En France, travailler le soir, la nuit, le samedi ou le dimanche n’est pas rare, c’est ce que l’on appelle des horaires « atypiques ». En 2017, 44% des salariés, soit 10,4 millions de personnes, se sont soumis à ce type d'horaire au moins une fois par mois, révèle une étude de la DARES.
4 salariés sur 10 pratiquent des horaires atypiques
En France, la majorité des salariés sont soumis aux horaires standards en journée (lundi au vendredi). Mais en 2017, 10,4 millions des salariés (44%) ont déjà travaillé au moins une fois dans le mois à un horaire atypique, c’est-à-dire le soir (entre 20 heures et minuit), la nuit (entre minuit et 5h) ou le week-end. Le samedi semble être la journée où les salariés sont les plus mobilisés puisqu’ils sont 35% à avoir dû travailler un samedi, et le travail le soir semble suivre juste après puisqu'il concerne 5,5 millions de salariés (23%). Le travail le dimanche concerne 4,6 millions de personnes, soit 19% des salariés, tandis que le travail de nuit est une réalité pour 2,2 millions de Français, soit 9% des salariés.
Les horaires atypiques sont légèrement plus fréquents chez les hommes (44,2%) que chez les femmes (43%). Les auteurs de l’étude constatent que les hommes travaillent plus souvent en soirée et de nuit. Sur le mois étudié pour l’enquête, 26% d'entre eux ont travaillé le soir et 13% la nuit. Alors que les femmes étaient 21% à pratiquer des horaires de soirée et seulement 6% ont travaillé de nuit. Les femmes seraient davantage enclines à travailler le samedi, « mais cela s’explique par un effet de structure (âge, professions, ect.). L’âge semble aussi être un facteur, les horaires atypiques semblent diminuer en général à partir de 40 ans. Travailler en soirée est moins fréquent à partir de 50 ans et « de manière plus progressive chez les femmes », peut-on lire dans cette étude. Les jeunes travailleurs de moins de trente ans sont les plus nombreux à travailler le samedi même si la tendance diminue depuis 25 ans. En général, les salariés âgés de moins de 30 ans travaillent plus souvent en dehors des horaires standard.
Une tendance qui dépend de la catégorie socioprofessionnelle
En plus du sexe et de l'âge, d’autres paramètres ont également une influence sur le fait d'avoir des horaires atypiques. Par exemple, les cadres et professions intellectuelles supérieures ont des journées généralement plus longues, ont tendance à travailler plus souvent le soir : 44,9% d'entre eux le font au moins une fois par mois. Un employé sur deux (49%) travaille au moins une fois par semaine en horaires atypiques, 45% le samedi et 25% le dimanche. Chez les ouvriers, près de 4 sur 10 (39,2%) sont soumis à au moins un horaire atypique. Mais il y a une différence entre les ouvriers qualifiés et les nons qualifiés, les premiers travaillent plus souvent à des horaires tardifs que les seconds : le travail en soirée concerne 21% des ouvriers qualifiés contre 17% de leurs confrères non-qualifiés, et le travail de nuit concerne 15% des ouvriers qualifiés contre 10% des non-qualifiés. Les horaires atypiques sont aussi largement utilisés dans la fonction publique et le secteur tertiaire, par exemple 55,2% des salariés du secteur de la protection et de la sécurité des personnes et des biens travaillent le dimanche, et plus de 40% des salariés du secteur tertiaire travaillent le samedi.
Les auteurs de l’étude expliquent que « les horaires atypiques sont également associés à des contraintes horaires particulières : 22% des salariés qui travaillent la nuit ont des horaires habituels alternés, et 35 % des salariés qui travaillent le dimanche ont des horaires habituels variables d’une semaine sur l’autre ». Les personnes soumises aux horaires atypiques ont généralement des difficultés à bien lier vie professionnelle, vie privée et familiale. 15% des salariés déclarent qu’il leur est impossible de s’absenter en cas de problèmes personnels et familiaux. Pour 24 % d’entre eux, leurs horaires ne sont pas compatibles avec leurs engaments sociaux et familiaux, et 44% déclarent que leurs proches se plaignent que leurs horaires de travail les rendent peu disponibles.