En 2015, l’aide au développement s’est élevée, au total, à 131,6 milliards USD, ce qui représente une augmentation de 6,9 % en termes réels par rapport à 2014, tandis que l’aide consacrée aux réfugiés dans les pays hôtes a plus que doublé en termes réels, pour atteindre 12 milliards USD. Et si l’on exclut les fonds consacrés aux réfugiés, l’aide reste en hausse de 1,7 % en termes réels, d’après les données officielles recueillies par le Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE.
L’aide publique au développement (APD) des 28 pays membres du CAD représentait en moyenne 0,30 % du revenu national brut (RNB), soit le même niveau qu’en 2014. Mesurée en termes réels, après prise en compte de l’inflation et d’une vive dépréciation de la monnaie de nombreux membres du CAD face au dollar l’année dernière, l’APD a augmenté de 83 % par rapport à 2000, année du lancement des Objectifs du millénaire pour le développement.
Les données de 2015 montrent que l’aide bilatérale aux pays les plus pauvres a progressé de 4 % en termes réels, conformément à l’engagement pris par les donneurs du CAD d’inverser la récente tendance au recul de ces apports. L’aide bilatérale, laquelle représente environ les deux tiers de l’APD, est l’aide versée par un pays à un autre pays. Une enquête sur les plans prévisionnels de dépenses des donneurs jusqu’en 2019 laisse à penser que les apports dont bénéficieront les pays les plus pauvres continueront d’augmenter.
Les fonds affectés à l’accueil des réfugiés dans les pays donneurs et au traitement de leurs dossiers ont représenté 9,1 % de l’APD en 2015, contre 4,8 % en 2014 (le coût des réfugiés dans les pays donneurs se montaient alors à 6,6 milliards USD). Cette augmentation des sommes consacrées aux réfugiés n’a pas significativement entamé l’enveloppe dédiée aux programmes de développement, puisqu’environ la moitié des pays donneurs n’ont pas puisé dans leurs budgets d’aide pour couvrir les dépenses relatives aux réfugiés.
« Les pays ont dû trouver des sommes considérables pour couvrir les coûts d’une crise des réfugiés historique en Europe, et la plupart d’entre eux ont, jusqu’à présent, évité de réorienter l’argent initialement alloué aux programmes de développement. Ces efforts doivent se poursuivre. Nous nous félicitons également qu’il y ait davantage d’aide aux pays les plus pauvres, explique le Secrétaire général de l’OCDE, M. Angel Gurría. Les pouvoirs publics doivent s’assurer que l’aide au développement continue d’augmenter. Ils doivent également élaborer des solutions de long terme pour couvrir les coûts futurs des réfugiés et pour leur intégration dans nos sociétés, tout en s’assurant que, dans le même temps, l’APD parvienne aux pays et à ceux qui en ont le plus besoin. »
Part de l’APD affectée aux dépenses consacrées aux réfugiés dans les pays donneurs
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En 2015, 1,5 million de réfugiés, un chiffre sans précédent, ont demandé asile dans les pays de l’OCDE, dont plus d’un million en Europe. Les règles du CAD autorisent les pays membres à comptabiliser certaines dépenses en rapport avec les réfugiés dans l’APD pendant la première année après leur arrivée. Trois pays (l’Australie, la Corée et le Luxembourg) ne comptabilisent pas le coût des réfugiés dans leur APD. Dans d’autres pays (en Autriche, en Grèce, en Italie, aux Pays-Bas et en Suède), les dépenses consacrées aux réfugiés ont absorbé plus de 20 % de l’APD en 2015.
L’aide humanitaire a, elle aussi, progressé en 2015 : +11 % en termes réels, pour atteindre 13,6 milliards USD.
Ainsi que le montrent les données de 2015, l’APD a augmenté dans 22 pays, les hausses les plus marquées étant enregistrées en Grèce, en Suède et en Allemagne. Six pays ont notifié une APD en recul, les plus fortes baisses étant intervenues au Portugal et en Australie. Parmi les différents pays non membres du CAD qui notifient leur aide à cet organe de l’OCDE, ce sont les Émirats arabes unis qui ont affiché le rapport de l’APD au RNB le plus élevé : 1,09 %.
Seuls six des 28 pays membres du CAD, à savoir le Danemark, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède, ont atteint l’objectif fixé par les Nations Unies consistant à maintenir un niveau d’APD supérieur ou égal à 0,7 % du RNB.
Une visualisation de données est disponible pour cette publication à l’adresse : www.compareyourcountry.org/oda?lg=fr
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L’APD représente plus des deux tiers des financements extérieurs pour les pays les moins avancés et le CAD incite à plus utiliser l’APD comme un levier pour mobiliser les investissements privés et les recettes fiscales intérieures dans les pays pauvres. Le CAD souhaite également clarifier les règles selon lesquelles le coût de l’accueil des réfugiés serait compté dans l’APD.
Comme l’affirme le Président du CAD, M. Erik Solheim, « Nous devons garder à l’esprit que le meilleur moyen de réaliser les Objectifs du millénaire pour le développement et d’éviter des crises comme celle des migrants à l’avenir, c’est de maintenir la dynamique actuelle des apports d’aide, notamment vis-à-vis des pays les plus pauvres et les plus fragiles. Je suis heureux que la récente tendance à la baisse de l’APD soit renversée et que la plupart des pays ne dépense pas dans de grandes proportions leurs budgets pour l'accueil des réfugiés. »
Synthèse détaillée des données sur l’APD 2015 : https://www.oecd.org//fr/cad/stats/ODA-2015-detailed-summary-fr.pdf