Officiellement, Anne Hidalgo est la grande prêtresse du dialogue. Parfois, on se demande même pourquoi ce mot lui remplit tant la bouche. Est-ce une façon de se convaincre qu’elle est une démocrate alors que les deux mois qui viennent de s’écouler ont démontré l’ampleur de son dégoût pour la démocratie? Ceux qui ont manqué l’actualité parisienne cet été doivent impérativement reprendre le fil de cette actualité.
Anne Hidalgo désavouée par le Conseil d’Etat
Anne Hidalgo a tout fait pour obtenir une loi réformant le statut de Paris. Celle-ci comportait une disposition drolatique: elle prévoyait l’instauration d’une commission permanente, dotée de très larges pouvoirs et composée à 80% de représentants de la majorité municipale. Cette manière permettait donc de supprimer toute forme d’opposition politique à Paris, l’essentiel des décisions étant pris par des obligés de la maire.
Voici ce qu’en a dit le Conseil d’Etat:
Toutefois, le Conseil d’État ne peut donner son assentiment aux dispositions du projet qui prévoient que cette commission permanente serait composée du maire de Paris, de ses adjoints, le cas échéant des conseillers de Paris ayant reçu délégation et d’autres membres correspondant à 20 % de l’effectif du Conseil de Paris. En effet, du fait, d’une part, du nombre et du mode d’élection des adjoints qui seraient susceptibles d’y siéger et, d’autre part, du mode de désignation des conseillers recevant délégation, une telle composition aurait nécessairement pour effet de distordre à l’excès au sein de la commission permanente les équilibres qui résultent directement, pour l’assemblée délibérante, de l’expression du suffrage universel. Or, compte tenu de ses compétences, la commission permanente doit elle-même être regardée comme un « conseil élu » au sens des dispositions du troisième alinéa de l’article 72 de la Constitution. En conséquence, en l’absence de différence de situation justifiant, au sens de la décision du Conseil constitutionnel n° 2009-588 du 6 août 2009, une spécificité de Paris sur ce projet, sa composition doit être fidèle à celle de l’assemblée dont elle est issue et exerce les pouvoirs.
Le Conseil d’État propose, par conséquent, de réécrire ces dispositions pour les rapprocher du droit applicable aux commissions permanentes des conseils départementaux, qui prévoit que leurs membres sont élus par l’assemblée délibérante à la représentation proportionnelle, les titulaires des fonctions exécutives déléguées étant ensuite élus en leur sein au scrutin majoritaire.
Et pan sur le bec.
Anne Hidalgo piétonnise en force
Dans sa haine du banlieusard, et son amour immodéré pour le bobo habitant les beau quartiers et n’utilisant pas l’automobile, Anne Hidalgo a décidé de passer en force sur la piétonnisation des voies sur berge.
La commission d’enquête publique a en effet dit tout le mal qu’elle pensait de ce projet, qui devrait créer des embouteillages dans les rues et augmenter la pollution. Elle a d’ailleurs considéré que son périmètre d’étude ne permettait pas d’étudier tout l’impact environnemental de la mesure.
Qu’importe! les idéologues de l’équipe municipale parisienne ont trouvé la parade à ces craintes:
« Il y a toujours à court terme des reports de circulation, temporaires et localisés – qui concerneront quasi exclusivement Paris dans ce projet –, avant que les usagers modifient leur comportement et délaissent la voiture pour d’autres modes de déplacement, rétorque Christophe Najdovski, adjoint de la maire aux transports. La commission fait complètement fi de cette réalité. »
Voilà qui s’appelle de la bonne gouvernance! On impose, au nom de l’écologie et contre les avis officiels, une mesure qui crée de la pollution, et on attend que tout le monde s’y habitue.
On propose à Anne Hidalgo d’organiser prochainement un concours de langue de bois et de démocratie pipeau. Elle fera une excellente présidente du jury.
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog