Quelle politique familiale pour la France ?

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Par Henri Joyeux Publié le 3 avril 2013 à 15h59

La branche famille subit les effets de la crise et la pression des déficits publics.

Mais les allocations familiales (AF) ne sont pas, comme certains voudraient le laisser penser, les coupables désignés ! Le penser, c'est ne pas savoir comment sont "construites" les AF : les familles riches contribuent beaucoup, les pauvres peu ou pas du tout et toutes reçoivent les mêmes allocations pour compenser le coût de l'enfant qui est le même pour tous.

Les familles aujourd'hui ont changé : elles ont leur premier enfant plus tard et moins d'enfants qu'avant... Pourtant, l'an passé la France a compté 792 000 naissances (en légère baisse par rapport à 2010 où nous avions 827.000 naissances) et reste un des pays développés au taux de natalité le plus élevé. Preuve que la politique familiale française, dans son ensemble et dans son architecture, est efficace, mais reste insuffisante.

Plafonner les allocations familiales, c'est amputer la politique familiale d'un de ses éléments historique les plus forts.

Comme le rappelait la Cour des comptes dans son rapport de septembre 2012 sur la Sécurité sociale : « Le rôle des prestations familiales sous condition de ressources stricto sensu est en matière de réduction des inégalités inférieur à celui joué par les prestations familiales sans condition de ressources, donc les AF ». On ne peut pas mieux rappeler le rôle primordial d'une politique universelle, proche, et durable qui s'adresse à tous les familles qui ont des enfants, lesquels doivent être aidés tous de la même façon.

Les allocations familiales font partie, avec toutes les aides ciblées, les structures d'accueil pour les familles et les services, de cette architecture qui permet de répondre aux besoins de toutes les familles et d'assurer le bien-être des enfants.

En remettant en cause le principe de leur universalité, on poursuit le travail de sape sur les AF qui, faiblement revalorisées depuis quelques années, sont venues à participer de moins en moins au budget des familles, au contraire de leur fonction première. L'erreur politique est majeure.

La politique familiale est une politique d'investissement vers les familles avec enfant pour compenser les charges de familles dans leur budget (redistribution horizontale) et non pas une politique de redistribution verticale (riches vers pauvres). Les deux sont complémentaires pour la cohésion sociale, mais n'ont pas le même objet et ne sont donc pas à confondre comme c'est trop souvent le cas. Les annonces du gouvernement inquiètent fortement les familles, tant il semble abandonner la première, sous le faux prétexte de ne pas aimer les familles riches.

Les familles avec enfant n'ont pas à financer les déficits publics : elles le font déjà en assurant le renouvellement des générations. Le principe d'une politique familiale universelle, s'il devait être mis un peu plus en recul, ferait peser le poids de ce non-investissement sur les jeunes familles et les classes moyennes. Familles de France demande que le gouvernement "aime les familles pauvres qui deviennent riches" et agisse vraiment dans ce sens.

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Ancien président de Familles de France, auteur "Les enfant d'abord" Editions du Rocher

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