Heuliez, « canard boiteux » ou pas ?

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Par Gérard Jouany Modifié le 18 avril 2013 à 0h30

Deux dépôts de bilan, un plan social et une reprise avortée par Bernard Krief Consulting, voilà pour l'histoire récente d'Heuliez.

Heuliez, un carrossier né dans le bocage vendéen à Cerizay dans les Deux–Sèvres, qui se targue d'avoir livré 460 000 véhicules à différentes marques depuis 1985. C'est vrai qu'Heuliez tenait son rang en fournissant des prestations de niche à de grands constructeurs comme Citroën ou Opel.

C'est à Heuliez que Citroën confie la fabrication de ses breaks comme la XM ou la Xantia. En 2004, c'est Opel qui confie au carrossier des Deux-Sèvres l'assemblage de son Opel Tigra dont le toit se replie dans le coffre. Heuliez construit également des véhicules de petites séries comme la Peugeot 205 Turbo 16 ou encore la Renault 25 Limousine, version allongée et luxueuse du haut de gamme de la marque au losange. A cette époque, 1 000 ouvriers travaillent à la Cerizay, ils n'ont pas de problèmes de fin de mois. Ils forment une main d'œuvre d'excellente qualité.

Seulement voilà, l'automobile se met à aller mal et que font les constructeurs, donneurs d'ordres ? Ils rapatrient en interne le travail confié à Heuliez. C'est ainsi que Matra est mort d'avoir vu l'Espace partir sur les chaines de Renault. La semaine dernière donc, le tribunal de commerce de Niort a prononcé la mise en règlement judiciaire de la société, lui laissant 6 mois pour trouver une solution pérenne et poursuivre ses activités.

C'est un nouveau coup de massue pour les 300 ouvriers restants sur les 1 000 à l'origine. Les rescapés veulent encore y croire. Ils attendent le miracle à savoir un gros contrat avec Volkswagen qui cherche à externaliser la production de pièces détachées (on parle de 6 000 références possibles) pour ses voitures en fin de vie. Mais la groupe allemand discute ave trois autres concurrents d'Heuliez, sachant qu'il y a dans la corbeille de mariage 10 millions de dettes à éponger. L'autre société du groupe qui fabrique les MIA électriques n'est pas non plus au mieux de sa forme, les petites voitures tout en matière plastique s'entassant sur le parking faute d'acheteurs.

Alors faut-il débrancher l'oxygène, docteur ? La réponse peut être oui car même si l'on privilégie le maintien de l'emploi, rien ne prouve que les 300 ouvriers seront tous repris. La crise automobile s'est installée pour plusieurs années en Europe et il eut mieux valu chercher des repreneurs en Chine ou en Inde. Curieusement, il manque dans le dossier la voix de Ségolène Royal. La présidente de la région Poitou-Charentes n'avait pas ménagé sa peine pour « sauver » Heuliez, injectant même 5 millions d'euros d'argent public dans le capital et roulant elle-même en Opel Tigra qu'elle avait payé avec ses propres deniers.

Reste que les politiques, qu'ils soient de gauche ou de droite, ont montré ces dernières années qu'ils étaient totalement impuissants dans la résolution des dossiers économiques. On a vu l'exemple de Florange et encore hier soir, l'abandon du projet de reprise de la raffinerie Petroplus près de Rouen. Si on poursuit le même raisonnement, l'espoir ne cesse de s'amenuiser pour Heuliez. J'espère me tromper en pensant aux 300 ouvriers vendéens qui n'ont plus qu'une seule solution, y croire encore.

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Gérard JOUANY est actuellement consultant spécialisé dans l'automobile, l'aéronautique et l'espace. Il intervient très régulièrement sur France 24 et dans de nombreux colloques. Auparavant,il est passé par Europe 1, la Cinq et BFM. Avec micro et camera, il s'engage dans ses secteurs de prédilection, en participant à de nombreux Paris Dakar ; il a traversé l'Atlantique une première fois en avion de tourisme et une second en hélicoptère ; il a aussi fait un vol en apesanteur dans un avion du Centre National d'études spatiales. Gérard Jouany collabore également au magazine Couleurs Jazz, encore une de ses passions !  

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