L’Hadopi se plaint d’être mise au pain sec et à l’eau en 2015

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 29 octobre 2014 à 8h21

Le budget alloué par le gouvernement à l'Hadopi, la Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des Droits sur Internet, fait grincer des dents sa présidente, Marie-Françoise Marais. Elle demande plus d'argent que les 6 millions d'euros qui lui seront alloués en 2015 et, pour défendre ses propos, elle met en avant les résultats. Et quels résultats !

4 ans d'existence, plein de courriers, moins de vingt condamnations

Si l'Hadopi est critiquée, c'est que son efficacité est honnêtement douteuse, malgré ce qu'en dit sa présidente. En 4 ans d'existence la Haute Autorité a envoyé 3,2 millions de courriers d'avertissement... soit une moyenne de 800 000 par an (2191 par jours). Pas mal, direz-vous, oui... et non.

Ces courriers d'avertissement ne se sont pas réellement traduits en quelque action concrète. Seuls 159 dossiers ont été transmis à la justice ; soit 0,005%. Et la justice ? Elle n'aura rendu que 36 décisions dont 19 condamnations.

Un budget gigantesque... qui ne suffit pas à Hadopi

Les deux premières années de sa création, 2011 et 2012, Hadopi a reçu une dotation budgétaire de 12 millions d'euros. Réduite en 2013 à 8 millions d'euros, elle a subi une nouvelle coupe en 2014 : 6 millions d'euros. Au total, en 4 ans, Hadopi aura coûté à l'Etat 38 millions d'euros. Grosso modo 10 euros par courrier envoyé. Ou 2 millions d'euros par condamnation de la justice.

Le gouvernement n'est donc pas convaincu par Hadopi mais a décidé de la maintenir en vie, avec un budget pour 2015 de 6 millions d'euros. Ce qui ne suffit pas, selon sa présidente. Elle réclame 7,5 millions d'euros pour l'année à venir. « Si on nous accorde les 6 millions prévus, nous en ferons moins et moins bien » estime Marie-Françoise Marais.

Et le piratage augmente en France

Le pire, avec Hadopi, c'est qu'elle est la risée du web... et que son effet sur les pirates est absolument nul. Surtout quand on voit que certaines des décisions de justice se sont résumées à des amendes de 150 euros, voire de 0 euros.

Le piratage, lui, augmente. Selon une étude publiée en juillet 2014, 28,7% des Français ont consulté un site de téléchargement illégal en 2013... au moins une fois par mois. Cela représente 12,3 millions d'internautes, en hausse de 15,8% par rapport à 2009. Surtout, en hausse de 800 000 individus entre 2011 et 2013... soit depuis la mise en place d'Hadopi.

« Nous ferons moins et moins bien », prévient la présidente d'Hadopi. C'est possible ?

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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