Hollande droit dans ses bottes mais sans itinéraire

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Par Jean-Marc Sylvestre Publié le 14 janvier 2013 à 14h15

Pour beaucoup de commentateurs politiques, François Hollande a réussi à reprendre la main. En ce début de semaine, il a successivement engagé la France au Mali contre le terrorisme Djihadiste et a su affronter une masse très importante de manifestants à Paris contre la reforme du mariage.

Au Mali, la France ne cédera pas. La décision présidentielle est approuvée par l’ensemble de la communauté internationale et la classe politique française. A Paris, l’annonce faite publiquement et rapidement que les manifestations de rue ne feront pas plier le gouvernement à renforcé sa position au sein de la gauche qui commençait à grogner contre son laxisme sans pour autant permettre à l’opposition de se renforcer. Ajoutons à ces deux événements, la conclusion plutôt positive de la négociation sociale sur le droit du travail dont le gouvernement se félicite.

Bref, ce Président qu’on disait roi de l’équivoque et de l’ambigüité, incapable de prendre des décisions se retrouve droit dans ses bottes comme Alain Juppé en 1995 lors des grandes grèves contre la réforme de la sécurité sociale et des retraites.

Et c’est vrai, que politiquement, l’agenda a été remarquablement géré… On pourra d’ailleurs s’interroger sur la synchronisation de dates. Cette décision d’intervenir en Afrique qui était en gestation depuis des mois, a quand même été prise et annoncée au moment d’une négociation sociale compliquée et à la veille d’une grande manifestion. Mais ne polémiquons pas, les hasards du calendrier politique font partie du talent.

Maintenant que le Président a repris la main, la question est de savoir ce qu’il va en faire. Or le cap n’est toujours pas défini. La vision n’est toujours pas plus claire et les réformes nécessaires ne sont pas engagées. On va s’apercevoir dans quelques semaines qu’il faudra bien sortir du conflit africain. On va s’apercevoir que la loi sur le mariage pour tous a révélé une fracture dans l’opinion publique française et enfin tous les acteurs socio-économiques savent bien que l’accord de flexibilité signé vendredi soir n’a rien d’un accord historique. Le cœur du problème est de définir les conditions d’une reprise de l’économie pour que 2013, qui sera désastreux en terme d’emploi, nous permette de sortir du tunnel en 2014. Or pour en sortir, il faut à la fois engager un processus de désendettement public et un processus de croissance. Cette combinaison entre une politique de rigueur et un soutien à la croissance ne peut se faire qu’à deux conditions.

La première condition passe par une consolidation de la zone Euro. C’est elle qui apporte la sécurité financière, c’est elle qui nous garantit des taux d’intérêt très bas. L’année 2012 aura permis de sécuriser la zone Euro et de mettre en place des mécanismes de sauvetage mais aussi de faire émerger un nouveau rôle pour la BCE. Mario Draghi a permis de rassurer les marchés internationaux et solidifier l’équilibre à court terme. Le spectre d’un crédit crunch, d’une faillite de banque ou d’un état et du risque systémique, sont écartées. Ceci dit, tout cela n’a pu être mis en place que parce que les pays membres de la zone Euro se sont engagés à reformer leurs propres structures. L’Italie et l’Espagne ont fait des efforts considérables qui portent déjà leurs fruits.

La France, elle, a promis de le faire en commençant par réduire ses dépenses publiques. Mais la gouvernance française s’est même engagée sur des objectifs chiffrés de réductions de déficit mais elle n’a pas encore précisé quelles dépenses elle allait sacrifier. Pas évident, sauf que la réforme du traité nous obligera à soumettre nos loi de finances à l’examen probatoire de Bruxelles ou alors à quémander, de nouveaux délais pour respecter les objectifs. Ce que nous avons peut être déjà commence à faire en secret.

La deuxième condition passe par une amélioration des compétitivités. C’est vrai pour l’Espagne qui a dévalué ses prix intérieurs. C’est vrai pour l’Italie ou Mario Monti a réussi l’impossible de réformer les structures. Ce n’est pas encore vrai pour la France. Le Président de la République à certes, permis l’accouchement d’un projet de compétitivité avec un crédit d’impôt important mais tout le monde sait que ces efforts seront longs à produire leurs effets…

D’autant que le nœud de notre problème de compétitivité se situe dans l’ampleur de nos dépenses publiques et sociales et par conséquent dans le coût du travail qui en supporte l’essentiel. La hausse d’impôt, le matraquage fiscal, la chasse aux riches n’ont rien arrangé. Au contraire, les capitaux à risques vont s’investir à l’étranger, les riches, ceux qui rêvent de le devenir et les jeunes diplômés ambitieux cherchent à s’exiler. La gouvernance française n’a rien fait pour renverser ce climat et séduire les actifs à haut potentiel.

L’accord sur la flexibilité n’a rien d’historique. Il est important parce qu’il a été signé par des partenaires sociaux. Mais, tous n’étaient pas présents. Par ailleurs, les suppléments de flexibilité dans les horaires de travail seront payés par un surcroit de charges. La France reste en retard sur la flexibilité, les horaires, l’âge de la retraite, la représentativité des syndicats dans l’entreprise, leur rôle et leur pouvoir, la mobilité géographique, l’emploi des seniors et l’embauche des jeunes. Bref, toutes les reformes développées en Allemagne il y a dix ans par le ministre Schröder, ne sont toujours pas au rendez-vous.

Droit dans ses bottes oui. Mais pour devenir le Schröder français, François Hollande va avoir intérêt à refixer le cap et dire précisément comment on va refaire la route en 2013 pour en sortir en meilleur état.

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Après une licence en sciences économiques, puis un doctorat obtenu à l'Université Paris-Dauphine, il est assistant professeur à l'Université de Caen. Puis il entre en 1973 au magazine L’Expansion, au Management, à La Vie française, au Nouvel Économiste (rédacteur en chef adjoint) puis au Quotidien de Paris (rédacteur en chef du service économie). Il a exercé sur La Cinq en tant que chroniqueur économique, sur France 3 et sur TF1, où il devient chef du service « économique et social ». Il entre à LCI en juin 1994 où il anime, depuis cette date, l’émission hebdomadaire Décideur. Entre septembre 1997 et juillet 2010, il anime aussi sur cette même chaîne Le Club de l’économie. En juillet 2008, il est nommé directeur adjoint de l'information de TF1 et de LCI et sera chargé de l'information économique et sociale. Jean-Marc Sylvestre est, jusqu'en juin 2008, également chroniqueur économique à France Inter où il débat notamment le vendredi avec Bernard Maris, alter-mondialiste, membre d'Attac et des Verts. Il a, depuis, attaqué France Inter aux Prud'hommes pour demander la requalification de ses multiples CDD en CDI. À l'été 2010, Jean-Marc Sylvestre quitte TF1 et LCI pour rejoindre la chaîne d'information en continu i>Télé. À partir d'octobre 2010, il présente le dimanche Les Clés de l'Éco, un magazine sur l'économie en partenariat avec le quotidien Les Échos et deux éditos dans la matinale.  

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