Migrants en Méditerranée

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Par Marc Albert Chaigneau Modifié le 7 mai 2015 à 10h19
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@shutter - © Economie Matin
22000Depuis 2000 pas moins de 22 000 migrants seraient décédés dans leur tentatuve d'atteindre l'Europe par bateau.

Nous sommes informés de drames affreux, insupportables, de la mort de centaines, de milliers, d’hommes, de femmes et d’enfants, au cours de traversées organisées par des passeurs criminels en Méditerranée. On nous montre les dépouilles de ces noyés, de longs étalages de suaires noirs sur des quais, on nous raconte le drame de quasi épaves surchargées, de femmes et d’enfants enfermés dans des cales bondées, par des passeurs sans âme, avides de profit à tout prix.

Mais finalement que savons-nous ? Quelle enquête sérieuse et crédible a été effectuées, dont les résultats ont été publiés dans la presse ? Quel reportage a montré les conditions « effroyables » de ces voyages ? En dehors de quelques témoignages, dont le seul objectif évident était l’exploitation du caractère sensationnel ? Pour susciter des émotions fortes, de compassion et de révolte ?

Suis-je le seul, tout en étant choqué, révulsé, par les drames décrits, à me poser des questions sur la réalité des situations décrites ? Sur la franchise des acteurs ? Sur le sérieux des journalistes, dont le travail semble bien partial et timoré ? Dont les investigations semblent se limiter à interroger les « autorités » et quelques « survivants » ? A publier quelques photos des drames ? A m’interroger sur le fait qu’il n’existe aucun reportage sur les filières, sur le financement, à des prix exorbitants, de passages suicidaires, par des personnes totalement démunies ? Sur la vie, les motivations, les parcours, de ces candidats à l’immigration, en dehors de quelques témoignages tronqués, de quelques chanceux survivants ? Tout cela est-il crédible ?

Tout en étant profondément ému, choqué, révulsé, par ces récits, j’ai cette fâcheuse impression que l’on résume par la formule de chansonnier : « On ne nous dit pas tout ! ». L’impression que nous ne connaissons que la partie émergée de l’iceberg, que l’essentiel reste caché.

Pourtant je ne suis pas un adepte de la théorie du complot. Sans nier qu’il existe, dans de nombreux domaines, économiques, financiers et politique, des ententes qui sont rarement révélées, je reste persuadé que la plupart des comportements dénoncés comme complotistes, s’expliquent bien plus sûrement par une similitude d’intérêts, déterminant une similitude d’actions, dont les effets se cumulent.

Je me surprends à constater qu’à des rares exceptions près, les journalistes se comportent comme des hérauts des politiques, magnifiant leurs actions, même lorsque les conséquences sont catastrophiques. Sans jamais exprimer la moindre critique, tous les commentaires étant laudatifs et les mauvais résultats prêtés aux circonstances et à la crise.

La politique d’immigration et d’intégration est, en France et en Europe, un échec manifeste. Mais personne ne songe à en changer. Chacun trouve normal de renforcer des mesures dont l’inefficacité a été largement démontrée. Dont on peut régulièrement constater qu’elles entrainent une aggravation de la situation. Si, au lieu de chercher à émouvoir et manipuler l’opinion publique, à se consacrer à des préoccupations électoralistes, en annonçant immédiatement des mesures « radicales », on étudiait sérieusement les problèmes. Si confiant ceux-ci à des spécialistes expérimentés, on leur accordait le temps nécessaire pour proposer des solutions. Peut-être les problèmes de migration, qui ont pendant des siècles permis de développer et d’enrichir le pays, pourraient-ils trouver des solutions.

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Marc Albert Chaigneau a été conseil de sociétés et avocat d'affaires, puis responsable juridique pendant 35 ans. De 1974 à 1998, il procède ainsi à des centaines d'analyses de sociétés, les suivant depuis la création jusqu'à la liquidation, en passant par les fusions, cessions, restructurations. Cette expérience l'a conduit à analyser méticuleusement la société dans laquelle nous vivons. Son dernier essai De la révolution à l'inversion*, publié en janvier 2014 aux éditions Edilivre propose un nouveau projet de réforme de la société. Un modèle préférable à la révolution en ce qu'il ne nécessite ni violence, ni destruction, mais seulement l'inversion d'un certain nombre de nos comportements. Inverser les comportements, pour cela inverser les raisonnements, les analyses, les rapports personnels et professionnels en se basant sur le principe de subsidiarité. Avec cet ouvrage, l'auteur nous donne les clefs pour la mise en œuvre d'une véritable démocratie : la démocratie directe, dont beaucoup avaient rêvé, mais à laquelle ils avaient renoncé, la croyant impossible à mettre en œuvre. Il nous montre comment elle serait accessible, mais nous prévient qu'elle ne le sera jamais qu'à des citoyens responsables.  

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