1 - C’était quoi, la « politique de l’enfant unique » ? En Chine, en 1979, le taux de fécondité est élevé : 2,9 enfants par femme. Le gouvernement de Deng Xiaoping (lire C’est qui ?) considère cette natalité comme une menace pour la croissance économique. Alors, pour la freiner, il met en place cette année-là une politique de contrôle des naissances. La loi est stricte : les couples ne peuvent avoir qu’un enfant. Quelques exceptions : si les parents sont tous les deux enfants uniques, sils appartiennent à une minorité ethnique ou sils travaillent aux champs et que leur enfant aîné est une fille. La loi est assouplie en 2002, avec la possibilité d’« acheter » le droit à un deuxième enfant, puis en 2013, avec l’autorisation d’avoir deux bébés si l’un des parents est enfant unique.
2 - Quels ont été ses effets démographiques ? La natalité a très fortement chuté : de 33 naissances pour 1 000 habitants en 1970 à 12 en 2013. Le taux de croissance de la population aussi : de 2,76 % en 1970 à 0,51 % en 2014. Problème : avec un taux de fécondité de 1,7 enfant par femme actuellement, le renouvellement des générations n’est plus assuré. L’âge moyen de la population est de plus en plus élevé (elle « vieillit ») ; les experts craignent que le pays « devienne vieux avant d’être riche ». De plus, quitte à n’avoir qu’un enfant, les parents ont souvent préféré un garçon ; beaucoup ont eu recours à l’avortement ou à l’abandon des filles, certains les ont même tuées à la naissance. Aussi, la mortalité infantile des filles est-elle beaucoup plus élevée que celle des garçons, par manque de soins, de nourriture...
3 - Pourquoi le gouvernement y met-il fin ? Comme pour sa mise en place, l’arrêt du contrôle des naissances est motivé par des raisons économiques. Il y a de plus en plus de gens âgés par rapport au nombre d’actifs, pour financer leurs retraites. En effet, selon les Nations unies, un Chinois sur trois aura plus de 60 ans en 2050. En même temps que cette « explosion » du nombre de retraités, la population en âge de travailler va diminuer : 10 % dans les 15 années à venir, selon l'Onu. Par ailleurs, l’évolution démographique attendue tournera l’économie davantage sur son marché intérieur (consommation) et moins sur les marchés extérieurs (exportations).
4 - Quand les effets se feront-ils sentir ? Pas tout de suite, estiment les experts. Les évolutions démographiques, quand elles ne sont pas accidentelles (guerre, famine...), sont lentes. De plus, le coût de la vie, notamment de l’éducation et de la santé, ou la taille des logements en ville, par exemple, sont des freins pour avoir un second enfant. « Le mieux que nous puissions espérer, c’est de 1 à 2 millions de naissances supplémentaires sur les deux prochaines années », estime Wang Feng, démographe à Shanghai, cité par le Wall Street Journal. Après, entre 3 et 6 millions de bébés chinois seront mis au monde chaque année, selon une projection du Crédit suisse. Il faudra attendre que ces générations arrivent sur le marché du travail, donc dans au moins deux décennies.
5 - N’y aura-t-il pas, alors, d’effets économiques à court terme ? Si. Juste après l’annonce, une marque japonaise a perdu 10 % de sa valeur en Bourse : Okamoto, un fabricant de préservatifs ! À l’inverse, les professionnels de l’enfance se réjouissent. La valeur des actions de Danone (entreprise française) et de Nestlé (entreprise suisse), fabricants de lait en poudre et de petits pots, a bondi. Pareil pour China Child Care Group, géant des produits d’hygiène : + 40 % en une semaine, selon France Inter. Le patron de Disney s’est lui aussi félicité de l’annonce, à quelques mois de l’ouverture d’un parc d’attractions à Shanghai.
C’est Quoi ? C’est Qui ?
La Chiné est le pays le plus peuplé du monde. Son économie est l’une des plus puissantes (la 1re ou la 2e, selon les critères), notamment grâce à ses fortes exportations, surtout dans les secteurs du textile et des produits manufacturés (issus de l’industrie).
Deng Xiaoping (1904-1997) : Chef d’Etat chinois, communiste. À la tête du pays de 1978 à 1992, il a eu pour projet de hisser la Chine au rang des grandes puissances mondiales. Il a instauré une économie compétitive et « ouverte » au secteur privé, mais toujours contrôlée par un État autoritaire. Son slogan : « Il est glorieux de s’enrichir. »
La transition démographique : Passage d’un régime dit « traditionnel », où la natalité et la mortalité d’un pays sont élevées et s’équilibrent à peu près, à un régime « moderne », où la natalité et la mortalité sont faibles et s’équilibrent aussi.
Cet article est extrait de l'Eco, hebdo destiné aux 12-16 ans.
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