qu'elle est au cœur de jeux de pouvoirs sans précédent, en particulier en Europe.

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Il ne faut pas prendre les informations comme une suite ininterrompue ou un flot continue. Il faut stocker et analyser ces informations et pour cela il faut du temps, du recul pour que se dégage une photo d'ensemble cohérente et elle l'est cohérente cette photo d'ensemble.

Dans tous les pays qui connaissent des difficultés, l'objectif de l'ex-grand ennemi de notre mamamouchi c'est de saisir les biens immobiliers.

Étape 1 : avec des taux très bas, on finance en prêtant au pékin moyen des sommes folles pour construire des logements. Les prix montent.

Étape 2 : les gens ne peuvent plus suivre. L'immobilier est devenu trop cher. Les taux d'intérêt sont augmentés (si, si, c'est la FED, la Banque centrale US, qui monte les taux pour faire exploser l'immobilier aux USA volontairement, ce sont les faits, reprenez n'importe quel graphique d'évolution des taux depuis 2005... édifiant). Les gens deviennent insolvables, ils sont obligés de revendre leur biens bien chèrement acquis à des prix dérisoires... mais tous ces biens ou presque sont rachetés par la « finance » qui va les transformer en produit de rapport et vous abonner à vie à un « loyer ».

Ce phénomène est à l'œuvre partout dans les pays occidentaux, des USA bien évidemment à l'Europe avec le cas irlandais, le cas grec, chypriote ou italien. Pour le moment, quelques pays résistent encore et pas des moindres comme l'Italie, la France ou l'Allemagne, mais pour combien de temps encore.

Le modèle anglais

L'idée de fond, c'est le modèle de possession immobilière anglais. Au royaume de sa très vieille majesté et en particulier à Londres, il est devenu presque impossible au commun des mortels et même celui qui gagne bien sa vie de devenir propriétaire. Tout l'immobilier est détenu uniquement par quelques grandes familles de lords sans que le petit peuple n'y trouve rien à redire. C'est un modèle extraordinaire pour la caste dirigeante, celle qui se cache derrière la « finance » (la devenue copine de notre misérable et pathétique mamamouchi 1er).

C'est ce modèle-là que la finance souhaite partout dans le monde développer, amplifier, structurer et organiser et pour cela une bonne crise immobilière est la meilleure des solutions et notre pays n'y coupera pas.

Deux informations se sont télescopées aujourd'hui autour de ce sujet et cela est d'autant plus facile justement à illustrer car la « finance » aussi commet des erreurs de « timing » et parfois, les choses peuvent apparaître plus clairement. Essayons donc de vous montrer, par-delà le JT de 20h00, la grande photo d'ensemble et là où les maîtres de ce monde souhaitent vous emmener.

Le cas espagnol, une dépêche du jour :

C'est une dépêche de l'agence Bloomberg qui explique comment en Espagne, la banque Goldman Sachs rachète les HLM de la ville de Madrid, passe les loyers de modérés à très élevés, en laissant aussi les squatteurs s'installer pour leur laisser faire le grand nettoyage des occupants anciens... On dégrade les immeubles, les gens, de guerre lasse, finissent par partir d'eux-mêmes et des HLM – qui ne rapportaient rien et achetés une misère à un pays –, forcés de les vendre, peuvent être loués désormais dans le parc privé avec une très belle plus-value au passage. Que des gens se retrouvent sans logement est bien la dernière des préoccupations de Goldman Sachs, la finance, l'amie de notre nodocéphale élyséen.

Ce plan est parfait, élégant, rentable, juteux, « margeux » dirais-je même.

Voici la traduction du début de la dépêche. Allez la lire, même à l'aide de la traduction automatique de Google, cela vaut le détour pour comprendre cette grande photo d'ensemble.

« Marcelino Sanchez Calvo et son épouse, Maria Luisa, n'avaient jamais entendu parler de Goldman Sachs Group Inc. jusqu'à l'année dernière, lorsque la banque d'investissement a acheté le lotissement de quatre immeubles où ils vivent dans le quartier de Vallecas, dans la banlieue sud de Madrid.

Marcelino, un 71-ans chauffeur de camion à la retraite, n'est pas impressionné par son nouveau propriétaire (pourtant il devrait mais la fierté ibérique existe !!).

Goldman Sachs a pris le complexe de 289 unités en août 2013 dans le cadre de son acquisition de 3 000 appartements à faible revenu (HLM) du gouvernement régional de Madrid pour 201 000 000 €. Avec la vente, des subventions pour les locataires ont disparu, et, selon Sanchez, un petit problème avec les squatteurs est devenu un plus grand.

Voilà ce qu'il en dit notre chauffeur routier à la retraite : « Nous ne voulons pas vivre avec des squatteurs», dit Sanchez. « Cela est devenu une entreprise, ce n'est plus un programme social... » Eh oui mon petit Sanchez, tu commences à comprendre, comme je l'espère les lecteurs de cet article.


Mais allons plus loin et parlons désormais de Chypre.

Chypre une nouvelle législation sur les saisies immobilières imposée par la BCE...
C'est un excellent article du Figaro intitulé « Chypre autorise les saisies immobilières » et de la veille qui revient sur ce nouvel épisode de mise sous coupe réglée de l'île de Chypre.

« Le Parlement chypriote a adopté hier une loi autorisant la saisie de biens immobiliers payés avec des crédits douteux, ce qui devrait permettre à l'île en récession de toucher sa prochaine tranche d'aide internationale.

