Selon l'étude mondiale "Choosing China: Improving the investment environment for multinationals" réalisée par PwC et la China Development Research Foundation à l'occasion du Forum sur le développement de la Chine, plus de la moitié des dirigeants d'entreprises interrogés (56%) ont préféré la Chine à d'autres économies majeures comme le Brésil, la Russie, l'Inde et les États-Unis, pour investir.
Il faut dire que la croissance chinoise ne faiblit pas. Les dirigeants se déclarent particulièrement attirés par la consommation en expansion de la Chine, son vivier de talents qualifiés, et les mesures incitatives du gouvernement chinois. Dans le même temps, la Chine investit massivement à l'étranger.
56 % des dirigeants continuent de privilégier la Chine
Cependant, interrogés sur les mesures supplémentaires à prendre pour faire progresser l'attractivité de la Chine, les dirigeants étrangers ont notamment cité une plus grande transparence du gouvernement chinois et une accélération de la réforme des marchés de capitaux. La Chine se transforme, ses entreprises passent du "Made in China" au "Designed in China", ce qui modifie la nature des opportunités pour les entreprises étrangères. De petites entreprises spécialisées dans les technologies pourraient investir en Chine.
Les perspectives d'investissement s'élargissent pour les multinationales : l'Inde, le Brésil, la Turquie et plusieurs nations africaines deviennent plus compétitives et attirent de plus en plus d'investissements étrangers. Malgré tout, parmi les dirigeants interrogés, 56 % continuent de privilégier la Chine pour leurs investissements à l'étranger.
"La Chine fait face à de nouveaux défis, car les marchés émergents deviennent plus compétitifs et attirent les investissements étrangers, élargissant ainsi l'éventail de choix des entreprises à travers le monde", déclare Hélène Rives, avocate associée, responsable du China Business Group de PwC en France. "La capacité de la Chine à attirer les investissements étrangers est un facteur décisif de sa réussite économique. En 2012, elle a capté 111,7 milliards de dollars d'IDE mondiaux. Et nous prévoyons que ce pays devrait supplanter les États-Unis au rang de plus grande économie mondiale en parité de pouvoir d'achat dans les quatre ans à venir."
Plus de transparence
Selon l'étude, les secteurs d'activité les plus attirés par la Chine sont ceux des sociétés de services, de produits industriels et de consommation (58 %). En revanche, les entreprises technologiques préfèrent investir au Brésil (à 80 %) plutôt qu'en Chine (à 64 %), de même que le secteur des services financiers (55 % pour le Brésil contre 48 % pour la Chine).
Si le coût du travail reste une des principales raisons des investissements étrangers en Chine, classée derrière l'Inde par les dirigeants interrogés sur ce critère, le gouvernement cherche à élargir l'expertise des entreprises chinoises en amont de la chaîne de valeur, et à doubler les revenus par habitant d'ici 2020.
Ce changement n'est pas encore complètement intégré par les entreprises étrangères. En effet, la montée en gamme de la Chine sur la chaîne de valeur et son engagement dans le développement durable semblent n'avoir qu'un faible impact sur les décisions d'investissement des entreprises étrangères. Même parmi les entreprises des secteurs des technologies, de l'information, de la communication et du divertissement, moins de 30% des répondants estiment que ce tournant vers une économie plus centrée sur l'innovation aura un impact sur leurs activités.
"Dans la mesure où la Chine évolue vers une économie plus orientée vers la connaissance, elle pourrait accueillir de nouveaux investissements de sociétés étrangères plus petites et plus spécialisées. Les entreprises spécialisées dans les technologies et les médias sont actuellement sous-représentées", précise Hélène Rives. Par exemple, moins de 10 % des entreprises plus petites - opérant dans moins de cinq pays - sont présentes en Chine. Ces entreprises pourraient offrir à la Chine une opportunité majeure d'attirer l'innovation ainsi que les capitaux financiers.
Une politique d'attractivité qui porte ses fruits
La Chine affronte une forte concurrence dans certains des secteurs sur lesquels elle souhaite se développer. Le gouvernement a pris des mesures destinées à accroître l'attractivité à long terme du pays : selon les dirigeants interrogés, les trois mesures gouvernementales qui ont l'impact le plus important sur les entreprises étrangères sont l'accroissement de la consommation domestique (48 %), l'approfondissement de la réforme financière sur les taux de change et les taux d'intérêt (43 %), et la multiplication par deux des revenus par habitant d'ici 2020 (41 %).
Comment la Chine peut-elle encore accroître son attractivité pour les entreprises étrangères ? Interrogés sur les mesures supplémentaires à prendre pour faire progresser l'attractivité de la Chine, les dirigeants ont cité une plus grande transparence du gouvernement et un renforcement de la lutte contre la corruption (73 %), la réduction de l'intervention dans le domaine économique (53 %), et l'accélération de la réforme des marchés de capitaux (30 %).
Les dirigeants demandent également des processus de licence plus ouverts, rapides et efficaces. Il s'agirait d'un progrès dans la démarche visant à fournir aux investisseurs de plus grandes certitudes et des conditions de concurrence égales pour développer leurs activités.
Les stratégies privilégiées par les investisseurs
Les fusions-acquisitions (43 %) et les créations d'entreprise (44 %) sont les stratégies de développement que privilégient les dirigeants pour étoffer leurs activités en Chine au cours des cinq prochaines années. "Bien que les transactions et la croissance organique soient les modes de développement privilégiés, des approches plus collaboratives telles que les partenariats, les joint ventures ou la production sous licence joueront un rôle de plus en plus prépondérant pour assurer une réussite sur le marché chinois", indique Hélène Rives.
Géographiquement, il pourrait devenir avantageux pour les entreprises de déplacer leurs industries très demandeuses en personnel dans la Chine de l'Ouest et du Centre, car ces régions rassemblent la moitié de la population et du PIB, et offrent des traitements préférentiels aux entreprises étrangères. Dans les villes plus développées, il pourrait être intéressant de nouer des partenariats pour pénétrer le marché intérieur.
Attirer les investisseurs loin des côtes chinoises reste un challenge : les mesures incitatives comme les primes et les exonérations de taxes joueront un rôle important. Il sera aussi crucial pour ces régions de faciliter l'implantation d'usines, et d'être plus transparentes.
Article de Vincent Paes
Lire d'autres articles sur Economie et Société