Les négociations ont repris ce jeudi matin entre les syndicats et le patronat en vue d'un compromis sur la "sécurisation de l'emploi". Et côté opinion publique, la taxation des contrats courts a le vent en poupe, puisque 59 % des Français sont favorables à la mise en place d'une surtaxe payée par les entreprises sur les CDD de moins d'un mois d'après le sondage Tilder/LCI/OpinionWay de ce jeudi 10 janvier. Le patronat, qui semblait réticent, semble avoir "entendu" que celle-ci était "un point incontournable" d'après les déclarations de Patrick Pierron (CFDT). De plus, 69 % des Français souhaitent que le gouvernement réforme le marché du travail si les partenaires sociaux ne parviennent pas à trouver un accord. Un appel au législateur, alors que ce mardi, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, déclarait qu'un accord entre partenaires sociaux relèverait du "miracle".
Concernant la taxation des contrats courts, ces résultats sont surtout mauvais, en terme d’image, pour le MEDEF qui pour l’instant cale sur ce sujet alors que les Français y sont favorables. En cas d’échec en raison de ce point d’achoppement, l’organisation patronale serait d’emblée considérée comme l’élément bloquant d’un système que les Français veulent voir réformé. C’est l’enseignement de notre deuxième question : si les négociations n’aboutissent pas, l’opinion publique souhaite que le gouvernement fasse tout de même une réforme. C’est-à-dire qu’une loi, qui sera aussi nécessaire en cas d’accord pour le formaliser, fasse le travail que n’aura pas permis de faire la négociation. À ce moment-là, c’est aussi l’échec du radicalisme de la CGT, son leader, Bernard Thibault, ayant d’ores et déjà dit qu’il n’y aurait pas de signature de la Centrale. Les Français veulent donc que ça change, « coûte que coûte » comme l’aurait dit François Hollande. Ils sont prêts à un certain réformisme et le concept de flexisécurité semble leur convenir, même si le résultat sur la taxe CDD montre qu’ils penchent plus pour la sécurité que pour la flexibilité. Ils sont en tout cas convaincus de la nécessité d’adapter le marché du travail en France à la crise. De ce point de vue, la volonté de François Hollande de privilégier le dialogue social est validée. En revanche, si ces discussions devaient se terminer par une loi, c’est la méthode du Président qui subirait un revers. François Hollande voudrait marquer le changement en redonnant sa place au dialogue social : une loi signerait son échec alors que le gouvernement a lui-même fait monter la pression de communication en réclamant un accord « historique ».
En marge de ces négociations, le gouvernement s'est engagé à ce qu'il n'y ait pas de nouvelles augmentations d'impôts d'ici à la fin du quinquennat. Et 76 % des Français pensent que cette promesse restera lettre morte...
Visiblement, l’année 2013 commence comme s’est achevée l’année 2012, c’est-à-dire avec un large sentiment de défiance de l’opinion publique à l’égard du gouvernement. L’arrêt de toute hausse d’impôts jusqu’à la fin du quinquennat, avancé par le ministre délégué au budget Jérôme Cahuzac, est très majoritairement jugé peu crédible par les Français. Loin d’exprimer cette défiance à l’endroit de Jérôme Cahuzac lui-même, les Français révèlent surtout par là leur extrême inquiétude quand à la situation économique générale : de nouvelles ponctions fiscales seront certainement nécessaires pour palier des finances publiques exsangues. La difficulté vient du fait que le gouvernement ne parvient pas à convaincre de l’efficacité à venir des réformes qu’il a initiées, du traité européen jusqu’à la création de la BPI en passant par la loi bancaire. Malgré cet activisme affiché, les Français ne voient pas à l’horizon une amélioration de la situation. En 2013, l’exécutif doit changer de logiciel de conviction s’il souhaite créer le choc de confiance tant attendu.