Ce vote est intervenu au lendemain de la date butoir fixée par les bailleurs de fonds internationaux, qui avaient fait de cette législation sur les saisies immobilières une condition sine qua non du versement à fin septembre de 436 millions sur les 10 milliards d'euros d'aide accordés en 2013. La nouvelle loi fait en sorte que la durée des procédures de saisie soit significativement réduite, d'un maximum de vingt ans à seulement plusieurs mois, et met en place des règles d'évaluation des biens à saisir et de leur mise aux enchères, tout en enjoignant les banques à restructurer les prêts douteux avant d'envisager de recourir à la saisie. »

Le vocable « bailleur de fonds internationaux » masque la réalité simple pour savoir qui est derrière. Derrière, il y a la « troïka », à savoir le FMI, la BCE et l'Union européenne... Que des gens gentils qui veulent notre bien et qui, accessoirement, sont les bras armés de la « finance », copine de François qui « aime » les sans-dents mais alors le plus loin possible de lui.

On apprend d'ailleurs au détour de cet article qu'à Chypre, où décidément tout semble aller pour le mieux, que :

« Selon le FMI, environ 46 % des prêts accordés par les banques chypriotes sont considérés comme « douteux » car leur remboursement est en retard d'au moins trois mois, le taux le plus élevé en Europe. L'agence de notation Moody's a d'ailleurs estimé début août que l'île présentait un « haut risque de défaut (de paiement) à moyen terme » en raison de ce taux élevé de créances douteuses. La troïka menaçait Chypre de classer ces emprunts dit « toxiques » comme « non remboursables » si la législation réclamée n'avait pas été adoptée, ce qui aurait conduit les banques chypriotes à échouer aux tests de résistance (stress tests) qui sont prévus à l'automne... »

C'est sûr que maintenant, les mêmes banques toutes aussi fragiles vont pouvoir passer les devenus très célèbres stress tests qui ne sont qu'une vaste bouffonnade. Mais commencez-vous à mieux comprendre ?
46 % des prêts, 46 % des biens financés à crédit vont devenir « saisissables » par la finance... L'immobilier chypriote va aller directement dans la main de Goldman Sachs et consort grâce à des fonds et de l'argent gratuit imprimé par la BCE...

La finance a déclaré la guerre aux peuples, soyons des résistants. Comment faire ?

Voilà le grand tableau d'ensemble, il s'agit de s'accaparer les richesses des gens, des épargnants. C'est une immense partie de Monopoly et croyez-moi, nous, les peuples, nous avons un petit handicap car on ne nous a laissé ni la Rue de la Paix ni la carte « Champs-Elysées »... Nous ne pouvons pas compter sur la case gendarme « allez en prison » car ils ont tous le joker « sortez de prison ».

Le grand concept c'est d'endetter les nations. Une nation endettée est soumise bien plus efficacement que par les armes et il n'est nul besoin de l'occuper militairement et pourtant les dirigeants vous mangent dans la main tellement ils sont faibles. C'est exactement ce qu'il se passe pour Hollande, obligé de courber l'échine devant sa copine la « finance » nommant qui de droit à l'économie pour que la France soit encore financée quelques temps. Puis viendra le temps de la faillite. Ce jour-là, ce sont les 3 600 milliards d'euros d'épargne des ménages qui viendront rembourser la finance et nos 2 000 milliards d'euros de dettes. C'est écrit, c'est une évidence. Mais la finance ne perdra pas un sou. Vous,en revanche... vous avez déjà droit à une belle législation européenne intitulée garantie des dépôts jusqu'à 100 000 euros... et tout le reste on peut vous le prendre ! Tout dépend de la façon dont on vous vend les choses et dont vous lisez les textes... ou regardez le verre. Il est peu probable qu'à la question « votre poisson est-il frais ? » votre poissonnier réponde : « Non, non, il est complètement avarié, surtout n'en prenez pas !! » Il va évidemment vous empapaouter.

Alors résister cela veut dire débancariser au maximum, cela veut dire avoir de l'or non pas pour avoir de l'or (de façon générale, des métaux dits précieux) mais parce que vous quittez le système monétaire traditionnel. Être un détenteur d'or ou d'argent (ou même de bitcoins bien que la volatilité soit énorme et que je reste très sceptique sur ces machins numériques), c'est refuser de jouer le jeu de la finance, c'est refuser d'accepter leur monnaie papier qui asservit les peuples et les nations, c'est sortir du système de l'argent dette. La raison pour laquelle l'or est aussi détesté de la « finance » c'est parce qu'elle ne maîtrise pas l'or, l'or est l'antidote de la finance.

Mais ce n'est pas tout. Refusez le crédit, refusez les prêts, refusez les dettes. La dette n'enrichit pas, elle rend esclave (sauf pour acheter un bien immobilier et nous allons y arriver).

Résister c'est aussi refuser l'hyperconsommation, c'est refuser la pub, c'est refuser le marketing, c'est refuser la possession, c'est refuser les chimères du système, c'est refuser la malbouffe, c'est être autonome et résilient là où le système vous veut dépendant, résister c'est aussi avoir un potager ou un poulailler... Résister c'est échanger ses graines (non-stériles) et pas vendues par Monsanto.

Enfin, pour mettre en échec la privatisation de l'immobilier, soyez propriétaires, mais pas n'importe quand ni à n'importe quel prix. Quand la « finance » achète quelque part, c'est le moment de le faire, de faire comme elle. C'est le cas donc pour l'Espagne ou pour Chypre. Pour la France, attendez encore un peu sauf si vous pouvez acheter sans crédit ou avec un faible prêt... histoire de ne pas être saisi lorsque la « finance » s'intéressera à notre pays et qu'elle foncera sur nous et notre peuple comme un charognard affamé.

Nous sommes les prochains sur la liste et croyez-moi, cela sera très douloureux.

Préparez-vous et restez à l'écoute.

À demain... si vous le voulez bien !!

Au coffre Le Contrarien Charles Sannat

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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