Ne vous y trompez pas : pour les experts financiers, le fait que l'Allemagne, et, dans son sillage, d'autres pays comme la France, empruntent à des taux d'intérêt plus élevés que tout au long de l'année 2013 est un bon signe. Dans le même temps, les pays comme l'Espagne ou l'Italie, qui payaient le prix fort pour se financer sur les marchés financiers, voient eux leurs taux baisser. L'Allemagne s'est remis à payer du 2 % d'intérêt lors de ses dernières émissions de dette à 10 ans, la France, 2,57 %, quand l'Espagne ne paye "que" 4,5 % sur la même période, ce qui ne lui était plus arrivé depuis longtemps.
La France et l'Allemagne, des emprunteurs sûrs
Reprenons : au plus fort de la crise des dettes souveraines, l'Italie ou l'Espagne ont vu leurs taux d'intérêt atteindre des montants astronomiques, dépassant les 7% sur le marché de la dette primaire, c'est à dire sur les marchés où l'on emprunte directement de l'argent. Intenable ! A chaque fois, ces taux ont reflué grâce à l'intervention du FMI et du FESF (Fonds de Stabilité Européen) qui, sur la simple menace de se substituer aux marchés, faisaeint baisser les prétentions des préteurs.
A l'inverse, l'Allemagne comme la France, érigés en valeurs sûres, pouvaient emprunter de l'argent à des taux extrémement bas. Si l'Allemagne était habituée à emprunter parfois à des taux d'intérêt négatifs, (-0,01%) sur des périodes courtes de six mois ou un an, même la France a eu parfois ce privilège rare. Se faire prêter de l'argent, et en rendre moins au bout de quelques mois, est tout de même extraordinaire ! Mais pour celui qui prête (et est obligé de le faire, pour équilibrer son portefeuille d'investissement en respectant les règles légales qui l'obligent à acheter des dettes d'Etat), perdre quelques pouillèmes de son argent vaut mieux que de risquer de tout perdre en prétant à un pays moins sûr. Sur 10 ans, l'Allemagne "payait" parfois moins de 1,5 %, la France ,à peine plus de 2 %.
Emprunter coûtera plus cher pour la France et l'Allemagne en 2014
Aussi, voir les taux d'intérêt remonter pour l'Allemagne (et la France) et baisser pour les pays jugés "plus à risque" est perçu comme un signe de sortie de crise des dettes souveraines. Les investisseurs ont de plus en plus confiance dans l'Espagne ou l'Italie et sont plus enclins à leur préter. Plus de demandeurs, les taux baissent. A l'inverse, prêter coûte que coûte à l'Allemagne ou à la France n'est plus une obligation. Moins de demandeurs : les taux montent.
La mauvaise nouvelle, c'est que cela coûte donc désormais plus cher à la France (ou à l'Allemagne) pour emprunter. Donc, au Budget de l'Etat. Donc, les prévisions de charge de la dette pour le Budget 2014 (47 milliards d'euros en 2013) devront être révisées à la hausse. Et il faudra trouver encore des milliards d'euros d'économies, ou de recettes supplémentaires pour compenser...