La hausse des prix des tarifs réglementés de l’électricité a décidément bien du mal à passer. L’augmentation de 5,9% prévue ce 1er juin a provoqué une passe d’armes entre le patron d’EDF et le ministre de la Transition écologique.
Depuis la proposition faite par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) en début d’année, le gouvernement cherche à repousser autant que possible l’échéance. La perspective d’une hausse de 5,9% des tarifs réglementés de l’électricité n’est en effet réjouissant ni pour les ménages français, et encore moins pour l’exécutif qui ne veut pas relancer les « gilets jaunes ». Le déclencheur du mouvement a été le prix des carburants. Mais après avoir usé du délai légal de 3 mois lui ayant permis de repousser la date de mise en œuvre de cette hausse, le gouvernement n’a pas d’autre choix que de l’appliquer : elle sera en place ce samedi 1er juin.
Patate chaude
Invité d’Europe 1, le PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy a refilé la patate chaude à l’État : « il faudrait peut-être réfléchir à moins taxer l’électricité puisqu’elle n’émet pas de CO2 ». Xavier Bertrand, lui aussi au micro d’Europe 1, n’a pas pris de gant en affirmant que l’État s’en mettait « plein les poches ». Ces déclarations ont provoqué une réaction épidermique de François de Rugy. Sur la même radio, le ministre de la Transition écologique a rétorqué : « Tous les ans, la Cour des comptes dénonce le fait qu'à EDF il y a une ristourne de 90% sur le prix de l'électricité pour les salariés ».
Coûts salariaux
Selon François de Rugy, la balle est dans le camp de Jean-François Lévy : le PDG d’EDF est en mesure de « changer ça », estime-t-il. Le ministre déplore une dérive des coûts de production « depuis des années et des années pour des raisons qui sont bien connues. Les coûts salariaux d'EDF sont plus élevés que ceux des autres entreprises de l'énergie ». Si l’électricien s’endette, c’est parce qu’il ne parvient pas à « couvrir ses coûts ». Le ministre conclut d’une pique : « ce n'est pas en rejetant la faute sur les taxes qu'on améliorera la situation d'EDF ».